Le 22 avril 2025, la presse arabe et internationale a relayé l’annonce de la mort du pape François, survenue quelques heures après un bref message prononcé depuis la fenêtre de la résidence Sainte-Marthe au Vatican. Ce message, qualifié par Al Quds (22/04/2025) de « dernier témoignage pastoral », se concentrait sur la guerre en cours à Gaza. Le pape y dénonçait une situation « inhumaine et honteuse » et appelait à un cessez-le-feu immédiat, dans un langage chargé de compassion, mais aussi de colère morale.
Le journal Al Quds précise que cette allocution a eu lieu au lever du jour, dans une voix affaiblie, mais ferme, au moment même où le Saint-Père s’adressait à une petite assemblée réunie dans la cour intérieure du Vatican. Le message a été enregistré par les services de presse pontificaux avant d’être relayé à l’ensemble des églises d’Orient. Selon les sources du journal, le pape aurait refusé de lire une version édulcorée du texte, insistant pour conserver le mot « honteux » afin de qualifier les bombardements israéliens sur Gaza.
Dans le même article, plusieurs personnalités religieuses et diplomatiques du Moyen-Orient saluent cette prise de position. Le patriarche maronite Bechara Boutros al-Rai, contacté par l’agence Vatican News et cité indirectement par Al Quds, affirme que François « n’a jamais cessé de prier pour les peuples du Levant, et Gaza occupait une place particulière dans son cœur ». De son côté, le président palestinien Mahmoud Abbas salue dans un communiqué un « ami sincère de la paix », reprenant mot pour mot l’expression « honte pour l’humanité » utilisée par le pape à propos des frappes.
Al Sharq Al Awsat (22/04/2025) consacre également plusieurs paragraphes à la dernière prise de parole du souverain pontife. Le journal insiste sur le caractère non diplomatique de cette déclaration, soulignant que François s’est exprimé en tant que guide spirituel et non comme chef d’État. Ce positionnement donne à ses mots une résonance particulière, car ils s’inscrivent dans une tradition morale plus que dans un cadre institutionnel.
Dans le passé, le pape François avait déjà pris position sur Gaza, notamment en 2014 et 2021, mais jamais avec une telle virulence verbale. Al Quds rappelle qu’en 2021, il avait qualifié les combats de « spirale de haine » et dénoncé « le silence coupable des puissances ». Le 21 avril 2025, soit la veille de son décès, il aurait demandé à ce que l’église Saint-Joseph de Gaza, partiellement détruite, soit soutenue financièrement par le dicastère pour les Églises orientales.
Selon Nahar (22/04/2025), les mots du pape trouvent un écho particulier au Liban. Le quotidien publie en page 6 un florilège de citations extraites de discours anciens du pape à propos du pays du Cèdre. Dans l’un d’eux, il déclarait : « Le Liban est plus qu’un pays, c’est un message de coexistence ». Mais c’est son engagement pour Gaza qui semble marquer la mémoire collective au moment de sa disparition. Plusieurs veillées religieuses ont intégré des lectures de ce message final, parfois mises en musique, comme à la cathédrale Saint-Georges à Beyrouth.
Le rôle du pape dans la mobilisation diplomatique autour de Gaza est également évoqué. Al Quds affirme que son message a été transmis par le nonce apostolique à plusieurs capitales européennes, en particulier à Paris, Berlin et Madrid. Selon des sources vaticanes citées anonymement par le journal, ce message était aussi destiné à peser sur la réunion du Conseil de sécurité de l’ONU prévue le jour même, consacrée à la situation humanitaire dans la bande de Gaza.
La portée politique du discours du pape est interprétée différemment selon les acteurs. Le Hezbollah, par la voix de son service de presse, déclare dans Al Quds (22/04/2025) que « les mots du Saint-Père rappellent aux oppresseurs que le sang des innocents ne sera pas oublié ». Ce commentaire, bien que prudent, vise implicitement Israël et souligne l’usage stratégique des paroles papales dans le contexte libanais.
Israël, pour sa part, n’a pas réagi officiellement aux propos du pape. Cependant, des éditorialistes proches du gouvernement israélien, cités par Al Sharq Al Awsat, dénoncent une « ingérence morale » et accusent François d’avoir « adopté une rhétorique partiale ». Le journal rapporte que le ministère israélien des Affaires étrangères a instruit ses représentations diplomatiques à Rome et dans plusieurs capitales de ne pas commenter publiquement les déclarations papales, afin d’éviter une crise religieuse.
Le pape François avait par ailleurs évoqué à plusieurs reprises les enfants victimes des guerres. Dans un message pascal de 2023, il avait déjà cité « les enfants de Gaza, de Syrie et du Yémen », les qualifiant de « crucifiés modernes ». Cette analogie avait provoqué des débats dans les milieux théologiques. Mais le message de 2025 ne laisse plus place à l’interprétation : les mots utilisés — honte, inhumanité, silence complice — installent une ligne claire entre souffrance et agression, entre victimes et pouvoirs destructeurs.
Les rédactions de plusieurs journaux, dont Nahar, ont publié dans leurs éditions du 22 avril des hommages graphiques au pape, incluant des dessins représentant une silhouette blanche tenant un rameau d’olivier sur fond de décombres. Cette iconographie, reprise sur les réseaux sociaux, illustre le lien visuel et affectif entre l’image du pape et celle des populations civiles sous les bombes.
L’agence de presse catholique AsiaNews, relayée dans un encart de Al Sharq Al Awsat, confirme que le Vatican avait prévu de publier un document doctrinal sur la responsabilité morale des puissances militaires, document dont la rédaction aurait été finalisée peu avant la mort du pape. Le texte, actuellement sous embargo, pourrait renforcer le message d’accusation lancé dans les derniers mots du pontife.
La question se pose désormais de l’impact durable de cette dernière prière. Pour certains théologiens libanais, interrogés dans Nahar, il s’agit d’un acte prophétique. Le père Jean-Michel Farah, professeur de dogmatique, affirme que « François a donné à l’Église un testament d’action : nous ne pouvons pas nous taire lorsque l’innocence est massacrée ».
Ce message est déjà intégré à plusieurs sermons et lectures liturgiques dans les églises orientales. À Saïda, à Tyr, dans la Békaa, des prêtres ont repris l’appel à la paix comme un commandement spirituel. Cette réception locale témoigne de la profondeur de la connexion entre le pape et le monde arabe, en particulier dans les communautés chrétiennes en tension.