Après les guerres qui ont abouti à démanteler la Yougoslavie de 1992 à 2001, la tension est à son comble et les violences provocatrices des uns et/ou des autres se donnent libre cours aux frontières entre l’Ukraine et la Russie. Jusqu’au dérapage fatal qui laisserait place à la guerre entre ces deux pays slaves et intimement liés par la culture et l’histoire ? Jusqu’à une guerre dont le pourrissement final laisserait les deux pays en ruines ? Jusqu’à une troisième guerre mondiale qui se déroulerait sur toute l’étendue de l’Europe et qui la laisserait à son tour en ruines comme lors des deux précédentes ?

Quel que soit l’un de ces niveaux de guerre, les États-Unis viendront alors ramasser les marrons du feu. Ils ont déjà réalisé une bonne partie de leurs objectifs. Rappelons qu’ils se sont enrichis, ont développés et assis leur suprématie totale grâce à ces deux guerres, étant eux-mêmes hors champ de destructions, faisant marcher leur machine industrielle et financière à pleins tubes pour la reconstruction de l’Europe tout en pillant ses compétences technologiques, mais cette fois-ci obtenant une soumission absolument inégalée des européens, tel un seigneur et son serf.

Les États-Unis auront alors réalisé leurs objectifs au-delà de toute espérance. On aura pris les mêmes, rebattu les cartes pour reconfigurer le même type de schéma. Pour leur toute puissance réaffirmée et de nouveau incontestable (et incontestée ?).

Au-delà de « l’affrontement » Chine / États-Unis pour la suprématie mondiale et sur lequel nos regards sont systématiquement orientés et façonnés à escient depuis quelques années, ce que vise par-dessus tout , c’est le risque, pour les États-Unis, d’une autonomisation de l’Europe et son affirmation en tant que puissance mondiale, seule à même à pouvoir les concurrencer  et leur tenir la dragée haute, tant sur le plan économique et technologique qu’au niveau du soft power. C’est bien cela qui préoccupe les États-Unis. En effet, depuis des décennies, et les langues se délient depuis de nombreuses années, ces derniers n’ont eu de cesse de chercher à briser puis démanteler, et réussir à différentes reprises, les entreprises européennes de haute technologie, s’approprier le joyau qui fonde leur puissance pour brader le reste à vil prix. Et tous les moyens possibles et imaginables (espionnage, menaces, chantages, lois extraterritoriales) ont été utilisés à cette fin et continuent de l’être encore aujourd’hui. 

À un autre niveau, les lobbies américains sont pléthore à Bruxelles et interviennent à tous les niveaux pour influencer les décisions et les infléchir vers les intérêts de leur pays, quitte à s’appuyer sur tel ou tel État pour orienter ou bloquer une décision, voire outrepasser un accord par touches successives. 

À un dernier niveau enfin, décrédibiliser tel ou tel pays européen qui s’affiche sur le plan international hors de sa zone d’influence traditionnelle, ou alors faire le service minimum en tant qu’allié indispensable et bienveillant, mais en prenant soin d’y faire progressivement et discrètement son trou et tisser sa toile, son réseau d’influence et de softpower (ONG en veux-tu en voilà grassement subventionnés).

Malgré ses divisions internes, les coûts de l’integration des pays de l’Est, le démantèlement régulier de ses fleurons industriels et technologiques par les États-Unis, l’Union européenne continue de les talonner de près sur tous les plans. 

En entretenant les tensions avec la Russie via l’élargissement systématique de l’OTAN, les États-Unis poursuivent de fait plusieurs objectifs : resserrer les rangs des États européens sous leur direction et couper court au rapprochement de certains d’entre eux avec la Russie, niveler leurs rapports à ceux des pays de l’Est (qui entretiennent un contentieux avec cette dernière), renvoyer aux calendes grecques la mise en service du gazoduc Nordstream 2 et dont ils ont échoué à bloquer la réalisation, affaiblir la Russie qui a pu se relever de ses décombres et, ce, malgré des sanctions de plus en plus sévères. Une guerre entre la Russie et l’Ukraine, en réduisant les deux pays en ruines, permettrait, grâce à ces ONG grassement financés, des mercenaires aguerris et bien encadrés, de renouveler le scénario qui a abouti à se mettre l’Ukraine dans les poches, fût-ce en passant là encore par des groupes nazis.

En attendant, les États-Unis viennent d’engranger largement les fruits de leur premier niveau d’objectifs.

Scandre HACHEM

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