Les routes du Liban ont enregistré jusqu’au 25 octobre 2025 un bilan accablant de 2 673 accidents, ayant causé 3 089 blessés, selon les derniers chiffres des Forces de sécurité intérieure (FSI). Si le nombre de tués affiche une baisse marginale – 312 contre 334 sur la même période en 2024 –, septembre marque un pic sans précédent : 512 accidents, soit 19 % du total annuel. Les jeunes de moins de 29 ans représentent 42 % des victimes, souvent conducteurs novices. Ce tableau, dévoilé lors de la réunion de la Commission nationale de sécurité routière relancée en août, appelle des remèdes concrets : radars, patrouilles ciblées et sanctions vidéo.
Les chiffres du choc
Du 1er janvier au 25 octobre, 2 673 collisions graves, en hausse de 2,4 % par rapport à 2024. Les blessés s’élèvent à 3 089, dont 1 247 hospitalisés. Septembre culmine avec 512 accidents et 612 blessés, dû à la rentrée scolaire et aux conditions météo. Août suit avec 489 sinistres.
La mortalité à 312 décès frappe durement : 78 enfants de moins de 15 ans, 142 jeunes de 18-29 ans. Les piétons : 28 % des tués ; motocyclistes : 35 %. Les femmes, 22 % des blessés, dominent chez les piétons (41 %).
Le Croissant-Rouge a évacué 2 847 personnes. Coût économique : 450 millions de dollars, soit 1,2 % du PIB 2025.
Les facteurs aggravants
Excès de vitesse (41 %), non-respect des priorités (29 %), alcool (12 %). Application lacunaire du Code de la route 2020 : 18 % des infractions amendées.
Inspections mécaniques à l’arrêt depuis mars 2024 : 42 centres fermés, 65 % des véhicules sans contrôle. Infrastructures : 3 200 km endommagés par la guerre de 2024, signalisation absente sur 40 % des axes secondaires. Écoles de conduite : 156 au total, 72 % sans simulateurs, 45 000 permis annuels sans examen pratique rigoureux.
Le ministre de l’Intérieur, Ahmad Hajjar, a déclaré : « Ces négligences coûtent des vies. Des mesures immédiates inverseront la courbe ».
La carte des risques
Mount-Liban : 1 012 accidents (38 %), Beyrouth 512 (19 %), Nord 421 (16 %). Baabda : 287 ; Metn : 219. Sud : 312.
Horaires critiques : 18h-22h (32 %), pic à 20h (218 accidents) ; 6h-9h (21 %). Week-ends : 42 % des cas.
Motocyclistes sans casque : 68 %. Piétons : passages clandestins. Non-Libanais : 31 % des blessés (960), Syriens 62 %, Éthiopiens/Bangladais 22 %.
Tripoli : 189 ; Bekaa : 267.
Les mesures à impact rapide
La Commission, présidée par Hajjar, réunit FSI, ministère des Travaux publics, Croix-Rouge et experts. Ses 18 recommandations, validées jeudi par le Conseil des ministres :
Radars sur axes critiques : 150 d’ici fin novembre sur autoroute Beyrouth-Tripoli, Côte, aéroport. Tests Baabda : -27 % excès de vitesse.
Patrouilles renforcées : 500 agents 18h-minuit, 6h-9h ; 120 motos, 80 blindés. Beyrouth : rotations Ring toutes 30 minutes.
Sanctions vidéo : 12 000 caméras d’ici mars 2026. Amendes : 500 000 LL (450 $) pour +20 km/h ; retrait permis +50 km/h. 4 200 contraventions octobre.
Base de données : Unifie FSI, hôpitaux, municipalités ; 98 % géolocalisés.
Rôle des municipalités
1 000 municipalités : 200 brigades citoyennes (10 volontaires). Jounieh : -34 % infractions. Beyrouth : 2 millions $ pour 50 feux intelligents.
Ali Hamie, ministre des Travaux publics, pilote infrastructures micro-ciblées : 850 km prioritaires (ronds-points Hazmiyeh, glissières Naameh), signalisation LED 1 200 intersections. Budget : 120 millions Fonds routier.



