Deux banques ont été visées par des déposants en colère.

À Amioun au Nord du Liban, un médecin, Dr. Anis Tannous s’en est pris à la succursale de la SGBL, exigeant de pouvoir disposer de son épargne. Empêché par les Forces de l’Ordre d’entrer dans l’établissement, celui-ci a organisé une manifestation devant les grilles de la banque et empêche toute personne à y accéder. Il exige de la Banque le versement des sommes nécessaires à payer la scolarité de son fils aux Etats-Unis.

Au Sud du Liban, c’est au tour de la succursale de la Banque Audi de Tyr, de faire l’objet d’une attaque d’un déposant en colère dont l’identité n’a pas été révélée. Celui-ci demanderait à l’établissement, les sommes nécessaires au traitement de sa mère victime d’un cancer.

Ces 2 tentatives de pouvoir disposer librement des fonds gelés depuis novembre 2019 unilatéralement par les banques sur décision de l’Association des Banques du Liban sont confirmées par les associations de déposants.

Des banques lourdement impactées par la crise économique 

Les banques libanaises sont, pour leur part, lourdement impactées par la crise économique que traverse le Liban. Cette crise est apparue au grand jour avec les fameuses pénuries de devises étrangères dès mai 2019, d’abord mises sur le dos de problèmes logistiques par la Banque du Liban avant de finalement reconnaitre que les établissements privés faisaient face à d’importantes crises de liquidité. L’ABL avait alors mis en place un contrôle informel des capitaux dès novembre 2019.  

Jusqu’à présent, les banques libanaises refusent généralement de permettre aux déposants de disposer librement de leurs fonds.

Dès 2019, de nombreux incidents avaient alors éclaté dans les succursales bancaires, des déposants exigeant de pouvoir retirer leurs fonds, ce que refusaient les responsables des banques alors que devrait prochainement être détaillé la répartition des pertes du secteur bancaire, estimée à 69 milliards de dollars selon le gouvernement Mikati III, 83 milliards de dollars selon le gouvernement précédent, un chiffre proche de celui du FMI et à 103 milliards de dollars selon certaines agences de notation.

Au total, les 14 premières banques libanaises à elles-seules nécessiteraient une injection de 65 milliards de dollars, bien au-delà des possibilités d’aide économique estimée à 26 milliards de dollars. Aussi, les haircuts sur les eurobonds ou encore sur une partie des obligations libanaises semblent devenir inévitables, en dépit de la hausse des fonds propres sur décision d’une circulaire de la Banque du Liban.

Depuis, si côté libanais, les décisions judiciaires sont pour l’heure bloquées et l’épargne toujours bloqué amenant à des opérations de retraits forcés menés par des déposants en colère, côté international, plusieurs banques libanaises ont été condamnées à verser d’importantes sommes dues à des résidents à l’étranger, notamment en Angleterre ou encore en France. ,

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