On ne fait que tourner en rond depuis près d’un demi-siècle. On fait des élections et on fait des nominations et on se retrouve avec les mêmes têtes et avec la même façon de penser et la même façon de communiquer.

À la suite du renversement de son gouvernement, Pierre Mendes France a dit « les hommes passent, les nécessités nationales demeurent. ». Dans notre pays, c’est le contraire, les nécessités nationales passent et les hommes demeurent. 

ils demeurent avec la même façon perfide de faire semblant de résoudre les problèmes, et avec les mêmes méthodes insidieuses pour dilapider nos richesses nationales et les multiples aides que notre peuple reçoit.

On tourne également en rond historiquement, car notre histoire se répète éternellement, méchamment et machinalement. On passe d’une guerre à une autre et d’une ingérence à une autre et d’une soumission à une autre, et d’une crise financière à une autre ; des guerres imposées et des guerres provoquées, des étincelles par-ci et des étincelles par-là.

Un cercle vicieux avec un trou noir tournoyant au centre, dans lequel tous les Libanais sont conduits de force et de manière fatale et n’en sortent que momentanément pour y être ramenés plus tard.

Nos arrière-grands-parents, nos grands-parents, nos parents, nous-mêmes et nos enfants n’ont fait que subir les médiocrités et les bassesses, l’égoïsme et le narcissisme, l’irresponsabilité et le désintérêt de personnes à la tête de l’État, élus à cause de leurs comptes bancaires bien garnis, ou reconduits confortablement encore et encore grâce à leurs alliances avec des pays qui gèrent notre pays à travers eux.

Et on tourne en rond… Et c’est un cercle vicieux ! Et le résultat ?

Un système paralysé de tous ses membres, incompatible avec les aspirations du peuple et incapable d’évoluer. Et comme il tourne en rond depuis déjà une éternité avec les mêmes personnes, il s’est vidé de ses pensées, et, comme le souligne Hannah Arendt : « c’est dans le vide de la pensée que s’inscrit le mal »

Un système qui, aussi, depuis belle lurette, dépense pour satisfaire la cupidité de ses membres inaptes qu’une corne d’abondance jusqu’à l’infini, ne saurait ni satisfaire, ni rassasier, ni assoupir.

Un système hypocrite et maladroit qui fait semblant d’évoluer alors qu’en réalité, il  ne fait que tournoyer sur fond de cercles infinis. 

Et entre temps, vu cette spirale infernale dans laquelle les Libanais sont induits, les uns anticipent et quittent le pays ou envoient leurs jeunes loin des tumultes et des volcans agités et imprévisibles, et les autres, faute de moyens et peut-être aussi par choix, mais toujours dans le remords, continuent à faire subir à leurs enfants le même sort qu’ils ont eux-mêmes subi, à savoir : l’humiliation d’être obligé de continuer à vivre dans un climat bouillonnant et dans l’asservissement.

Et c’est de cette jeunesse qui est restée et qu’on peut désormais appeler Heroïque qu’il s’agit, car c’est de son cœur et de son courage, de sa volonté et de son énergie qu’est née la plus belle des révolutions. Elle est déterminée comme jamais à dire « non », ça suffit ! Cela ne peut durer jusqu’à l’infini !

Dévoués et clairvoyants, intelligents et méritants ces nouveaux bâtisseurs de la nation, le sont dans leurs réponses quand la question touche à leurs visions et à leurs résolutions pour l’avenir :

Libre à nous et grâce à nous, il sera 

possible : 

-De sublimer notre nature nationale et notre appartenance à ce pays et enrayer toutes les tensions alimentées par les forces du mal ;

-De réinventer notre nouvelle patrie et d’étouffer ce tourbillonnement sempiternel ;

-De se concentrer sur nos  revendications premières et nos nécessités nationales à savoir ; désamorcer la corruption et recharger notre corne d’abondance dans le but de renouveler et de moderniser ce pays qui nous chérissons. C’est une occasion historique et nous ferons le nécessaire pour la saisir, c’est une mission sacrée et nous ferons l’impossible pour l’accomplir ; 

-D’avoir des dirigeants qui, dans la transparence et la bonne volonté, sans cachoteries et sans hypocrisie, accomplissent leur travail avec des professionnels qui seront sous surveillance, qui seront responsables de leur action, qui doivent en rendre compte et satisfaire les Libanais pour rester en fonction ; 

-De prôner un système éducatif exemplaire sans endoctrinement et dans l’ouverture, capable de promouvoir des comportements exemplaires des uns à l’égard des autres et à l’égard de nos frères dans l’humanité ; 

-De vivre, vivement, avec un gouvernement dédié au service des Libanais et délié de ses nœuds trop complexes et de ses pratiques soupçonneuses et ténébreuses ; 

-De nous délivrer du mal invisible et défectueux qui sévit, qui nous ronge et qui nous exploite. De nous délivrer de cette idée de l’infini qu’il incarne ;

-De dire qu’enfin :

Notre nuit se rétrécit

Et notre réveil nous ravit 

L’impossible n’aura pas sa place 

Dans notre paradis d’espace 
Le Liban de l’heur et du bonheur 
Et du cercle vertueux glorificateur. 

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