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Dans la presse: Donald Trump et Gaza, un projet de « transfert » aux relents de nettoyage ethnique

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Une déclaration qui fait scandale

Lors de sa rencontre avec Benyamin Netanyahou à Washington, Donald Trump a relancé une proposition qui a immédiatement provoqué une onde de choc dans la communauté internationale. L’ancien président américain, connu pour son soutien inconditionnel à Israël et son mépris affiché pour le droit international, a suggéré un « transfert volontaire et durable » des Palestiniens de Gaza vers l’Égypte et la Jordanie.

Selon Al Bina’ (5 février 2025), Trump a présenté ce projet comme une « solution humanitaire », affirmant qu’avec l’état de destruction avancé de Gaza après plusieurs mois de guerre, la population aurait de meilleures chances de survie en étant relocalisée ailleurs. Pour lui, la question n’est plus de savoir comment reconstruire Gaza, mais comment déplacer ses habitants dans des conditions « acceptables ».

Cette déclaration, faite en présence de Netanyahou, n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans une politique plus large d’élimination progressive de la cause palestinienne en tant que problème géopolitique. Mais derrière la rhétorique « humanitaire » employée par Trump, se cache une tentative de normaliser une forme moderne de nettoyage ethnique, où un peuple entier serait contraint de quitter sa terre pour satisfaire les ambitions expansionnistes d’Israël.

Le cynisme de cette déclaration est d’autant plus frappant qu’elle intervient au moment où les Palestiniens de Gaza subissent un blocus meurtrier, des bombardements intensifs et une destruction massive de leurs infrastructures essentielles. Autrement dit, après avoir réduit Gaza en ruines, Washington et Tel-Aviv présentent le déplacement des habitants comme la seule issue viable, niant ainsi toute possibilité de reconstruction ou de solution politique durable.

Ce n’est pas la première fois que l’administration Trump adopte une approche brutale et unilatérale du conflit israélo-palestinien. Depuis son premier mandat, Trump a systématiquement déconstruit les fondements du droit international en validant toutes les exigences israéliennes.

En 2018, Donald Trump a reconnu Jérusalem comme capitale d’Israël, une décision qui a violé plusieurs résolutions de l’ONU et brisé des décennies de consensus international sur le statut de la ville sainte. Ce geste, en plus de provoquer une vague de colère dans le monde arabe, a légitimé les ambitions israéliennes d’annexion complète de Jérusalem-Est, territoire revendiqué par les Palestiniens comme capitale de leur futur État.

Dans la même lignée, Trump a donné son feu vert à la colonisation israélienne en Cisjordanie, allant jusqu’à modifier la position officielle des États-Unis pour ne plus considérer ces colonies comme illégales. Cette décision a encouragé l’expansion israélienne sur des terres palestiniennes, en violation flagrante du droit international, tout en sapant encore davantage les perspectives d’une solution à deux États.

Parallèlement, l’administration Trump a supprimé les financements américains destinés à l’UNRWA (l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens), une action visant directement à fragiliser les conditions de vie des Palestiniens en exil et à forcer leur dispersion. En privant des millions de réfugiés palestiniens d’une aide humanitaire essentielle dans les camps de Jordanie, du Liban et de Syrie, Trump a contribué à leur marginalisation et a tenté d’effacer progressivement leur statut de réfugiés en les forçant à une intégration économique dans leurs pays d’accueil, sans garantie de retour sur leurs terres d’origine.

En parallèle, Trump a exercé d’intenses pressions sur plusieurs États arabes pour qu’ils normalisent leurs relations avec Israël à travers les Accords d’Abraham. Signés avec les Émirats arabes unis, Bahreïn, le Soudan et le Maroc, ces accords ont marqué un tournant dans la diplomatie régionale. Cependant, contrairement aux traités de paix précédents entre Israël et ses voisins, ces accords ont été conclus sans aucune concession israélienne envers les Palestiniens. En d’autres termes, Trump a encouragé une normalisation sans contrepartie, renforçant l’isolement diplomatique des Palestiniens et sapant leurs revendications historiques.

Dans cette logique, le projet de « transfert » des Palestiniens de Gaza est une suite logique de cette politique : il vise à faire disparaître la question palestinienne en vidant la Palestine de sa population.

Mais ce que Trump présente comme un projet « réaliste » est en réalité une bombe diplomatique qui pourrait enflammer toute la région.

Une idée qui rappelle la Nakba de 1948

La proposition de Trump évoque des souvenirs douloureux pour les Palestiniens. En 1948, à la création d’Israël, près de 750 000 Palestiniens ont été expulsés ou ont fui leurs terres, lors de la Nakba (« catastrophe » en arabe). Cet exode forcé a non seulement privé ces populations de leurs foyers, mais a également marqué le début de l’une des plus grandes crises humanitaires non résolues du XXe siècle.

Depuis 75 ans, la question du droit au retour des réfugiés palestiniens demeure un point central du conflit. Des générations entières de Palestiniens ont grandi dans des camps de réfugiés au Liban, en Jordanie, en Syrie et dans d’autres pays de la région, dans des conditions souvent précaires, sans citoyenneté et avec peu de perspectives d’avenir. La reconnaissance de leur droit à retourner sur leurs terres a été constamment bloquée par Israël, qui refuse de les réintégrer en raison de ce qu’il considère comme une menace démographique.

Le projet de Trump n’est donc qu’une reprise actualisée du plan initial qui visait à déposséder les Palestiniens de leur terre et à anéantir leurs espoirs de souveraineté. Contrairement à ce qu’affirme l’administration Trump, ce « transfert volontaire » est en réalité une tentative d’imposer un nouvel exode sous la contrainte, en exploitant la situation de crise extrême à Gaza pour forcer ses habitants à partir.

Avec ce plan, Trump et Netanyahou semblent vouloir achever ce que les fondateurs d’Israël avaient commencé en 1948 : vider la Palestine de ses habitants pour garantir une majorité juive incontestable sur l’ensemble du territoire historique.

L’histoire semble se répéter, mais avec une approche plus sophistiquée et médiatiquement calibrée.

Un départ forcé déguisé en départ « volontaire »

En 1948, lors de la Nakba, les Palestiniens ont été chassés de leurs terres par la force militaire, sous la menace directe des milices sionistes. Des centaines de villages palestiniens ont été détruits et des massacres ont été commis pour pousser la population à l’exode (Deir Yassin, Tantoura, Lydda, entre autres). Aujourd’hui, la méthode a changé, mais l’objectif reste le même : pousser les Palestiniens hors de chez eux, non plus avec des fusils, mais avec un blocus asphyxiant et une destruction systématique de leur environnement de vie.

Sous couvert d’un « transfert volontaire », Trump et Netanyahou proposent une alternative fallacieuse : rester dans une enclave ravagée, sans eau potable, sans infrastructures médicales ni écoles, ou partir vers l’inconnu, sans garantie de droits ou d’intégration dans un pays tiers.

En réalité, ce transfert ne repose sur aucun volontariat, mais sur une stratégie de contrainte progressive qui pousse la population à l’exil sous la pression des conditions de vie insoutenables.

Une justification sécuritaire hier, humanitaire aujourd’hui

En 1948, l’expulsion des Palestiniens a été justifiée par la nécessité de « sécuriser » l’État d’Israël naissant, en les présentant comme une menace démographique et politique pour la stabilité de la nouvelle entité sioniste. Aujourd’hui, Trump et Netanyahou adoptent une rhétorique plus subtile : ils prétendent agir dans l’intérêt des Palestiniens eux-mêmes, en affirmant que Gaza est devenue invivable et que son peuple mérite une relocalisation vers un « avenir meilleur ».

Il ne s’agit donc plus d’un « problème de sécurité », mais d’une « solution humanitaire ». Pourtant, dans les faits, les conséquences sont les mêmes : les Palestiniens sont dépossédés de leur terre et contraints à l’exil sans possibilité de retour.

Un exode aux conséquences humanitaires désastreuses

Depuis 1948, des millions de réfugiés palestiniens vivent dans des camps de fortune en Jordanie, au Liban et en Syrie, privés de leurs droits fondamentaux, souvent dans des conditions de misère extrême. Un nouvel exode ne ferait qu’aggraver une situation déjà désastreuse, en ajoutant une nouvelle génération de réfugiés à une crise qui dure depuis plus de sept décennies.

L’idée de Trump n’offre aucune perspective d’intégration ou de reconstruction pour ces déplacés. Aucune mesure n’est prévue pour leur garantir un statut juridique stable dans les pays d’accueil, ce qui signifie qu’ils risquent de se retrouver piégés dans une nouvelle précarité, sans droits, sans citoyenneté et sans avenir.

Un exode de cette ampleur aurait également des conséquences politiques dramatiques :

  • La Jordanie et l’Égypte pourraient refuser d’absorber ces réfugiés, aggravant ainsi les tensions régionales.
  • Un afflux massif de Palestiniens pourrait déstabiliser les gouvernements en place, en particulier en Jordanie, où la question palestinienne est déjà un sujet sensible.
  • La situation pourrait alimenter une nouvelle vague de radicalisation, les jeunes générations voyant ce transfert comme la preuve ultime que la communauté internationale a abandonné la cause palestinienne.

Un rejet unanime dans le monde arabe

Face à cette annonce, les réactions ont été vives et unanimes dans le monde arabe, confirmant la sensibilité de la question palestinienne et l’impossibilité pour les pays de la région d’accepter une telle initiative.

L’Égypte refuse d’être complice d’un plan de déplacement forcé

Le gouvernement égyptien a immédiatement rejeté cette proposition, affirmant que Gaza fait partie intégrante de la Palestine et ne peut être dissociée de la solution politique globaleLe Caire a souligné que la question palestinienne doit être résolue par la création d’un État indépendant et non par un déplacement massif de sa population.

Le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, déjà sous pression pour son rôle dans la médiation entre Israël et le Hamas, a clairement fait savoir que l’Égypte n’acceptera pas de voir Gaza « externalisée » sur son territoire. Pour Le Caire, un tel transfert reviendrait à faire de l’Égypte un barrage humain contre la question palestinienne, en l’obligeant à absorber une population en détresse, tout en neutralisant toute revendication nationale palestinienne sur Gaza.

La Jordanie craint une déstabilisation politique et sociale

De son côté, la Jordanie, qui accueille déjà plus de deux millions de réfugiés palestiniens, a fermement dénoncé cette proposition, estimant qu’elle constitue une tentative déguisée d’annexion de la Cisjordanie par Israël sous prétexte d’une « solution régionale ».

Le roi Abdallah II de Jordanie a mis en garde contre les conséquences désastreuses d’un tel projet :

  • Il renforcerait les tensions internes en Jordanie, où la population palestinienne représente déjà une large part de la société, alimentant des divisions politiques et sociales.
  • Il affaiblirait encore davantage l’Autorité palestinienne, rendant toute négociation future impossible.
  • Il transformerait la Jordanie en État refuge permanent pour les Palestiniens, ce que Amman refuse catégoriquement.

En somme, le projet de Trump s’apparente à une tentative de faire porter à l’Égypte et à la Jordanie le poids du problème palestinien, tout en permettant à Israël de s’en débarrasser définitivement.

La Ligue arabe dénonce un « plan de nettoyage ethnique sous un vernis humanitaire »

L’indignation a également été immédiate du côté de la Ligue arabe, qui a condamné cette proposition en termes très fermes. Dans un communiqué officiel, l’organisation a déclaré que ce projet « s’apparente à une tentative de nettoyage ethnique déguisée sous un prétexte humanitaire ».

Selon la Ligue arabe, les souffrances des Palestiniens de Gaza ne doivent pas servir de justification à leur déplacement forcé, mais plutôt à une solution juste basée sur le droit international et la fin de l’occupation israélienne.

L’Autorité palestinienne dénonce un « complot visant à liquider la cause palestinienne »

Enfin, l’Autorité palestinienne a dénoncé cette proposition comme un complot orchestré visant à enterrer définitivement la question palestinienne.

Dans un communiqué cinglant, Mahmoud Abbas a affirmé que ce plan vise à « transformer la Palestine en une question humanitaire et non politique », en minimisant les droits historiques et légitimes du peuple palestinien.

Pour l’Autorité palestinienne, accepter cette proposition reviendrait à reconnaître la fin du projet national palestinien, en abandonnant toute revendication territoriale et en légitimant de fait l’expansion israélienne.

Un soutien tacite des États-Unis et d’Israël

Ce plan de transfert n’est pas une idée nouvelle. Il a toujours été dans les cercles les plus radicaux de la droite israélienne, qui rêvent d’un « Grand Israël » sans Palestiniens. Mais ce qui change aujourd’hui, c’est le soutien explicite de Washington.

Depuis son retour au pouvoir, Donald Trump a renforcé son alignement avec la droite israélienne ultra-nationaliste :

  • Il a coupé les financements de l’UNRWA, l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens.
  • Il a validé la colonisation israélienne en Cisjordanie, considérée comme illégale par l’ONU.
  • Il a offert Jérusalem à Israël en reconnaissant la ville comme capitale israélienne en 2018.

Désormais, Trump ne se contente plus de soutenir Israël : il veut imposer une solution finale qui ferait disparaître le problème palestinien en vidant Gaza de ses habitants.

Les conséquences catastrophiques d’un exode forcé

Si cette proposition venait à être sérieusement envisagée, elle risquerait de provoquer une escalade majeure :

  • L’opinion publique arabe exploserait, mettant sous pression des régimes déjà fragiles comme celui de la Jordanie et de l’Égypte.
  • Les mouvements de résistance palestiniens redoubleraient d’intensité, refusant de voir Gaza devenir une terre sans peuple.
  • Une crise humanitaire sans précédent émergerait, avec des millions de réfugiés palestiniens dans des conditions précaires.
  • Les relations internationales de Washington avec ses alliés arabes se détérioreraient gravement, alors que Trump mise sur des accords avec Riyad et Le Caire pour isoler l’Iran.

En clair, ce projet est non seulement illégal et immoral, mais il est aussi irréaliste et potentiellement explosif pour toute la région.

Un test pour la communauté internationale

Face à cette menace, les Nations unies et l’Union européenne ont exprimé leur inquiétude, mais sans annoncer de sanctions concrètes. L’ONU a rappelé que tout transfert forcé de population constitue un crime de guerre, selon le droit international.

La grande question est de savoir si la communauté internationale réagira cette fois-ci, ou si, comme en 2018 avec la reconnaissance de Jérusalem, elle se contentera de déclarations symboliques.

Une politique dangereuse et irresponsable

Ce projet de transfert des Palestiniens de Gaza vers d’autres pays est un retour à des politiques coloniales d’un autre âge.

  • Il vise à vider la Palestine de ses habitants pour assurer la suprématie israélienne.
  • Il bafoue tous les principes du droit international.
  • Il risque de plonger le Moyen-Orient dans un nouveau cycle de violence incontrôlable.

Le cynisme de Donald Trump et de Netanyahou est flagrant : ils veulent imposer un fait accompli en profitant de l’inaction du monde arabe et de l’indifférence des Occidentaux.

La question reste entière : les pays arabes et la communauté internationale auront-ils le courage d’agir avant qu’il ne soit trop tard ?

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Newsdesk Libnanews
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