Le 17 septembre marque la Journée mondiale de la sécurité des patients, une initiative mondiale sous l’égide de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) visant à promouvoir la sécurité des patients dans les systèmes de santé à travers le monde. Le thème de cette année, « Améliorer le diagnostic pour rendre les soins plus sûrs », met l’accent sur l’importance d’un diagnostic précis et rapide pour éviter les erreurs médicales et assurer des soins de qualité. Dans un contexte mondial, ce sujet revêt une importance particulière, mais il devient encore plus crucial dans un pays comme le Liban, où le système de santé fait face à des défis sans précédent.
La crise du système de santé libanais
Le Liban, depuis plusieurs années, traverse une crise économique, politique et sociale profonde, qui a gravement impacté ses infrastructures de santé. La pandémie de COVID-19 a exacerbé les problèmes existants, et la double explosion du port de Beyrouth en 2020 a encore affaibli un système déjà sous tension. Aujourd’hui, les hôpitaux libanais manquent de ressources essentielles : médicaments, équipements médicaux, électricité, et surtout, personnel qualifié.
Cette situation dramatique a un impact direct sur la sécurité des patients. L’accès aux soins de qualité est limité, et les professionnels de la santé, souvent surchargés et sous-payés, doivent gérer des situations d’urgence dans des conditions de travail extrêmement difficiles. Les erreurs de diagnostic et les retards dans la prise en charge deviennent de plus en plus fréquents, mettant la vie des patients en danger.
Problèmes bancaires et achat de médicaments : un fardeau insupportable
L’un des aspects les plus dévastateurs de la crise libanaise est l’effondrement du secteur bancaire, qui affecte directement la capacité des hôpitaux et des patients à accéder aux médicaments essentiels. Depuis l’effondrement du système bancaire en 2019, les hôpitaux libanais ont vu leurs comptes gelés ou limités en termes de retraits de devises, les empêchant ainsi de payer leurs fournisseurs internationaux pour l’achat de médicaments et de matériel médical.
La Banque du Liban, en grande difficulté, n’est plus en mesure de fournir suffisamment de dollars au taux officiel, obligeant les hôpitaux à se tourner vers le marché noir, où les taux de change sont exorbitants. Cela a conduit à une augmentation significative des prix des médicaments, y compris les traitements de base, rendant les soins encore plus inaccessibles pour une grande partie de la population. Les médicaments essentiels pour les maladies chroniques, comme le diabète, l’hypertension ou le cancer, sont devenus rares ou trop coûteux pour les patients.
Diagnostic : un défi crucial
Dans un pays où les infrastructures médicales sont affaiblies, le diagnostic rapide et précis devient un enjeu majeur pour la sécurité des patients. Les erreurs de diagnostic représentent une part importante des incidents médicaux. Dans un contexte de pénurie de tests de diagnostic, de radiographies, et d’équipements de laboratoire, les médecins libanais sont souvent contraints de prendre des décisions critiques avec des informations limitées.
Selon l’OMS, un diagnostic incorrect ou tardif peut entraîner des traitements inappropriés, des complications médicales, et dans les cas les plus graves, le décès du patient. Au Liban, les médecins et les professionnels de la santé sont confrontés à des choix difficiles, souvent sans disposer des ressources suffisantes pour confirmer ou infirmer leurs suspicions cliniques.
Impact de la crise économique sur la sécurité des patients
Le secteur de la santé est directement affecté par la crise économique qui a frappé le Liban depuis 2019. La dévaluation de la livre libanaise, la perte d’accès aux devises étrangères, et la fuite des talents ont laissé le système de santé exsangue. Les hôpitaux publics et privés ont du mal à maintenir leurs opérations, et les patients, déjà touchés par la pauvreté croissante, sont incapables de payer les coûts des soins, même de base.
Cette détérioration entraîne une augmentation des erreurs médicales liées au manque de personnel formé et à la surcharge des services hospitaliers. De plus, l’absence de protocoles clairs et la rareté des médicaments de qualité aggravent la situation.
Vers des solutions pour améliorer la sécurité des patients au Liban
Dans ce contexte, la Journée mondiale de la sécurité des patients est l’occasion pour le Liban de réfléchir aux actions à entreprendre pour renforcer la sécurité dans les établissements de santé. Il est urgent de réformer le système de santé en :
- Investissant dans les infrastructures médicales : Les hôpitaux et cliniques doivent être dotés de l’équipement nécessaire pour fournir des soins de qualité.
- Renforçant la formation des professionnels de santé : Une meilleure formation continue et l’amélioration des conditions de travail sont essentielles pour réduire les erreurs médicales.
- Assurant l’accès aux médicaments et aux équipements de diagnostic : La disponibilité des médicaments et des tests diagnostiques fiables est cruciale pour la sécurité des patients.
- Mettant en place des mécanismes de suivi des erreurs médicales : Des systèmes de signalement des incidents devraient être établis pour analyser les causes des erreurs et prendre des mesures correctives.
L’importance de la coopération internationale
Le Liban, malgré sa situation, peut tirer parti des partenariats internationaux pour améliorer la sécurité des patients. La coopération avec des organisations telles que l’OMS et les agences internationales de santé pourrait permettre de combler certaines lacunes, notamment en matière de formation, de partage d’expertise, et de fourniture de matériel médical.
La sécurité des patients est un droit fondamental, mais au Liban, ce droit est en danger. Alors que le pays traverse des crises successives, il est essentiel de ne pas oublier l’importance de garantir des soins médicaux sûrs et efficaces à tous les citoyens. La Journée mondiale de la sécurité des patients doit être un moment de réflexion et d’action pour améliorer les conditions de soins, renforcer les diagnostics, et protéger les vies dans un contexte de crise. Le Liban fait face à un défi monumental où la survie des patients et des hôpitaux est directement liée à la stabilité financière et à l’accès aux ressources médicales essentielles.