Lorsque Ahmad El Chareh, chef des Frères musulmans sunnites, est monté au pouvoir après la chute d’Assad, l’histoire de la Syrie semblait prête à s’écrire dans une encre nouvelle. L’ancien président, Bachar El Assad, issu de la minorité alaouite, avait gouverné le pays d’une main de fer pendant près d’un demi-siècle. Le soulèvement de 2011, d’abord pacifique et inspiré par les espoirs du printemps arabe, avait été écrasé dans le sang. En dix ans, plus d’un demi-million de Syriens ont péri, et des millions d’autres ont été déplacés. La guerre civile s’est muée en un conflit régional et idéologique, instrumentalisé par des puissances étrangères, dont la Russie, l’Iran, la Turquie et les États-Unis.
Dans ce chaos, la montée des Frères musulmans au pouvoir fut inattendue mais rapide. Leur chef, Ahmad El Chareh, présenté comme une figure de transition, portait en lui l’espoir d’un nouvel ordre sunnite, débarrassé de la domination alaouite. Mais ce changement s’est accompagné d’un esprit de revanche, d’une soif de justice transformée en vengeance. Les minorités, principalement les alaouites et les druzes, ont été considérées comme complices de l’ancien régime. Beaucoup au sein de la majorité sunnite, meurtrie et humiliée, ont vu dans la prise du pouvoir l’occasion de faire payer cinquante années de marginalisation.
C’est ici que la faute politique d’Ahmad El Chareh s’est révélée. Au lieu d’incarner la réconciliation, il a laissé ses factions agir dans la violence et l’exclusion. L’inclusion des minorités, pourtant annoncée dans ses discours initiaux, est restée lettre morte. Pire encore, elle a été perçue comme une faiblesse ou une trahison par ses propres partisans. Les actes de représailles contre les villages alaouites et les enclaves druzes se sont multipliés, dans l’indifférence complice d’un pouvoir central incapable de contrôler ses propres troupes.
Cette dérive n’a pas seulement terni l’image de la révolution sunnite. Elle a ouvert la voie aux ambitions des puissances voisines. Israël, invoquant la protection de la minorité druze, a renforcé sa présence sur le plateau du Golan et étend progressivement sa main vers Damas et le sud syrien. Au nord, la Turquie, sous couvert de lutte contre les Kurdes, avance également ses pions. Ankara se présente désormais comme la protectrice des alaouites, cousins religieux des Alevis turcs. L’ombre d’un démembrement de la Syrie grandit.
Au lieu de consolider l’unité nationale, Ahmad El Chareh a creusé la fracture. Il avait entre ses mains une chance historique : bâtir une Syrie fédérale, pluraliste, capable d’unir les peuples et les confessions. Il a préféré l’instinct tribal à la vision politique, la revanche à la responsabilité. L’histoire ne pardonne pas les occasions manquées, surtout lorsqu’elles sont dictées par la haine.
Le naufrage de la ligne sunnite, incarnée par Chareh, est désormais visible. Les erreurs de l’ancien régime ne justifiaient pas une réédition inversée de l’oppression. Il fallait briser le cycle. Il fallait offrir une autre voie. Aujourd’hui, l’absence d’un projet fédéral et inclusif fait resurgir les vieux démons. Le risque est immense : celui de voir la Syrie sombrer dans une nouvelle fragmentation, où chaque minorité cherchera la protection d’un parrain étranger.
Le peuple syrien, toutes confessions confondues, méritait mieux. Il méritait une rupture véritable avec le passé, et non un miroir inversé des mêmes violences. La faute d’Ahmad El Chareh ne réside pas seulement dans ce qu’il a fait. Elle réside dans ce qu’il n’a pas su empêcher. Et dans les pages tragiques de la Syrie, c’est cela que l’on retiendra.
Syrie : Pour une Justice Véritable, Pas une Vengeance Aveugle
Depuis la chute du régime de Bachar al-Assad en décembre 2024, la Syrie est confrontée à un dilemme crucial : comment rendre justice aux victimes des atrocités passées sans sombrer dans une spirale de représailles contre des communautés entières. Le nouveau gouvernement dirigé par Ahmad el-Chareh est accusé de mener des actions punitives contre les minorités alaouites et druzes, perçues comme les soutiens de l’ancien régime. Des rapports font état d’évictions forcées de familles alaouites à Damas, souvent sans procédure légale, et de violences contre la communauté druze dans le sud du pays .  
Ces actions, loin de favoriser la réconciliation nationale, risquent d’aggraver les tensions sectaires et de compromettre la stabilité du pays. Des voix s’élèvent pour appeler à la mise en place d’un tribunal spécial, sur le modèle du procès de Nuremberg, afin de juger les responsables des crimes commis sous le régime Assad. Des initiatives internationales, comme celles de la France qui a émis des mandats d’arrêt contre des hauts responsables syriens pour crimes contre l’humanité, montrent la voie à suivre . 
Il est impératif que la Syrie adopte une approche fondée sur la justice et non sur la vengeance. Punir collectivement des communautés pour les crimes de quelques-uns est non seulement injuste, mais aussi contre-productif pour la paix et la reconstruction du pays. La mise en place d’un tribunal impartial, soutenu par la communauté internationale, permettrait de juger les véritables responsables et de tourner la page des années de conflit.
La justice ne doit pas être un instrument de revanche, mais un pilier sur lequel construire une Syrie unie et démocratique.
Tres juste.Mais vous attendez beaucoup d’un Daesh comme Al Jolani.Il ne pourra jamais se transformer en social democrate, il ne peut que changer de cravate! et la revolution Syrienne, ni la prise de Damas ne sont pas une revolution bolchevique mais une opération de la CIA Turquie et Israel, pour virer l »Iran et ses proxys de la Syrie via un Jihadiste Sunnite.. et par pour libérer le peuple Syrien..