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Les nominations stratégiques au Liban : un enjeu d’influence entre Washington et Riyad

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Une bataille d’influence pour les postes stratégiques

Les nominations aux postes clés de l’administration libanaise font actuellement l’objet de vives pressions de la part des États-Unis et de l’Arabie Saoudite, selon plusieurs sources politiques et diplomatiques. La transition politique amorcée avec l’élection du président Joseph Aoun et la nomination du Premier ministre Nawaf Salam ouvre la voie à un remaniement profond des secteurs sécuritaire et financier, des domaines stratégiques où Washington et Riyad entendent peser de tout leur poids.

D’après Al Akhbar (25 février 2025), les discussions en coulisses se sont intensifiées ces dernières semaines, avec des pressions croissantes visant à imposer des profils considérés comme favorables aux intérêts américains et saoudiens. Cette bataille s’articule autour de quatre postes essentiels : le commandement de l’armée libanaise, la direction de la Sûreté générale, la Banque du Liban (gouverneur et vice-gouverneurs) et le Conseil supérieur de la magistrature. Ces nominations, bien que techniques en apparence, sont hautement politiques, car elles conditionneront l’orientation sécuritaire et financière du pays dans les prochaines années.

La nomination du chef de l’armée : un enjeu majeur pour les États-Unis

Depuis l’élection de Joseph Aoun, le poste de commandant en chef de l’armée libanaise est sous le feu des projecteurs. L’actuel titulaire du poste, le général Joseph Aoun, ayant été élu président, sa succession représente un enjeu stratégique fondamental, notamment pour les États-Unis, qui entretiennent une relation privilégiée avec l’institution militaire libanaise.

D’après Al Joumhouriyat (25 février 2025), Washington pousse activement pour un successeur aligné sur ses intérêts, afin de garantir que l’armée reste un contrepoids efficace au Hezbollah et de maintenir l’influence américaine dans les affaires militaires du Liban. Parmi les noms qui circulent pour succéder à Joseph Aoun, trois officiers se distinguent : le général Maroun Hitti, soutenu par les Américains en raison de ses liens avec les programmes d’assistance militaire de Washington ; le général Chamel Roukoz, une figure controversée en raison de sa proximité passée avec le Courant Patriotique Libre, mais qui pourrait jouer la carte de l’indépendance ; le général Élias Chamoun, perçu comme un candidat de compromis, moins aligné politiquement mais bénéficiant d’un bon ancrage au sein de l’armée.

Cependant, le Hezbollah et ses alliés, notamment Nabih Berri, voient cette pression d’un mauvais œil et tentent d’influer sur la nomination, insistant pour que le futur chef de l’armée maintienne une posture neutre et ne se plie pas aux directives américaines.

La direction de la Sûreté générale : un bras de fer en cours

Autre poste-clé sous haute tension : la direction de la Sûreté générale. Depuis la fin du mandat du général Abbas Ibrahim, le choix de son successeur est une ligne de fracture entre les différentes forces politiques et diplomatiques.

Selon Nahar (25 février 2025), l’Arabie Saoudite souhaite placer une figure proche de ses intérêts à la tête de cette institution cruciale, notamment en raison de son rôle dans la gestion des flux migratoires et des dossiers sensibles liés au contre-terrorisme. Parmi les noms évoqués figurent le général Tony Saliba, considéré comme proche de l’Arabie Saoudite et des courants souverainistes ; le général Wissam al-Hassan (fils de l’ancien chef de renseignement assassiné en 2012), qui bénéficie d’un soutien occidental ; le général Émile Abou Fayçal, vu comme un choix plus neutre mais disposant de l’appui de plusieurs groupes politiques internes.

Face à ces tentatives d’influence, le Hezbollah et ses alliés insistent sur le maintien d’un équilibre institutionnel, soulignant que la nomination d’un directeur ouvertement aligné sur Riyad pourrait aggraver les tensions internes.

Le gouverneur de la Banque du Liban : un poste stratégique sous pression

Le poste de gouverneur de la Banque du Liban (BDL) est au cœur des pressions saoudiennes et américaines, surtout après la crise financière qui a frappé le pays. La fin du mandat de Riad Salamé a laissé place à une bataille pour déterminer qui dirigera la politique monétaire libanaise dans un contexte de négociations avec le FMI.

D’après Al Akhbar (25 février 2025), les États-Unis et l’Arabie Saoudite poussent pour un candidat qui s’engagerait à appliquer des réformes strictes exigées par le FMI, notamment en matière de réduction de la dette publique et de restructuration du secteur bancaire.

Les principaux noms en lice sont Jihad Azour, ancien ministre des Finances et ex-directeur du FMI pour le Moyen-Orient, soutenu par Washington ; Firas Abou Nassar, un expert financier basé à New York, bénéficiant d’appuis saoudiens ; Nassif Hitti, ancien ministre des Affaires étrangères, vu comme un compromis acceptable pour les différentes parties.

Cependant, certains cercles politiques libanais estiment que le nouveau gouverneur devra être capable de négocier avec toutes les puissances régionales et internationales, sans se limiter à l’influence américaine ou saoudienne.

Le Conseil supérieur de la magistrature : un enjeu pour la réforme judiciaire

Enfin, le Conseil supérieur de la magistrature est un terrain de conflit majeur entre les forces politiques internes et les pressions extérieures.

D’après Nahar (25 février 2025), les États-Unis et l’Arabie Saoudite souhaitent des réformes judiciaires pour lutter contre la corruption et renforcer l’État de droit. Cela passe par la nomination de magistrats indépendants, capables de lancer des enquêtes sur des dossiers financiers et politiques sensibles, y compris sur les réseaux économiques du Hezbollah.

Le Hezbollah et ses alliés, de leur côté, voient cette tentative comme une ingérence visant à affaiblir leur influence au sein des institutions judiciaires.

Un Liban sous influence, mais avec des marges de manœuvre réduites

Les nominations à venir dans les secteurs sécuritaire et financier montrent à quel point le Liban reste un terrain de confrontation entre grandes puissances régionales et internationales.

Les États-Unis cherchent à garantir que l’armée et la BDL restent sous une influence occidentale. L’Arabie Saoudite veut affaiblir le Hezbollah et renforcer les institutions financières et sécuritaires sous son orbite. Le Hezbollah et ses alliés tentent de préserver leur influence face à ces pressions croissantes.

Si le gouvernement de Nawaf Salam réussit à équilibrer ces intérêts sans provoquer une nouvelle crise politique, il pourrait bénéficier d’un soutien international pour relancer l’économie. Dans le cas contraire, ces luttes d’influence risquent de prolonger l’instabilité politique.

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Newsdesk Libnanews
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