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Syrie : massacres en série, le président Ahmed al-Sharaa appelle à l’unité

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La Syrie est à nouveau plongée dans le chaos après une série de massacres ayant visé des civils alaouites sur la côte méditerranéenne. Depuis jeudi, les affrontements entre les nouvelles forces de sécurité du gouvernement et les loyalistes de l’ancien régime ont dégénéré en violences sectaires dans les provinces de Lattaquié et Tartous. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au moins 1 018 personnes ont été tuées, faisant de ces événements les plus meurtriers depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre dernier.

Le président syrien Ahmed al-Sharaa, qui a pris le pouvoir après le renversement d’Assad, a lancé un appel à l’unité nationale et à la paix, alors que son gouvernement, dominé par la coalition islamiste Hayat Tahrir al-Sham (HTS), est confronté à sa première grande crise sécuritaire.

Massacres sur la côte syrienne : un nouvel épisode de violences communautaires

Les violences ont éclaté à la suite de l’arrestation d’un individu recherché dans un village à majorité alaouite. Rapidement, la situation a dégénéré en affrontements entre les forces de sécurité du nouveau gouvernement et des groupes armés fidèles à l’ancien régime.

Lattaquié et Tartous, bastions historiques de la minorité alaouite, communauté à laquelle appartenait Bachar al-Assad, sont devenues le théâtre d’un bain de sang. Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme745 civils alaouitesont été exécutés par des éléments des nouvelles forces de sécurité et leurs alliés. Les exécutions se seraient accompagnées de pillage des maisons et des commerces, selon le rapport de l’OSDH.

Le ministère syrien de la Défense a confirmé que 125 membres des forces de sécurité ont également trouvé la mort dans ces affrontements, ainsi que 148 combattants pro-Assad, portant le bilan total à 1 018 victimes en seulement trois jours.

La réponse du gouvernement de transition

Face à la montée des violences, les forces de sécurité du gouvernement de transition ont été déployées à Lattaquié, ainsi que dans les villes voisines de Jableh et Baniyas. L’objectif annoncé par les autorités est de rétablir l’ordre et d’empêcher de nouvelles représailles contre la population alaouite.

Dans un discours prononcé depuis une mosquée de Damas, le président Ahmed al-Sharaa a tenté de calmer les tensions en appelant à la préservation de l’unité nationale et de la paix civile. Il a affirmé que son gouvernement ferait tout son possible pour protéger toutes les communautés syriennes, insistant sur la nécessité de mettre fin aux divisions sectaires.

Le ministre syrien de la Défense, Hassan Abdul Ghani, a déclaré que les forces de sécurité avaient repris le contrôlede plusieurs quartiers touchés par les attaques et a annoncé que toute intrusion dans les domiciles ou toute attaque contre des civils serait sévèrement réprimée.

Une crise humanitaire et des représailles redoutées

Les violences ont eu des conséquences dramatiques sur les infrastructures et la vie quotidienne des habitants. La ville de Lattaquié est plongée dans le noir, après que des groupes armés ont attaqué le réseau électrique. Les habitants se retrouvent sans électricité ni eau potable, aggravant une situation humanitaire déjà catastrophique.

L’Éducation nationale a annoncé la fermeture des écoles pour deux jours dans les provinces de Lattaquié et Tartous, invoquant les conditions de sécurité instables.

Les témoignages de civils alaouites ayant perdu des proches se multiplient. À Baniyas, Samir Haidar, un homme de 67 ans, raconte que ses deux frères et sa nièce ont été exécutés chez eux par des hommes armés. Lui-même ancien opposant de gauche au régime Assad, il affirme que des combattants étrangers sont impliqués dans ces exactions.

La peur d’une guerre de représailles est omniprésente. La communauté alaouite, autrefois protégée par le régime Assad, craint d’être la cible d’une épuration. Depuis la chute de l’ancien président, certains groupes islamistes radicaux ont appelé à venger les décennies de répression menée par le clan Assad, alimentant un cycle de violences qui semble difficile à stopper.

Des condamnations internationales et un appel à l’apaisement

Face à l’ampleur des massacres, les chefs des principales Églises chrétiennes syriennes et le leader spirituel des Druzes, Sheikh Hikmat al-Hajri, ont condamné les violences. Dans un communiqué commun, les patriarches de l’Église orthodoxe grecque, de l’Église orthodoxe syriaque et de l’Église catholique melkite ont dénoncé les « massacres contre des civils innocents », et appelé le gouvernement de transition à agir rapidement pour éviter un effondrement du pays.

La France a également condamné ces violences, dénonçant des attaques ciblées contre « des civils en raison de leur confession ». Le ministère français des Affaires étrangères a exhorté les nouvelles autorités syriennes à ouvrir des enquêtes indépendantes pour identifier les responsables des massacres.

Le ministère britannique des Affaires étrangères, par la voix de David Lammy, a rappelé la nécessité de protéger toutes les communautés et a mis en garde contre les risques de fragmentation de la Syrie si ces massacres se poursuivent.

Un avenir incertain pour la Syrie post-Assad

Depuis son accession au pouvoir après la chute de Bachar al-Assad, Ahmed al-Sharaa et son gouvernement dirigé par Hayat Tahrir al-Sham tentent de stabiliser le pays, mais ces nouveaux massacres montrent l’ampleur des défis à relever.

HTS, un groupe autrefois affilié à Al-Qaïda, a multiplié les déclarations assurant qu’il protégerait les minorités religieuses et ethniques. Cependant, de nombreux experts estiment que ces garanties ne suffisent pas face à des éléments radicaux présents au sein du gouvernement et des forces de sécurité.

L’analyste Aron Lund, du Century International think tank, souligne que le gouvernement de transition manque de moyens, de soutien local et d’incitations à engager un véritable dialogue avec la communauté alaouite. Il estime que la seule force dont dispose l’exécutif est une répression brutale, menée par des groupes jihadistes zélés, ce qui alimente les tensions sectaires plutôt que de les apaiser.

Le pays pourrait ainsi basculer dans une spirale de vengeances qui mettrait en péril toute tentative de stabilisation.

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