Face au fait que de nombreuses plateformes sont hébergées à l’étranger, le procureur de la république le juge Ghassan Oweidat aurait demandé l’assistance légale des Etats-Unis pour bloquer l’accès à des sites internet ou applications mobiles publiant le cours de la livre libanaise face au dollar au marché noir.

Hier, une décision judiciaire a été ainsi notifiée à Ogero demandant le filtrage de certains sites et applications mobiles.

Ces dernières seraient toujours pour l’heure toujours disponibles au Liban. Il s’agit notamment du cas de LebaneseLira.Org qui continue à publier ce jeudi, le dernier taux de change entre livre libanaise et dollar.

Une décision prise au plus haut niveau

Cette information intervient suite à une réunion extraordinaire ce lundi qui s’est tenue au Palais présidentiel de Baabda. Etaient notamment présents, le premier ministre sortant, Hassan Diab, la ministre de La Défense et vice-présidente du gouvernement Zeina Akar, les ministres des finances, Ghazi Wazni, de l’intérieur Mohammed Fahmi, de l’économie Raoul Nehmé et les principaux responsables du secteur financier dont le président de l’Association des Banques du Liban Salim Sfeir. 

S’exprimant depuis Baabda, le Premier ministre sortant a accusé certaines personnes “de pousser le pays vers une explosion”. Il a souligné sa volonté d’être ferme face “à la manipulation du sort du pays par un parti ou des partis qui conspirent”, contre la stabilité sociale et la sécurité nationale.

Le premier ministre sortant estime ainsi que les plateformes de cotation de la parité de la livre libanaise face au dollar ont des visées politiques et non financières et visent à inciter les gens à avoir recours à la rue. 

Le Président de la République, le Général Michel Aoun a également appelé les services de sécurité à réprimer toute manipulation des prix des denrées alimentaires, en raison de leurs répercussions sur la sécurité nationale. “Il faut prendre des mesures rapides et décisives, financières, judiciaires et sécuritaires, pour poursuivre ceux qui manipulent les moyens de subsistance des Libanais,” a-t-il ajouté, mettant en avant la nécessité d’oeuvrer en faveur de réformes comme première

Ainsi, le Procureur de la République, le juge Ghassan Oweidat, a ordonné l’ouverture d’une enquête et l’arrestation des agents de change accusés de manipuler la parité de la livre libanaise suite à la réunion de lundi. 

La circulaire appelle tous les services de sécurité à savoir les agences de renseignement de l’armée, les forces de sécurité intérieure, la sécurité publique, la sécurité de l’État et la police des douanes à l’arrestation de “tous les changeurs de monnaie qui manipulent la monnaie nationale, ainsi que la spéculation illégale sur les devises étrangères, et les arrêter où qu’ils se trouvent et les interroger afin de découvrir l’identité de ceux qui les incitent et participent à de tels des actions qui portent atteinte au statut de la monnaie nationale”.

“Si on casse le thermomètre, cela ne veut pas dire qu’il n’y aura plus de fièvre”

Les observateurs en la matière notent que cette décision de fermeture des sites d’information en continue concernant la parité de la Livre Libanaise face au dollar pourrait au contraire aggraver la situation alors que plusieurs taux de change ont été mis en place au cours des 2 dernières années alors que la Banque du Liban et son gouverneur semblent être incapables de redresser la situation comme pourtant le rôle leur revient.

Ainsi, si la parité officielle reste toujours arbitrairement fixée à 1507 LL/USD mais avec des billets verts introuvables à ce taux sur le marché local, différents taux de change ont été mis en place dont certains même reconnus par la Banque du Liban. Il s’agit notamment du cours de la livre face au dollar pour les changeurs ou encore pour les entreprises de transfert de fonds. Cependant, tout comme la parité officielle, il est aujourd’hui impossible pour les libanais d’y obtenir des devises étrangères. 

Ces observateurs considèrent par conséquent le marché noir comme le principal indicateur de parité réelle de la livre libanaise face aux devises étrangères.

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