Le Liban, avec sa taille modeste, accueille aujourd’hui l’une des plus grandes populations de réfugiés par habitant au monde. Depuis le début de la guerre civile syrienne en 2011, plus d’un million de Syriens ont trouvé refuge au Liban, ajoutant une pression énorme sur un pays déjà en crise. À cette population s’ajoutent les réfugiés palestiniens, qui vivent au Liban depuis des décennies, souvent dans des conditions précaires. Cette combinaison de crises humanitaires met à rude épreuve les infrastructures du pays, déjà affaiblies par une économie en déclin et une classe politique dysfonctionnelle. Dans cet article, nous analyserons les conséquences de cette crise sur les ressources nationales, les tensions sociales qu’elle engendre, et les réponses locales et internationales.
L’ampleur de la crise des réfugiés
Depuis plus de dix ans, le Liban est un refuge pour les Syriens fuyant la guerre. Selon les données du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), plus d’un million de réfugiés syriens sont enregistrés au Liban, bien que le nombre réel pourrait être plus élevé. Cette population représente environ 25 % de la population totale du pays, une proportion sans équivalent dans le monde. En outre, le Liban abrite également près de 500 000 réfugiés palestiniens, pour la plupart vivant dans des camps administrés par l’UNRWA, comme celui de Chatila ou Ain al-Hilweh. Ces camps sont souvent surpeuplés, manquent d’infrastructures de base et sont le théâtre de violences sporadiques.
Les réfugiés syriens, quant à eux, vivent principalement dans des abris temporaires ou des logements précaires. Selon An-Nahar, les conditions de vie de ces réfugiés se sont détériorées avec le temps, en raison de la dévaluation de la livre libanaise et de la réduction des aides internationales. Beaucoup d’entre eux n’ont pas accès à des services de base tels que l’eau potable, l’électricité ou les soins médicaux.
La pression sur les ressources nationales
L’arrivée massive de réfugiés a exacerbé les difficultés économiques et sociales du Liban, mettant à mal ses infrastructures déjà fragiles.
Santé
Le secteur de la santé est parmi les plus touchés. Les hôpitaux publics, qui manquent de financement, peinent à répondre à la demande croissante. Al Joumhouriyat rapporte que les réfugiés représentent près de 40 % des admissions dans certains établissements publics, ce qui réduit la capacité de ces structures à traiter les patients libanais. Les pénuries de médicaments et de personnel médical aggravent la situation, laissant de nombreuses personnes, réfugiés comme citoyens, sans soins adéquats.
Éducation
Le système éducatif est également sous pression. Selon le ministère libanais de l’Éducation, environ 50 % des élèves dans les écoles publiques sont des réfugiés syriens. Cette surcharge a conduit à une détérioration de la qualité de l’enseignement, car les classes sont surpeuplées et les enseignants débordés. Les tensions sociales augmentent également, car certains parents libanais accusent les réfugiés de monopoliser les ressources éducatives.
Logement
La crise des réfugiés a également entraîné une hausse des prix de l’immobilier, en particulier dans les régions rurales. De nombreux Libanais, déjà touchés par la crise économique, se retrouvent dans l’incapacité de payer leur loyer, ce qui alimente un ressentiment croissant envers les réfugiés, perçus comme une source de concurrence.
Les tensions sociales et politiques
L’afflux de réfugiés a exacerbé les tensions communautaires dans un pays déjà marqué par des divisions confessionnelles et politiques. Certains partis politiques libanais, notamment ceux alignés sur l’axe pro-syrien, appellent à une normalisation des relations avec le régime de Bachar al-Assad pour faciliter le retour des réfugiés. D’autres, comme les Forces libanaises et le Courant patriotique libre, insistent sur la nécessité de limiter l’installation permanente des réfugiés au Liban pour préserver l’équilibre démographique du pays.
Selon Nida’ Al-Watan, ces divergences alimentent un discours xénophobe de plus en plus courant, où les réfugiés sont accusés de voler les emplois, de bénéficier de subventions internationales et de contribuer à l’augmentation de la criminalité. Des incidents violents entre réfugiés syriens et Libanais ont été signalés dans plusieurs régions, notamment dans la Bekaa et le nord du Liban.
Les réponses locales et internationales
Le gouvernement libanais, confronté à une économie en chute libre, manque des ressources nécessaires pour gérer efficacement la crise des réfugiés. Le soutien des donateurs internationaux, bien qu’essentiel, a diminué ces dernières années en raison de la fatigue des donateurs et de la crise économique mondiale. Selon Al-Akhbar, l’aide fournie par les agences de l’ONU, telles que le HCR et l’UNRWA, couvre à peine les besoins de base des réfugiés.
Les ONG locales jouent un rôle crucial, mais leurs efforts sont limités par un manque de financement et les obstacles bureaucratiques. Des initiatives communautaires, comme la distribution de nourriture et de vêtements, aident à atténuer la crise, mais elles ne suffisent pas à compenser l’absence de politique nationale cohérente.
Les perspectives d’avenir pour les réfugiés et le Liban
Les perspectives à long terme pour le Liban et les réfugiés restent incertaines. Alors que certains experts, comme ceux cités par An-Nahar, plaident pour une augmentation de l’aide internationale et une meilleure coordination avec le gouvernement syrien pour organiser des retours volontaires, d’autres soulignent que les conditions en Syrie ne sont pas encore sûres pour la majorité des réfugiés.