Une nouvelle réunion sous haute tension
Le Conseil de sécurité des Nations unies se prépare à une session d’urgence suite au maintien par Israël de cinq positions stratégiques au Sud-Liban, en violation de l’accord de retrait signé sous l’égide de l’ONU et de l’administration Trump. Alors que la communauté internationale observe avec inquiétude l’évolution de la crise, les attentes autour de cette réunion sont élevées, mais les résultats restent incertains.
Selon Al Sharq Al Awsat (18/02/2025), la France et la Russie ont demandé une condamnation formelle des agissements israéliens, insistant sur le respect des engagements pris et la nécessité d’un retrait total des forces de Tel-Aviv. Cependant, les États-Unis, allié historique d’Israël, semblent réticents à soutenir une résolution trop contraignante, préférant un appel à la négociation plutôt qu’à une sanction diplomatique.
L’implication de la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban) est également en question. Cette mission, initialement mise en place pour superviser le retrait israélien et éviter une escalade militaire, est aujourd’hui critiquée pour son inefficacité et son incapacité à imposer le respect des accords. Les habitants du Sud-Liban, en première ligne face à cette occupation prolongée, expriment une colère croissante contre l’ONU, jugeant que son rôle s’est limité à de simples déclarations sans impact réel sur le terrain.
Un Conseil de sécurité divisé face à Israël
Alors que la réunion du Conseil de sécurité approche, les clivages diplomatiques entre grandes puissances s’accentuent, réduisant les chances d’une résolution efficace contre Israël. Si la France et la Russie plaident pour une condamnation ferme, les États-Unis continuent d’adopter une posture plus nuancée, cherchant à préserver leur alliance stratégique avec Tel-Aviv tout en prétendant soutenir la stabilité régionale.
Selon Al Akhbar (18/02/2025), Washington aurait fait pression sur ses alliés européens pour limiter la portée de la résolution, suggérant un simple appel au dialogue plutôt qu’une condamnation formelle de l’attitude israélienne. L’ambassadeur américain auprès des Nations unies aurait insisté sur « la nécessité d’un règlement négocié plutôt que d’une escalade diplomatique inutile », une position qui contraste avec l’exaspération croissante de Beyrouth.
La Russie, quant à elle, cherche à renforcer son influence au Liban et au Moyen-Orient, en profitant des hésitations américaines pour se poser en défenseur de la souveraineté libanaise. Selon Nida’ Al Watan (18/02/2025), Moscou aurait proposé une alternative : une médiation impliquant directement l’Iran, allié du Hezbollah, pour négocier un retrait progressif des troupes israéliennes. Cette idée suscite une méfiance en Occident, mais elle est perçue comme une option crédible par certains diplomates onusiens qui craignent une escalade militaire si la situation perdure.
De son côté, la Chine, membre permanent du Conseil de sécurité, observe la crise avec un intérêt stratégique, utilisant son veto comme un levier pour négocier d’autres accords internationaux. Pékin a adopté une position critique envers Israël, mais sans s’engager pleinement dans un processus de résolution de la crise, préférant laisser les puissances occidentales gérer le conflit.
Dans ce contexte, le Conseil de sécurité semble une fois de plus paralysé par des divergences diplomatiques profondes, ce qui réduit la probabilité d’une action immédiate et efficace contre le maintien des forces israéliennes au Sud-Liban.
La FINUL sous le feu des critiques
Alors que la crise s’intensifie, la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban) est de plus en plus critiquée pour son incapacité à imposer l’application des accords de retrait. Depuis sa création en 1978, cette force de maintien de la paix a pour mission principale de superviser la cessation des hostilités et de garantir le respect des résolutions du Conseil de sécurité. Toutefois, face au maintien des forces israéliennes sur cinq positions stratégiques, la FINUL apparaît impuissante et inefficace aux yeux de nombreux Libanais.
Selon Al Joumhouriyat (18/02/2025), plusieurs manifestations ont eu lieu devant les bases de la FINUL, notamment à Naqoura et Marjayoun, où des habitants ont exigé des actions concrètes pour contraindre Israël à respecter ses engagements. Des slogans tels que « FINUL complice » et « Nous voulons des actes, pas des paroles » ont été scandés, reflétant la perte de confiance grandissante envers cette force onusienne.
Le général Aroldo Lázaro Sáenz, commandant en chef de la FINUL, a tenté de calmer les tensions en déclarant que « la FINUL ne dispose pas des moyens militaires pour forcer un retrait israélien et que seule une pression diplomatique soutenue peut permettre d’obtenir un règlement pacifique ». Cette déclaration, relayée par Al Akhbar (18/02/2025), a été perçue comme un aveu d’impuissance, renforçant la colère des populations locales.
Par ailleurs, le Hezbollah a multiplié les critiques à l’encontre de la mission onusienne, l’accusant d’être trop passive face aux violations israéliennes. Naim Kassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah, a dénoncé une « institution inefficace, instrumentalisée par les puissances occidentales pour masquer l’inaction de la communauté internationale ».
De son côté, le gouvernement libanais tente de maintenir un équilibre fragile. Le Premier ministre Nawaf Salam a réaffirmé son soutien à la FINUL, tout en réclamant une refonte de son mandat, afin qu’elle puisse agir plus efficacement contre les violations israéliennes. Selon Nida’ Al Watan (18/02/2025), Beyrouth aurait demandé une réévaluation des règles d’engagement de la FINUL, afin d’accroître son autorité et sa capacité d’intervention.
Toutefois, cette proposition se heurte à un obstacle de taille : Israël refuse catégoriquement toute modification du mandat de la FINUL, craignant qu’une force onusienne plus autonome ne limite sa liberté d’action dans le Sud-Liban. Washington, principal allié d’Israël au Conseil de sécurité, soutient cette position, ce qui réduit considérablement les chances de voir un changement significatif dans le rôle de la mission onusienne.
Dans ce contexte, la FINUL risque de rester une force d’observation, incapable d’imposer un règlement effectif à la crise en cours.
Un Conseil de sécurité affaibli face à Israël
Alors que les tensions persistent au Sud-Liban, la capacité du Conseil de sécurité à faire respecter ses propres résolutions est de plus en plus remise en question. Depuis la signature de la résolution 1701 en 2006, qui stipulait le retrait total des troupes israéliennes du territoire libanais et la démilitarisation de la frontière sud, Israël a à plusieurs reprises violé cet engagement sans être véritablement sanctionné.
Selon Al Bina’ (18/02/2025), le Conseil de sécurité se trouve aujourd’hui dans une impasse diplomatique, incapable de trouver un consensus sur la manière de contraindre Israël à respecter ses engagements. Cette incapacité s’explique en grande partie par l’opposition systématique des États-Unis à toute résolution contraignante, une répétition des blocages observés dans le passé sur la question palestinienne.
L’Union européenne, par la voix de la France et de l’Allemagne, tente de faire pression pour qu’Israël respecte enfin la résolution 1701, mais sans l’appui de Washington, ces efforts risquent d’être vains. Selon Nida’ Al Watan (18/02/2025), les diplomates européens auraient demandé à l’administration Trump d’exercer une pression discrète sur Tel-Aviv, mais Washington reste inflexible, privilégiant son alliance stratégique avec Israël à toute autre considération.
De son côté, le Liban dénonce l’impuissance du Conseil de sécurité, pointant du doigt le double standard dans l’application des décisions onusiennes. Le président Joseph Aoun a récemment déclaré que « l’ONU se montre intransigeante avec certains États, mais incroyablement permissive avec Israël, qui agit en toute impunité depuis des décennies ». Ces propos, rapportés par Al Akhbar (18/02/2025), traduisent le sentiment de frustration croissant au Liban, où l’inaction de la communauté internationale alimente la défiance envers les instances multilatérales.
En l’absence d’une pression forte et coordonnée sur Israël, le Conseil de sécurité risque de se limiter une fois de plus à des déclarations symboliques, sans réelle portée sur le terrain. L’enjeu principal reste de savoir si la communauté internationale est prête à dépasser ces blocages diplomatiques et à imposer des mesures contraignantes à Israël, ou si elle continuera à privilégier un statu quo qui ne fait qu’alimenter la crise.
Alors que le Conseil de sécurité des Nations unies peine à s’imposer comme un acteur crédible dans la crise du Sud-Liban, l’avenir de la diplomatie multilatérale dans ce dossier semble de plus en plus incertain. Israël, fort de ses alliances internationales et du soutien indéfectible de Washington, n’a jusqu’à présent subi aucune réelle pression diplomatique, ce qui renforce son sentiment d’impunité sur la scène internationale.
Selon Al Sharq Al Awsat (18/02/2025), certains diplomates européens évoquent une réorientation de la gestion du dossier libanais, en privilégiant des négociations bilatérales avec Tel-Aviv et Beyrouth plutôt qu’une action via l’ONU. Cette option est défendue par la France et l’Allemagne, qui estiment que l’inertie du Conseil de sécurité ne fait qu’exacerber la crise et affaiblir la légitimité des institutions onusiennes.
De leur côté, le Liban et ses alliés régionaux, notamment l’Iran et la Syrie, poussent pour une médiation plus large impliquant Moscou et Pékin, dans l’espoir de contourner le veto américain au sein du Conseil de sécurité. Selon Al Bina’ (18/02/2025), la Russie aurait discrètement proposé une nouvelle initiative diplomatique visant à obtenir un retrait progressif des forces israéliennes, mais cette idée rencontre une forte opposition à Tel-Aviv, qui ne veut pas être contraint par un accord négocié par des puissances rivales des États-Unis.
En attendant, le statu quo demeure, et chaque jour qui passe renforce la frustration des habitants du Sud-Liban et des forces politiques libanaises. Le Conseil de sécurité, autrefois perçu comme un garant de la stabilité régionale, voit son rôle s’effriter, tandis que les tensions continuent de monter sur le terrain, laissant craindre une reprise des hostilités.
Si aucune avancée diplomatique concrète ne se profile dans les prochaines semaines, la question du Sud-Liban pourrait bientôt basculer d’une impasse diplomatique vers une confrontation militaire, mettant encore davantage en péril la sécurité régionale et l’équilibre fragile du Liban.