mardi, mars 18, 2025

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Dans la presse: La colère des habitants face à l’inertie internationale

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Une mobilisation spontanée contre la présence israélienne

Depuis l’annonce du 18 février 2025, confirmant que l’armée israélienne maintenait une présence dans cinq zones stratégiques du Sud-Libanla colère gronde parmi la population locale. Dès les premières heures suivant cette révélation, des centaines d’habitants se sont rassemblés à Bint Jbeil, Adaisseh et Khiam, dénonçant une occupation militaire prolongée et l’inaction du gouvernement libanais et des instances internationales.

Selon Al Bina’ (18/02/2025), ces manifestations ont rapidement pris de l’ampleur, attirant des foules toujours plus nombreuses. Des cortèges de protestataires ont défilé en brandissant des drapeaux libanais et des pancartes exigeant « un retrait immédiat et complet des forces israéliennes ». Certains slogans visaient directement l’ONU et la FINUL, accusées de ne pas en faire assez pour garantir le respect des accords de retrait.

La frustration des habitants s’explique par des décennies de tensions et d’incursions militaires israéliennes, mais aussi par l’impression d’être abandonnés par la communauté internationale, qui semble incapable de contraindre Israël à respecter ses engagements.

Un sentiment d’abandon face à l’inaction du gouvernement et de l’ONU

Alors que les habitants du Sud-Liban attendaient un retrait total des forces israéliennes, l’annonce du maintien de plusieurs positions militaires israéliennes a été perçue comme une trahison des engagements internationauxLa colère populaire ne se limite plus à Israël, elle vise désormais directement l’ONU et le gouvernement libanais, accusés d’inaction et de complaisance face à cette occupation prolongée.

Depuis le début des manifestations, la FINUL est la cible privilégiée des protestataires, qui l’accusent de passivité face aux violations israéliennesLes soldats de la FINUL, bien que déployés en grand nombre dans la zone, sont critiqués pour leur incapacité à contraindre Israël à respecter ses engagements. Selon Al Akhbar (18/02/2025), des manifestants rassemblés à Khiam ont scandé « À quoi sert la FINUL si Israël reste ? », tandis qu’à Naqoura, des protestataires ont symboliquement déposé des pierres et des banderoles devant le quartier général de la mission onusienne, dénonçant son inefficacité.

Cette frustration est également dirigée contre le gouvernement de Nawaf Salam, accusé de ne pas défendre fermement la souveraineté nationale. Si le Premier ministre a bien saisi le Conseil de sécurité de l’ONUbeaucoup de Libanais estiment que cette initiative n’aura aucun effet concret, notamment en raison de l’alignement des États-Unis sur la position israélienne. Selon Nida’ Al Watan (18/02/2025)des députés proches du Hezbollah et du mouvement Amal ont dénoncé « une réaction purement diplomatique, insuffisante face à une occupation de fait ».

Dans le camp des partis souverainistes, notamment les Forces libanaises et le Parti Kataëble ton est tout aussi critique. Ces formations reprochent au gouvernement d’avoir échoué à obtenir des garanties internationales solides avant le retrait partiel d’Israël, et d’avoir fait preuve de naïveté en pensant qu’un simple accord suffirait à forcer Tel-Aviv à respecter ses engagementsSamy Gemayel, leader des Kataëb, a ainsi déclaré que « le Liban ne peut pas continuer à compter sur la seule diplomatie face à Israël », appelant à une restructuration stratégique des forces armées libanaises pour faire face aux violations territoriales.

Pris entre ces différentes pressions politiquesNawaf Salam se retrouve dans une situation délicateS’il opte pour une ligne dure contre Israël, il risque de voir les relations avec Washington et l’Union européenne se détériorerS’il se contente d’une approche diplomatique, il s’expose à une perte de confiance au sein du pays, notamment auprès des forces politiques qui exigent une réponse plus ferme et immédiate.

Cette situation renforce la défiance des habitants du Sud-Liban envers les institutions nationales et internationales, et fait craindre une montée des tensions si aucune solution rapide et satisfaisante n’est trouvée.

Des tensions grandissantes et des risques de débordements

Alors que les manifestations continuent de s’intensifier dans plusieurs localités du Sud-Liban, la situation devient de plus en plus volatile, avec des risques accrus de débordements. Ce mouvement de contestation spontané, qui a débuté sous forme de rassemblements pacifiques, prend progressivement une tournure plus radicale. Des incidents ont déjà été signalés dans plusieurs zones, notamment à Marjayoun et Naqoura, où des protestataires ont tenté de bloquer les routes menant aux bases de la FINUL et à certains postes de contrôle israéliens encore en place.

Selon Al Joumhouriyat (18/02/2025)des manifestants ont brûlé des pneus et tenté de pénétrer dans une zone sous contrôle israélien près de Tallet al-Azziya, ce qui a provoqué une intervention des forces de sécurité libanaises. Ces dernières, prises entre leur devoir de maintenir l’ordre et la pression populaire exigeant une réaction contre Israël, se retrouvent dans une position délicate, tentant d’éviter une confrontation directe. Des affrontements sporadiques entre protestataires et militaires libanais ont été signalés, notamment à Khiam, où des jeunes ont exprimé leur frustration face à l’inaction du gouvernement.

Par ailleurs, les forces israéliennes stationnées dans les cinq zones occupées ont renforcé leur posture défensive, se préparant à d’éventuels incidents aux abords des positions encore sous leur contrôleDes drones de surveillance israéliens ont été observés survolant les zones de manifestations, ce qui a attisé davantage la colère des habitants, qui y voient une provocation et une tentative d’intimidation.

Le Hezbollah et le mouvement Amal suivent de près ces développements. Selon Al Akhbar (18/02/2025)des membres du parti chiite auraient discrètement renforcé leur présence dans certaines zones de contestation, cherchant à encadrer les manifestations et à éviter des débordements incontrôlésNaim Kassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah, a appelé les manifestants à ne pas tomber dans « les pièges israéliens », tout en insistant sur « le droit du peuple libanais à exprimer son refus de toute présence étrangère sur son territoire ».

Les prochains jours seront cruciauxSi les forces israéliennes ne se retirent pas complètement, ou si aucune avancée diplomatique n’est obtenue rapidement, le mouvement de contestation risque de se radicaliser davantage, ouvrant la voie à des actions plus violentesL’inquiétude grandit à Beyrouth, où les responsables politiques tentent d’évaluer la meilleure manière de gérer cette situation explosive sans provoquer un engrenage incontrôlable.

Une fracture sociale et politique qui s’accentue

Les manifestations contre le maintien des forces israéliennes dans certaines zones du Sud-Liban ne sont pas seulement l’expression d’un refus de l’occupation : elles révèlent également des fractures profondes au sein de la société libanaise. Depuis plusieurs années, la question de la souveraineté nationale et du rôle de la Résistance divise les Libanais, et cette nouvelle crise ne fait qu’exacerber ces tensions.

D’un côté, les partisans du Hezbollah et du mouvement Amal soutiennent une approche plus offensive face à Israël, appelant à une réaction plus ferme du gouvernement et insistant sur le fait que seule la Résistance est capable de contraindre Israël à se retirer complètementNaim Kassem, secrétaire général adjoint du Hezbollah, a ainsi affirmé dans une déclaration relayée par Al Akhbar (18/02/2025) que « les moyens diplomatiques ont montré leurs limites et que seule la force peut garantir la pleine souveraineté du Liban »Ce discours trouve un large écho parmi les habitants du Sud, qui se sentent abandonnés par l’État et trahis par la communauté internationale.

D’un autre côté, les partis souverainistes et pro-occidentaux, notamment les Forces libanaises et le Parti Kataëb, critiquent l’implication croissante du Hezbollah dans la crise. Selon eux, cette situation est instrumentalisée par le parti chiite pour renforcer sa légitimité militaire, ce qui pourrait entraîner le Liban dans une nouvelle confrontation armée non désiréeSamir Geagea, leader des Forces libanaises, a déclaré dans une interview à Nida’ Al Watan (18/02/2025) que « l’armée libanaise doit être la seule garante de la souveraineté du Liban et que les milices ne doivent pas s’improviser comme force de défense nationale ».

Cette division se retrouve également au sein de la société civile. Alors que les habitants du Sud sont en première ligne de la contestation, d’autres régions du pays restent plus prudentes quant aux risques d’une escalade militaire. Selon Al Joumhouriyat (18/02/2025)des voix s’élèvent pour appeler au calme et privilégier une issue diplomatique, même si la patience des Libanais est de plus en plus mise à rude épreuve face à l’absence de résultats concrets.

Cette polarisation politique et sociale complique les tentatives du gouvernement de Nawaf Salam de trouver une réponse unifiée à la criseLe Premier ministre cherche à éviter toute action précipitée qui pourrait déclencher une nouvelle guerre, tout en étant conscient que le statu quo actuel ne peut pas durer éternellement.

La question désormais est de savoir si les manifestations resteront un moyen de pression populaire ou si elles dégénéreront en un mouvement plus radical, accentuant encore davantage les divisions internes du Liban.

Alors que la mobilisation populaire au Sud-Liban continue de croître, le gouvernement de Nawaf Salam se retrouve face à un dilemme majeur : doit-il redoubler d’efforts diplomatiques pour contraindre Israël à respecter l’accord de retrait ou durcir sa position face à la colère grandissante des habitants et des factions politiques qui réclament une action plus ferme ?

D’un côté, la voie diplomatique semble fragile et limitéeLe Conseil de sécurité de l’ONU doit se réunir dans les prochains jours, mais les observateurs craignent que les divisions entre les grandes puissances et l’alignement de Washington sur la position israélienne ne réduisent l’impact des discussions. Selon Al Sharq Al Awsat (18/02/2025)des diplomates français et russes ont proposé une résolution condamnant la présence israélienne au Sud-Liban, mais les États-Unis semblent réticents à soutenir une telle initiative. Cette situation alimente encore davantage la frustration des manifestants, qui estiment que le Liban ne peut pas se permettre d’attendre indéfiniment une réaction internationale.

D’un autre côté, le risque d’une escalade militaire est bien réelLe Hezbollah a intensifié sa présence dans les zones contestées, et plusieurs de ses cadres ont affirmé que si Israël ne respecte pas ses engagements, l’option militaire serait envisagéeNaim Kassem, numéro deux du parti, a averti que « les actions populaires sont un premier avertissement, mais si elles ne suffisent pas, la Résistance saura répondre de manière appropriée ». Cette déclaration a ravivé les craintes d’un affrontement militaire, qui pourrait plonger le Liban dans un nouveau cycle de violence.

Par ailleurs, l’armée libanaise est placée dans une position délicateLe président Joseph Aoun, chef suprême des forces armées, insiste sur l’importance de maintenir l’ordre et d’éviter une confrontation directe avec Israël, mais les soldats libanais sont sous pression face aux protestations croissantesSelon Al Joumhouriyat (18/02/2025), des unités de l’armée ont déjà reçu des instructions pour empêcher toute tentative de franchissement des zones encore occupées par Israël, mais cette posture défensive est perçue par certains comme un aveu d’impuissance.

Face à cette impasse, les prochains jours seront décisifsSi Israël ne se retire pas totalement, la pression populaire risque d’augmenter encore, renforçant la possibilité d’une confrontation plus largeSi, au contraire, une avancée diplomatique se profile, le gouvernement de Nawaf Salam pourra justifier son approche mesurée et calmer les tensions.

Mais une chose est certaine : le temps joue contre le Liban, et chaque jour sans solution rapproche un peu plus le pays d’un scénario instable aux conséquences imprévisibles.

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Newsdesk Libnanews
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