Beyrouth, Liban – 24 mai 2024 – Depuis le début de la crise économique en 2019, le Liban traverse une période de difficultés sans précédent. En plus des conséquences économiques et sociales, le pays fait face à une crise sanitaire alarmante : une augmentation significative des cas de cancer, en grande partie attribuée à la pollution atmosphérique causée par les générateurs électriques.

Une nouvelle étude estime désormais la capitale plus touchée par les cancers que les zones précédemment plus touchées dans une étude effectuée avant la crise.

Une pollution omniprésente

À Beyrouth, la capitale libanaise, un smog épais et constant enveloppe souvent la ville. Cette pollution est principalement due à l’utilisation intensive de générateurs au diesel pour pallier les coupures d’électricité alors que le trafic routier a largement baissé en raison de la crise économique.

L’origine de la crise énergétique

La crise économique a gravement affecté les infrastructures du pays, notamment le secteur de l’énergie. Les centrales électriques ne reçoivent plus les financements nécessaires pour fonctionner correctement, entraînant des rationnements sévères. Actuellement, les foyers, les entreprises, les administrations et même les hôpitaux ne reçoivent que 3 à 4 heures d’électricité par jour. Pour compenser, les Libanais se tournent vers des générateurs au diesel, connus pour émettre plus de 40 substances toxiques, dont le dioxyde d’azote et le dioxyde de soufre. Ces derniers ne sont souvent pas équipés des filtres pourtant réclamés pour leur fonctionnement par les autorités libanaises.

Les conséquences sanitaires

Une étude menée par une université de Beyrouth révèle que la dépendance accrue aux générateurs au diesel au cours des cinq dernières années a doublé le risque de développer un cancer. Une députée et professeure de chimie indique que “la moitié de la pollution à Beyrouth est due aux générateurs au diesel”, qualifiant cette situation de “meurtre collectif”.

Dans des quartiers densément peuplés comme Makassed, les niveaux de particules fines atteignent 60 microgrammes par mètre cube, bien au-delà des 15 microgrammes par mètre cube recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Depuis 2017, le niveau de polluants cancérogènes a doublé dans certaines zones de Beyrouth, augmentant le risque de cancer de 50%.

Jeunes patients et cancers agressifs

Les oncologues des hôpitaux libanais constatent une hausse alarmante des cas de cancer, avec une augmentation des taux de 30% ces dernières années. Les patients sont de plus en plus jeunes, et les tumeurs de plus en plus agressives. Le cancer du poumon est particulièrement répandu, représentant une part importante des nouveaux cas.

Un médecin rapporte l’histoire d’une patiente trentenaire, sans antécédents familiaux de cancer, diagnostiquée avec un cancer du poumon. “C’est un concours de circonstances”, explique un oncologue, qui souligne l’impact combiné de la pollution et de la forte consommation de tabac au Liban, où 70% de la population adulte fume régulièrement.

Les défis financiers des traitements

Le coût des traitements contre le cancer est prohibitif dans le contexte de la crise économique. Avec un salaire moyen dans le secteur public de 150 dollars par mois, bien en deçà du coût d’une chimiothérapie, de nombreux patients n’ont pas les moyens de se soigner quand les médicaments sont toutefois disponibles. Souvent, les traitements ne sont en effet pas présentes faute de ne pas être importées.

Une régulation inefficace

Les générateurs diesel, censés être une solution de secours, sont devenus la principale source d’électricité au Liban. Bien que des tentatives de régulation aient été faites, la mise en œuvre reste défaillante. Les stations de contrôle de la qualité de l’air du ministère de l’Environnement sont hors service depuis 2019, malgré des fonds alloués par la Banque mondiale pour leur maintenance.

Newsdesk Libnanews
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