• La première mondiale de son dernier film, Suzie (& Jenny) a eu lieu ce samedi 21 octobre à Culver City dans le cadre du Festival de la Cinémathèque Américaine
  • Elle est membre du jury du festival FilAm Creative (Filipino-American Film Festival) du 3 au 5 novembre prochain à Los Angeles
  • Le festival pour lequel elle travaille en tant que Directrice des Opération, AWFF (Asian World Film Festival) est pour très bientôt, du 8 au 17 novembre prochain.

Pouvez-vous vous présenter ? 

Je m’appelle Marie Rouhban, j’ai 34 ans et je suis réalisatrice. Je suis par ailleurs franco-libanaise et j’habite à Los Angeles depuis 2021. 

Comment en êtes-vous arrivée ici ? 

Bien que le cinéma ait toujours été ma plus grande passion, je ne me suis pas immédiatement lancée dedans. En effet, après mon bac, mes parents n’étaient pas friands à l’idée de me laisser me lancer dans le cinéma, une industrie instable et pas toujours facile. Du coup, j’ai commencé mon parcours en écoles de commerce à Paris, à l’université Paris Dauphine puis à l’ESCP Europe en me spécialisant en marketing et stratégie. Je pensais en effet que les aspects touchant à la communication me permettraient de me rapprocher de ma passion. J’ai eu la chance de travailler pour de nombreux grands groupes, L’Oréal, Kraft Foods et Disneyland Paris et de participer à leurs campagnes de communication créatives. Au cours de mes 4 dernières années à Paris, j’étais à la tête d’une équipe de créatifs pour une startup dans le secteur de l’éducation. Notre mission était, entre autre, de créer le contenu vidéo pour les marques du groupe : le fait d’écrire et réaliser des vidéos à longueur de journée m’a permis de reconnecter avec cette passion d’enfance et j’ai ainsi décidé de déménager à Los Angeles pour quitter le monde publicitaire et me lancer dans le monde cinématographique. 

A quoi ressemble donc à présent votre quotidien ? 

Jamais 2 jours ne se ressemblent ! Mais ce que je peux vous dire, c’est que mes journées sont aujourd’hui composées à 100% de taches en lien avec le cinéma et j’en suis très reconnaissante. J’ai l’impression de connaitre un nouveau souffle et de jongler entre mes plusieurs casquettes : 

  • Parfois assise à mon bureau à écrire un scénario
  • De temps en temps en tournage, que ce soit pour un film que je réalise ou en tant que 1ère assistante de réalisation sur d’autres films
  • Je travaille pour le festival du film asiatique de Los Angeles (AWFF) en tant que directrice des opérations donc je suis amenée à organiser des évènements ou à assister à des projections dans ce contexte
  • Ou bien en réunion pour développer de nouveaux projets avec mes collaborateurs créatifs

Ce qui est sur, c’est que je ne m’ennuie pas et que j’ai l’impression de vivre un nouveau souffle depuis que j’ai déménagé ! 

Quelles sont vos influences cinématographiques ?

J’ai vraiment grandi et formé ma culture en regardant de tout… Je dois néanmoins avouer que les cinémas d’épouvante et d’horreur restent ceux qui ont le plus marqué ma cinéphilie. Je trouve que la peur est une émotion très intéressante à explorer, pas nécessairement dans le but d’effrayer le spectateur mais plus dans l’idée de se demander pourquoi nous avons peur. Nous gagnerions tous à être un peu plus en phase avec notre part d’ombre et ce qui nous effraie. Et j’aime donc proposer des films qui sont en lien avec cette noirceur à l’intérieur de nous, pas pour s’en débarrasser mais au contraire pour en être plus conscient et ne pas nous laisser déposséder par ce sentiment. C’est une réponse un peu longue à votre question mais disons que je me dirige du coup surtout vers l’humour noire et l’horreur psychologique dans ce que je fais. 

Pourtant, l’horreur n’est pas souvent considéré comme un genre très artistique. 

Tout à fait, vous avez raison ! Et je pense que c’est surtout car c’est le genre le moins cher à produire ce qui fait qu’il y a beaucoup de films d’horreur qui sont produits, c’est le moins coûteux. Cela mène à une floppée de très mauvais films et à beaucoup de généralités. Mais il faut reconnaitre que c’est un genre qui a énormément de films excellents depuis des décennies mais surtout qui gagne en crédibilité depuis quelques années. La preuve : Titane de Julia Ducourneau sacré Palme d’Or en 2021 ou encore Get out de Jordan Peele qui avait fait sensation aux Oscars à sa sortie. J’aimerai faire partie de cette génération de réalisateurs qui viennent réinventer les codes de l’horreur et proposer une réflexion créative et intelligente autour de ce genre. 

Et vous pensez qu’Hollywood est le meilleur endroit pour le faire ? 

Je ne sais pas trop.. Ce que je sais, c’est que j’apprends beaucoup ici et surtout très vite. Ayant déménagé à 31 ans, j’avais le sentiment d’avoir « du retard à rattraper » et il est vrai qu’à Los Angeles, il y a tout le temps des opportunités pour apprendre, travailler et rencontrer des gens dans ce milieu. Donc pour le moment, je pense que c’est le bon endroit pour gagner en expérience et me construire un réseau. Cela dit, je ne vous cache pas que mes pays d’origine me manquent et j’espère pouvoir à moyen terme me réinstaller en Europe. Je ne suis pas sure que le Liban soit le meilleur endroit pour le cinéma d’horreur mais je pense que les dynamiques qui existent dans la société libanaise restent proches de mon cœur et je n’exclue pas d’y faire un film un jour. 

Que pense votre famille aujourd’hui de ce déménagement, de ce nouveau projet de vie et de cette prise de risque ? 

Ce n’est pas toujours facile d’être aussi loin mais je pense qu’ils ont compris qu’il ne s’agissait pas d’un caprice d’ado et que j’étais réellement passionnée par cette industrie. Alors même si nous nous manquons mutuellement, je pense que me voir heureuse et épanouie vaut surement en vaut la peine. Et j’ai la chance de pouvoir leur rendre visite régulièrement aussi ! 

Pour ce qui est de la prise de risque, je pense qu’ils ne sont toujours pas très à l’aise avec cette notion mais je peux vous dire que personnellement, je suis ravie d’avoir sauté le pas. Ma vie est certes, bien plus instable et moins confortable en de nombreux points. Mais ca reste un plaisir de me réveiller le matin, bien plus que lorsque j’évoluais à Paris dans un milieu qui ne me correspondait pas. 

Quels sont vos projets pour la suite ? 

Enclencher un long métrage d’ici 3 ans je l’espère. Je travaille sur plusieurs projets en même temps, tous au stade de l’écriture pour le moment et j’espère pouvoir en développer un très prochainement. 

Pour aller plus loin

Jinane Chaker Sultani Milelli
Jinane Chaker-Sultani Milelli est une éditrice et auteur franco-libanaise. Née à Beyrouth, Jinane Chaker-Sultani Milelli a fait ses études supérieures en France. Sociologue de formation [pédagogie et sciences de l’éducation] et titulaire d’un doctorat PHD [janvier 1990], en Anthropologie, Ethnologie politique et Sciences des Religions, elle s’oriente vers le management stratégique des ressources humaines [diplôme d’ingénieur et doctorat 3e cycle en 1994] puis s’affirme dans la méthodologie de prise de décision en management par construction de projet [1998].

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