Al Joumhouriyat rapporte que les bombardements intensifiés sur Baalbek ont provoqué le déplacement de dizaines de milliers de personnes. Ce mouvement de populations, qui pourrait à terme atteindre près de 100 000 personnes, ajoute une pression supplémentaire sur un Liban déjà épuisé par des années de crise. Pour les autorités libanaises, la priorité est maintenant d’obtenir un cessez-le-feu qui permette de soulager cette pression humanitaire. Naguib Mikati, le Premier ministre, a engagé des pourparlers avec l’émissaire américain Amos Hochstein, dans l’espoir de parvenir à une trêve, mais les exigences israéliennes de démilitarisation au sud du Litani mettent à mal les efforts diplomatiques, créant un point de friction majeur au sein de l’échiquier politique libanais.
Selon Al Akhbar, le Hezbollah réagit fermement à cette intensification des frappes. Cheikh Naïm Qassem, nouveau leader du Hezbollah, a réaffirmé que le mouvement ne céderait pas face aux demandes israéliennes, soulignant la capacité du Hezbollah à engager une confrontation prolongée si cela est nécessaire pour préserver la souveraineté du Liban. Pour le Hezbollah, la question du sud du Litani est vitale, car elle représente une zone stratégique dans la lutte contre les incursions israéliennes. Cette position révèle l’importance que le Hezbollah attache à la défense territoriale, non seulement comme moyen de dissuasion, mais aussi comme symbole de résistance face à une ingérence étrangère perçue comme une menace pour l’intégrité du pays.
Actualité locale et front en particulier : Baalbek sous le feu
La crise humanitaire dans le nord de la Bekaa est au cœur des préoccupations actuelles. Al 3arabi Al Jadid décrit l’intensité des bombardements israéliens, qui ont ciblé des infrastructures civiles et des zones résidentielles, plongeant des milliers de familles dans l’incertitude et la peur. Ce flux massif de déplacés ajoute une pression sans précédent sur les ressources des régions d’accueil. Face à cette situation, les autorités libanaises et les ONG locales s’efforcent de mettre en place des structures d’accueil, mais les moyens logistiques et financiers manquent, ce qui rend la gestion de la crise particulièrement complexe.
An-Nahar souligne la précipitation dans laquelle les habitants de Baalbek ont dû fuir leurs foyers, créant des files d’attente interminables sur les routes principales menant aux zones sécurisées. La peur d’une intensification des bombardements israéliens pousse les familles à abandonner leurs biens, à se séparer parfois de leurs proches et à chercher refuge sans préparation ni soutien institutionnel. Le chaos provoqué par cet exode de masse reflète non seulement l’ampleur de la crise, mais aussi le besoin urgent d’une coordination humanitaire efficace. La réaction des autorités locales, bien que rapide, est néanmoins limitée par des infrastructures inadéquates et un manque de soutien international direct, malgré les appels à l’aide répétés.
Politique locale : Des négociations de cessez-le-feu sous conditions
Les négociations autour d’un cessez-le-feu révèlent des fractures profondes au sein de la scène politique libanaise. Al Bina’ rapporte que le Premier ministre Naguib Mikati, bien qu’engagé dans des pourparlers pour un cessez-le-feu, reste très prudent quant aux conditions imposées par Israël. Selon Mikati, un cessez-le-feu ne peut être acceptable que s’il ne compromet ni la souveraineté ni la sécurité nationale du Liban. Ainsi, la proposition israélienne de créer une zone démilitarisée au sud du Litani, impliquant le retrait du Hezbollah, est perçue comme une tentative de réduire l’influence militaire du parti chiite, ce qui pourrait affaiblir la position stratégique du Liban face aux menaces israéliennes.
Al Liwa’ souligne que ces divergences d’opinion au sein du gouvernement libanais compliquent les démarches de Mikati, qui doit jongler entre la nécessité de répondre aux pressions internationales et la défense de la souveraineté nationale. Le Hezbollah considère la zone sud du Litani comme essentielle à sa stratégie de défense, et toute concession dans cette région serait interprétée comme une perte stratégique. Certains acteurs politiques libanais, cependant, voient dans la crise actuelle une opportunité pour renforcer le rôle de l’armée libanaise dans cette zone, en conformité avec les résolutions internationales, tout en limitant l’influence du Hezbollah. Cette proposition reste toutefois sensible, car elle met en lumière la fragilité des équilibres politiques internes au Liban.
Politique internationale : Soutien et réprobation face à la situation libanaise
Le conflit actuel et les discussions autour du cessez-le-feu attirent l’attention de la communauté internationale, chaque acteur cherchant à influencer le résultat. Al Sharq Al Awsat rapporte que l’Arabie saoudite a récemment pris l’initiative de soutenir la cause palestinienne lors d’un forum international, rassemblant des dizaines de pays et organisations internationales. Ce soutien indirect à la résistance palestinienne est perçu comme un acte de solidarité envers la cause libanaise, soulignant l’interdépendance des enjeux régionaux au Moyen-Orient.
Al Quds mentionne que les États-Unis et la France sont également engagés dans des efforts diplomatiques pour stabiliser la situation au Liban, mais leur approche est marquée par un objectif clair : limiter l’influence de l’Iran et du Hezbollah dans la région. Pour les États-Unis, la pression exercée sur l’Iran, principal soutien du Hezbollah, vise à contenir l’influence militaire et politique de ce dernier au Liban. La France, pour sa part, prône une stabilisation immédiate de la situation, espérant que la mise en place d’un cessez-le-feu pourrait amorcer des négociations à long terme. Cependant, ces initiatives internationales ne font pas l’unanimité et sont perçues comme une ingérence par certains, d’autant plus que les tensions entre les grandes puissances mondiales exacerbent les divisions régionales.
Économie : Impact de la crise sécuritaire sur les finances
La situation économique du Liban, déjà en difficulté avant la crise actuelle, est maintenant au bord de l’effondrement. Al Sharq indique que la dévaluation de la livre libanaise face au dollar affecte profondément l’économie, touchant en particulier les importations de produits de première nécessité. Avec l’intensification des combats à Baalbek et l’afflux de réfugiés, les ressources alimentaires et les produits de base sont de plus en plus difficiles à obtenir, et les prix augmentent chaque jour, aggravant la crise pour les familles déjà en grande précarité.
Al Joumhouriyat évoque les répercussions à long terme de la crise sur l’économie libanaise. Les activités commerciales et agricoles dans la région de Baalbek, qui dépendent de la stabilité et de la sécurité, risquent de s’arrêter complètement, menaçant des milliers d’emplois et la subsistance des communautés locales. Le ralentissement économique s’accompagne d’une augmentation de la défiance envers les institutions financières, les Libanais préférant retirer leurs économies en raison de l’incertitude sécuritaire. Cette défiance aggrave la situation bancaire, entraînant une spirale de dévaluation et de perte de confiance qui rend la reprise de l’économie libanaise plus difficile.
Justice : Enjeux autour de la réponse juridique
La crise actuelle met en lumière les dysfonctionnements du système judiciaire libanais, souvent influencé par les jeux de pouvoir politiques. Al Akhbar rapporte que les enquêtes en cours sur les financements suspects de certaines factions politiques et milices révèlent des faiblesses dans la gouvernance judiciaire. La difficulté d’obtenir une coopération de la part de certaines figures influentes compromet les efforts de transparence et de justice, entravant les réformes judiciaires indispensables pour restaurer la confiance des citoyens.
Selon Al Diyar, le blocage des enquêtes sur les transactions financières, en particulier celles impliquant des fonds destinés à soutenir la résistance armée, a accentué le fossé entre les dirigeants politiques et la population. Les allégations de corruption, couplées à une transparence limitée, renforcent la frustration du public envers des institutions perçues comme étant sous l’emprise de factions politiques rivales, ce qui affaiblit la capacité du gouvernement à gérer efficacement la crise.
Société : Crise humanitaire à Baalbek
Al Liwa’ décrit la crise humanitaire qui s’aggrave chaque jour dans les zones d’accueil des déplacés de Baalbek. Les camps d’accueil sont surchargés, et les ONG locales, malgré leur mobilisation, peinent à subvenir aux besoins des déplacés en eau, en nourriture et en soins médicaux. Les conditions de vie des réfugiés deviennent critiques, créant un terreau propice aux maladies et à la propagation d’infections dues au manque d’hygiène.
Al Quds ajoute que cette crise humanitaire alimente des tensions communautaires, en particulier entre les réfugiés palestiniens et les communautés locales. La pression sur les ressources crée une concurrence pour l’accès aux biens essentiels, augmentant les risques de conflits intercommunautaires. Les autorités locales appellent à une intervention internationale d’urgence pour éviter une détérioration rapide de la situation, qui pourrait non seulement aggraver les divisions sociales mais aussi compromettre les efforts de stabilisation dans le pays.
International : Réactions et implications géopolitiques
Al 3arabi Al Jadid rapporte que les propos d’Emmanuel Macron, qualifiant certaines actions de la résistance palestinienne de « terroristes », ont suscité une réprobation virulente de la part des pays arabes, dont le Maroc. Ce commentaire a été interprété comme un soutien implicite à Israël et une politique à deux vitesses de l’Occident, qui condamne la résistance palestinienne tout en soutenant des opérations israéliennes à l’impact dévastateur pour les civils libanais et palestiniens.
Enfin, Al Bina’ souligne que la Russie et la Chine jouent un rôle de contrepoids face aux États-Unis en exprimant leur soutien à la cause palestinienne et en appelant Israël à cesser ses attaques. Ces deux puissances considèrent les résolutions de l’ONU comme essentielles pour une stabilité durable et avertissent que toute révision de ces résolutions pourrait entraîner une escalade de tensions, en particulier dans les zones sensibles du Moyen-Orient. Ce soutien stratégique renforce l’axe Russie-Chine-Iran et complique davantage la situation géopolitique au Liban.