Les derniers articles

Articles liés

Trump de retour au Proche-Orient : le spectre du transfert forcé des habitants de Gaza

- Advertisement -

Le retour annoncé de Donald Trump au Moyen-Orient, dans un contexte de guerre ouverte à Gaza, ravive les inquiétudes sur une possible stratégie de déplacement forcé ou “volontairement provoqué” des habitants palestiniens. L’ancien président américain, candidat à sa réélection, affiche un soutien sans réserve à la politique sécuritaire israélienne. À quelques jours de sa visite prévue au Qatar, en Arabie saoudite et aux Émirats, des éléments convergents laissent entendre que les discussions porteront notamment sur une issue territoriale à la crise de Gaza — dont la base serait une reconfiguration démographique du territoire.

Depuis plusieurs semaines, l’hypothèse d’un transfert “non contraint” de populations palestiniennes de Gaza vers des pays tiers est évoquée à demi-mot dans certains cercles diplomatiques. Donald Trump, lors d’une récente réunion à Palm Beach avec des donateurs et anciens ambassadeurs, a déclaré qu’“il faut cesser de fantasmer un retour à l’équilibre d’avant, Gaza ne peut plus être un espace viable pour ses habitants dans l’état actuel”. Il a aussi affirmé que “les pays arabes doivent prendre leurs responsabilités pour accueillir ceux qui veulent recommencer ailleurs.”

Ce langage, à la fois vague et programmatique, s’aligne avec les intentions exprimées par certains responsables israéliens, qui souhaitent favoriser l’exode des habitants par la pression militaire, humanitaire et logistique. Le ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich a déjà déclaré que “les habitants de Gaza finiront par partir d’eux-mêmes”, tandis que d’autres membres du cabinet évoquent ouvertement un “changement de paradigme régional”.

Le rôle des États-Unis dans cette reconfiguration s’annonce central. En visite au Qatar, Donald Trump prévoit de rencontrer des médiateurs clés dans le dossier du cessez-le-feu. Mais selon des sources proches de son entourage, il s’agirait aussi d’explorer la possibilité de créer des zones d’accueil provisoires à la frontière égyptienne ou même dans certaines régions jordaniennes ou saoudiennes, sous couvert de “solutions humanitaires innovantes”.

Cette orientation, si elle venait à se confirmer, constituerait une rupture majeure avec la doctrine américaine historique de soutien à une solution à deux États. Elle s’inscrirait dans une vision unilatérale, où la sécurité d’Israël prime sur la stabilité démographique palestinienne, et où le droit au retour ou au maintien des populations sur leur terre devient secondaire.

Les réactions ne se sont pas fait attendre. Le gouvernement de Ramallah a dénoncé une tentative de relance déguisée du “plan Trump” abandonné en 2021, qui proposait déjà une forme de redéploiement des populations palestiniennes. Le Hamas, quant à lui, a accusé l’ancien président de “prêter main-forte à une politique d’expulsion par la guerre”.

Du côté européen, plusieurs chancelleries expriment leur inquiétude quant à l’objectif réel de cette tournée. Le Quai d’Orsay a fait savoir qu’un “transfert même consenti, sous pression militaire, n’a aucune légitimité juridique”, et la chef de la diplomatie espagnole a rappelé que “le droit humanitaire impose le respect de l’intégrité territoriale des populations déplacées.”

À l’ONU, l’arrivée prochaine de Donald Trump ravive aussi le souvenir de son retrait du Conseil des droits de l’homme en 2018. L’actuel secrétaire général, Antonio Guterres, a affirmé que “tout projet de déplacement démographique doit être considéré à l’aune du droit international, et non d’un agenda bilatéral.”

Le scénario envisagé par Trump est en outre dénoncé comme impraticable par plusieurs ONG. L’UNRWA alerte sur l’absence d’infrastructures capables d’accueillir un afflux massif de réfugiés palestiniens dans les zones évoquées. Des analystes ajoutent que cette solution ne ferait que déplacer le problème, au lieu de le résoudre.

Il faut enfin noter la portée électorale de cette visite. En s’affichant comme acteur clé d’un nouveau règlement du conflit israélo-palestinien, Donald Trump cherche à renforcer son image de négociateur en chef. Pour ses partisans, cette posture est synonyme d’efficacité. Pour ses opposants, elle traduit un mépris absolu du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Si cette tournée s’achève sur une proposition concrète de réinstallation, alors elle pourrait être le point de départ d’un bouleversement régional aux conséquences durables. Pour l’heure, le simple fait qu’une telle option soit discutée montre à quel point la guerre à Gaza redessine les lignes rouges de la diplomatie internationale — et remet en cause les principes mêmes de souveraineté, de droit et de justice.

- Advertisement -
Newsdesk Libnanews
Newsdesk Libnanewshttps://libnanews.com
Libnanews est un site d'informations en français sur le Liban né d'une initiative citoyenne et présent sur la toile depuis 2006. Notre site est un média citoyen basé à l’étranger, et formé uniquement de jeunes bénévoles de divers horizons politiques, œuvrant ensemble pour la promotion d’une information factuelle neutre, refusant tout financement d’un parti quelconque, pour préserver sa crédibilité dans le secteur de l’information.