Une véritable scène d’exode a marqué ce lundi 17 août le hall des départs de l’aéroport international de Beyrouth.

Circulent ainsi sur les réseaux sociaux de nombreuses photos de personnes faisant la queue devant les comptoirs de l’aéroport pour quitter le Liban souvent définitivement. La crise économique, la crise financière avec la pénurie de dollars, les pénuries tout court et désormais, la crise du coronavirus COVID-19 et ses conséquences, mais surtout, l’explosion du port de Beyrouth, ont fini par convaincre de nombreux Libanais à quitter ce pays, ne croyant tout simplement plus y avoir un avenir.

Chaque départ, c’est comme un sang qui s’écoule, une hémorragie qu’on arrive pas à contrôler. Le Liban saigne de ses forces vives, celles qui peuvent changer les choses. Eux n’en peuvent plus de se battre….

Qui d’entre nous n’a pas d’amis qui n’ont pas décidé de partir ces deux dernières semaines, à tout laisser tomber, à prendre à les enfants voir parents et le bâton de pèlerin pour reconstruire une vie après avoir perdu la sienne ici, à laisser tomber son foyer construit par un dur labeur, même à laisser tomber l’idée de récupérer son argent des banques libanaises, ces autres voleurs, à passer à profit mais surtout à perte, une vie … celle de ceux qui croyaient encore dans le Liban.

Certains pays comme la France ont décidé d’ouvrir leurs frontières à la jeunesse libanaise pour l’accueillir, lui offrir la chance de pouvoir se former, avec l’espoir de les voir revenir ensuite, forts de leurs diplômes en poche pour reconstruire, des visas en dépit des régulations européennes qui ont placé le Liban sur une liste de pays ne bénéficiant pas du permis d’entrer dans l’espace Schengen, épidémie du coronavirus oblige.

Si la population libanaise quitte par un aller simple, la classe politique, qui affiche au Parlement ses liens quasi-incestueux avec les intérêts économiques, elle, reste victorieuse, ayant écarté, un peu plus à chaque départ, le risque de se voir tomber, elle, qui chancelait depuis octobre 2019, même si la communauté internationale ne lâchera pas le peuple et ne financera plus ces mafias comme elle l’avait précédemment fait lors de Paris I, II et III.

Ils n’ont pas compris encore qu’à chaque départ, c’est un peu du Liban aussi qui part ailleurs, son identité, sa richesse non pas pécuniaire comme celle qu’ils ont cumulé par leurs vols et par les détournements de fonds mais celle du savoir-vivre, et du savoir-faire.

À force, c’est une victoire à la Pyrrhus pour eux. Peut-être que les candidats au départ ont tout perdu mais la classe politique elle-même ira jusqu’à perdre ce pays parce qu’ils refusent, eux, de partir.