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Une frappe de drone israélienne à Yohmor al-Shaqif fait un mort

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Une frappe de drone israélienne a tué une personne et blessé trois autres ce lundi dans la ville de Yohmor al-Shaqif, située dans le gouvernorat de Nabatieh au sud du Liban, selon le ministère de la Santé libanais et l’Agence nationale d’information (NNA). Cet incident, qui s’inscrit dans une série d’attaques israéliennes persistantes malgré un cessez-le-feu en vigueur depuis le 27 novembre 2024, a ciblé deux membres présumés du Hezbollah, exacerbant les tensions dans une région déjà marquée par plus d’un an de conflit. Alors que les violations de la trêve se multiplient, cet événement met en lumière les fragilités de l’accord censé ramener la paix au Liban-Sud.

Une attaque ciblée aux conséquences collatérales

L’Agence nationale d’information a détaillé les circonstances de la frappe : « Un drone israélien a tiré un missile guidé sur une moto transportant deux personnes sur la route Hay al-Baydar à Yohmor al-Shaqif, touchant directement la moto, tandis qu’une camionnette qui passait dans la zone a été atteinte par des éclats du missile avant de s’enflammer. Un incendie s’est également déclenché dans un supermarché après avoir été endommagé par la frappe aérienne. » Le bilan officiel fait état d’un mort et de trois blessés, les dégâts matériels témoignant de l’impact de l’attaque au-delà de sa cible initiale.

L’armée israélienne a revendiqué l’opération, affirmant avoir visé « deux membres du Hezbollah qui servaient d’observateurs et dirigeaient des opérations terroristes » dans la région de Yohmor al-Shaqif. Cette justification s’inscrit dans une série d’actions israéliennes visant des cibles présumées du Hezbollah, malgré le cessez-le-feu signé en novembre 2024 après plus d’un an de hostilités, incluant deux mois de guerre ouverte avec une invasion terrestre israélienne. Yohmor al-Shaqif, située à une trentaine de kilomètres de la frontière, est proche de la rivière Litani, une ligne de démarcation clé dans l’accord de trêve.

Cet incident n’est pas isolé. Dans la nuit de dimanche à lundi, une autre frappe israélienne a ciblé les environs de la ville méridionale d’Ainata, tuant deux personnes, tandis qu’un hélicoptère Apache israélien a bombardé trois maisons préfabriquées dans la ville frontalière de Kfarkela. Le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a justifié l’attaque sur Ainata en déclarant qu’elle répondait à « une balle perdue tirée lors des funérailles d’un membre du Hezbollah », qui avait atteint le pare-brise d’un véhicule dans la communauté israélienne d’Avivim, au nord d’Israël. « Nous ne tolérerons aucun tir depuis le territoire libanais vers les communautés du nord – nous répondrons fermement à toute violation du cessez-le-feu », a-t-il ajouté.

Une série d’opérations israéliennes persistantes

L’armée israélienne a poursuivi ses opérations dans la journée, annonçant avoir attaqué un quartier général des forces Radwan du Hezbollah ainsi que des bâtiments liés au groupe dans le sud du Liban. Un hélicoptère a également frappé une deuxième fois les environs de Yaroun, une autre localité frontalière. Ces actions s’inscrivent dans une campagne quasi quotidienne de frappes israéliennes sur le territoire libanais depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, malgré les engagements pris dans l’accord du 27 novembre 2024.

Cet accord, négocié sous l’égide des États-Unis et de la France, avait mis fin à plus de 14 mois de conflit entre Israël et le Hezbollah, déclenché le 8 octobre 2023 en solidarité avec le Hamas après l’attaque de ce dernier contre Israël. La guerre avait atteint son paroxysme en septembre 2024 avec une offensive israélienne massive, comprenant des frappes aériennes et une incursion terrestre, qui a déplacé plus de 1,4 million de Libanais et causé des milliers de morts. Le cessez-le-feu prévoyait un arrêt des hostilités sur 60 jours, pendant lesquels Israël devait retirer ses troupes du sud du Liban, tandis que le Hezbollah devait se replier au nord de la rivière Litani, à environ 30 kilomètres de la frontière, et démanteler ses infrastructures militaires dans le sud.

Cependant, Israël n’a pas respecté le calendrier initial de retrait, fixé au 26 janvier 2025, prolongé ensuite au 18 février 2025 après des pressions internationales. Bien que les troupes israéliennes se soient retirées de la plupart des zones occupées, elles maintiennent une présence dans cinq positions jugées « stratégiques » le long de la frontière, une décision qui alimente les accusations de violation de l’accord. De son côté, le Hezbollah est tenu de respecter le retrait au nord du Litani, mais Israël affirme que le groupe n’a pas pleinement rempli cet engagement, justifiant ainsi ses frappes continues.

Un cessez-le-feu fragilisé par des violations récurrentes

Depuis l’entrée en vigueur du cessez-le-feu, Israël a mené des attaques quasi quotidiennes, ciblant des positions présumées du Hezbollah dans le sud, la vallée de la Bekaa et les banlieues sud de Beyrouth. Ces opérations ont causé des dizaines de morts et des centaines de blessés, selon le ministère de la Santé libanais, qui a documenté plus de 83 décès civils jusqu’en février 2025. La frappe de Yohmor al-Shaqif s’ajoute à cette liste, illustrant la difficulté à maintenir une trêve déjà mise à rude épreuve.

Le ministre Katz a réitéré la politique israélienne de « tolérance zéro » face à toute violation perçue du cessez-le-feu, une position qui reflète les objectifs déclarés d’Israël : empêcher le Hezbollah de reconstituer ses capacités militaires et sécuriser le retour des dizaines de milliers d’Israéliens déplacés du nord du pays par les tirs de roquettes du groupe. Cependant, cette approche unilatérale a suscité des critiques au Liban, où les autorités et le Hezbollah dénoncent une agression persistante contre la souveraineté nationale.

Le Hezbollah, bien que largement affaibli par la guerre de 2024 – qui a vu la mort de son leader Hassan Nasrallah en septembre et la perte estimée de milliers de combattants – reste une force significative. L’accord de trêve exigeait son retrait militaire du sud, mais des rapports contradictoires circulent sur le respect de cette clause. Le secrétaire général du Hezbollah, Naim Qassem, a affirmé fin janvier 2025 que le groupe respectait le cessez-le-feu, tout en laissant la responsabilité de contrer les violations israéliennes à l’État libanais.

Un Liban sous pression dans un contexte de crise

Cet incident intervient alors que le Liban traverse une période de fragilité extrême. La guerre de 2024 a laissé des cicatrices profondes : selon un rapport de la Banque mondiale de 2025, les coûts de reconstruction et de relèvement sont estimés à 11 milliards de dollars. La crise économique, débutée en 2019, continue d’asphyxier le pays, avec une monnaie dévaluée de plus de 97 % et une population majoritairement sous le seuil de pauvreté. La sécheresse de 2025 a aggravé la situation, limitant l’accès à l’eau et à l’électricité, tandis que les tensions avec la Syrie voisine, marquées par des violences transfrontalières récentes, ajoutent une couche de complexité.

Sous la présidence de Joseph Aoun, élu en janvier 2025, et le gouvernement de transition de Nawaf Salam, formé en février, le Liban tente de restaurer sa stabilité. L’armée libanaise, déployée dans le sud aux côtés de la FINUL (Force intérimaire des Nations unies au Liban) pour faire respecter le cessez-le-feu, est toutefois limitée par un manque de ressources, exacerbé par la crise économique. Cette faiblesse a permis à Israël de justifier ses frappes en arguant que l’État libanais ne parvient pas à empêcher les activités du Hezbollah dans le sud.

Une trêve en sursis et des enjeux régionaux

La frappe de Yohmor al-Shaqif met en lumière les fragilités d’un cessez-le-feu qui, bien qu’ayant réduit l’intensité des violences, n’a pas mis fin aux hostilités. Israël maintient que ses opérations visent à neutraliser toute menace émergente du Hezbollah, tandis que le Liban accuse son voisin de violer systématiquement la trêve, sapant les efforts de reconstruction et de retour des populations déplacées. Les cinq positions stratégiques encore occupées par Israël – dont les détails exacts n’ont pas été précisés – restent un point de friction majeur, symbolisant une souveraineté libanaise incomplète.

Dans ce climat tendu, la communauté internationale, menée par les États-Unis et la France, fait face à un défi : faire respecter un accord dont les termes prêtent à interprétation, notamment sur la notion de « légitime défense » invoquée par Israël. Sans mécanisme clair de sanction ou de médiation efficace, le risque d’une reprise des hostilités plane sur une région déjà épuisée par des années de conflit.

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