30 kilos et 21 grammes

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L’explosion de la bombe de 30 kilos ayant couté la vie de l’ancien ministre des finances du gouvernement Saad Hariri, Mohammed Chatah, visible depuis Jounieh à 40 kilomètres des lieux de l’attentat.

30 kilos, ce serait la charge d’explosifs estimés pour la bombe qui a explosé aujourd’hui au centre-ville de Beyrouth, faisant une quinzaine de morts dont l’ancien ministre des finances et proche de Saad Hariri et de Fouad Saniora, Mohammed Chatah.

Cette bombe, qui a explosée en plein coeur de la capitale, à Minet el Hosn, juste à coté du Starco, hébergeant des services publics critiques comme le ministère de la réforme administrative et donc pourtant zone supposée très surveillée, a fait plus de dégâts qu’il n’en parait. Cette zone hyper sécurisée représente le socle de l’Etat Libanais lui même, qui est désormais ébranlé au plus profond de lui, une faillite non  pas financière, on en est déjà loin mais une faillite sécuritaire désormais concrète après l’impuissance de l’État à contrôler les incidents du Nord Liban, à Tripoli, jusqu’à Arsal à l’Est ou jusqu’au Sud à Saida. L’Etat est devenue victime consentante d’un viol collectif perpétré par ceux qui refusent l’existence même d’un Liban.

Le Liban est en deuil, une nouvelle fois, emtourbillonné dans la démence de conflits qui ne le concernent pas, après les différents attentats qu’on a connu, à commencer par l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri qui a sonné, non pas seulement la fin de l’occupation syrienne du Liban mais également la boite à Pandore sécuritaire avec les derniers attentats du fait d’éléments extrémistes visant l’ambassade iranienne de Beyrouth.

L’Histoire est un éternel recommencement au Liban. En 1975, la guerre civile aurait commencée par l’assassinat du député Oussama Saad selon certains et non par l’autobus palestinien traversant la banlieue d’Ein Remmenah. De même l’attentat visant la représentation diplomatique iranienne, un double attentat du fait de militants islamistes sunnites, n’est pas sans rappeler celui ayant visé l’ambassade américaine de Beyrouth dans les années 80, attentat impliquant un noyau qui deviendrait plus tard le Hezbollah, chiite lui.

Aujourd’hui, l’histoire est un cycle, les victimes d’hier sont les bourreaux de demain, les bourreaux d’hier, les victimes de demain. Les Libanais n’ont jamais appris à sortir du cercle infernal qui a entaché de sang leur Histoire et à ce propos, les 30 kilogrammes d’explosifs ont suffit à faire perdre à chaque personne les 21 grammes, qui, dit-on, représentent du poids de l’âme.

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