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Crise de l’électricité au Liban : un effondrement imminent du réseau énergétique ?

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Le Liban traverse une crise énergétique d’une ampleur inédite, menaçant l’ensemble de son système d’approvisionnement en électricité. Les coupures dépassent désormais vingt heures par jour dans plusieurs régions du pays, laissant des millions d’habitants sans accès régulier à l’électricité. Électricité du Liban (EDL), la compagnie publique responsable de la production et de la distribution d’énergie, est en faillite technique, incapable d’acheter le carburant nécessaire au fonctionnement des centrales électriques.

La situation a atteint un niveau critique. Certaines zones du pays ne reçoivent plus que deux à trois heures d’électricité par jour, tandis que d’autres subissent des interruptions complètes de plusieurs jours consécutifs. Les infrastructures vieillissantes et le manque d’investissement aggravent encore cette crise, rendant l’effondrement du réseau de plus en plus probable. L’absence d’un plan de sauvetage concret et l’incapacité des autorités à financer un approvisionnement stable font craindre un black-out total dans certaines régions du pays.

Les conséquences de cette crise se font ressentir à tous les niveaux. Les ménages doivent s’adapter à une alimentation électrique imprévisible, ce qui complique les tâches du quotidien comme la conservation des aliments, l’utilisation d’appareils ménagers et même l’accès à l’eau potable, dépendant de pompes électriques. Les entreprises, elles, sont gravement affectées, car elles doivent s’appuyer sur des générateurs privés pour maintenir leurs activités, ce qui augmente considérablement leurs coûts d’exploitation. Dans un pays déjà en pleine crise économique, ces coûts supplémentaires forcent de nombreux commerces à réduire leurs horaires d’ouverture, voire à fermer définitivement.

Les infrastructures essentielles du pays sont également sous pression. Les hôpitaux, qui dépendent largement des générateurs privés, doivent composer avec des coûts d’alimentation en carburant qui explosent, mettant en péril la continuité des soins. Certains établissements de santé ont été contraints de réduire leurs services, concentrant l’électricité sur les blocs opératoires et les soins intensifs, au détriment d’autres services médicaux pourtant vitaux. La situation devient critique dans les régions les plus pauvres, où l’accès à l’énergie est déjà limité et où les moyens financiers ne permettent pas de recourir aux solutions de secours.

Face à l’aggravation de cette crise, plusieurs solutions alternatives ont été envisagées, mais elles restent limitéesLes importations d’électricité en provenance de la Jordanie et de l’Égypte, qui auraient pu soulager le réseau, ne suffisent pas à répondre à la demande croissante, notamment en raison des contraintes logistiques et des volumes d’énergie insuffisants. Les discussions sur la privatisation du secteur énergétique, qui pourraient ouvrir la voie à des investissements étrangers et à une meilleure gestion du réseau, sont bloquées par des tensions politiques. Les partis politiques libanais ne parviennent pas à s’accorder sur un modèle de privatisation acceptable, ce qui empêche toute réforme structurelle du secteur.

Si la situation continue de se détériorer, le Liban risque de connaître un black-out total dans certaines zones, ce qui aurait des conséquences désastreuses pour la population et pour l’économie du pays. Les citoyens se retrouvent livrés à eux-mêmes, forcés de payer des solutions alternatives coûteuses ou de vivre sans accès stable à l’électricité, dans un contexte économique déjà extrêmement précaire.

Les causes profondes de l’effondrement du secteur électrique

La crise actuelle du secteur énergétique libanais est le résultat de décennies de mauvaise gestion, d’absence d’investissement et de corruption systémique. Électricité du Liban (EDL), l’organisme public chargé de la production et de la distribution de l’électricité, n’a jamais été restructuré ni modernisé, et son modèle économique repose encore sur des subventions publiques inefficaces et un endettement croissant. La situation a empiré au fil des ans, atteignant aujourd’hui un point de rupture où la production nationale ne couvre plus qu’une fraction de la demande.

L’un des principaux problèmes qui freinent l’approvisionnement en électricité est le manque de financement pour l’achat de carburant. La production électrique du Liban repose presque entièrement sur des centrales thermiques fonctionnant au mazout et au gaz, ce qui signifie que chaque kilowattheure produit dépend directement de la capacité du gouvernement à importer ces ressources. Or, depuis la crise économique qui a éclaté en 2019, le gouvernement libanais n’a plus les moyens de financer ces importations.

L’État libanais est lourdement endetté et n’a plus accès aux marchés financiers internationaux, ce qui l’empêche de garantir des contrats d’approvisionnement à long terme. Par ailleurs, les fournisseurs internationaux refusent désormais de livrer du carburant à EDL à crédit, en raison de dettes impayées accumulées sur plusieurs années. Cette situation place le secteur énergétique dans une impasse : sans financement, il n’y a pas d’importation de carburant, et sans carburant, il n’y a pas d’électricité.

Au-delà du problème de financement, l’état des infrastructures électriques libanaises est un autre facteur majeur de la crise. La plupart des centrales électriques du pays sont vétustes, certaines ayant été construites dans les années 1970 et 1980 sans jamais bénéficier d’une modernisation significative. Le manque d’entretien et d’investissement a considérablement réduit leur rendement, rendant leur exploitation extrêmement coûteuse et inefficace.

Le réseau de distribution, lui aussi, est dans un état de délabrement avancé. Selon les estimations des experts du secteur, plus de 40 % de l’électricité produite est perdue avant d’atteindre les consommateurs, en raison de pertes techniques et de vols d’électricité non régulés. Ce taux est l’un des plus élevés au monde et constitue un handicap majeur pour la viabilité du système électrique.

La corruption et la mauvaise gestion au sein d’EDL ont également empêché toute réforme sérieuse du secteur. Les fonds alloués à la modernisation des infrastructures ont été détournés ou mal utilisés, et aucune transparence n’a été instaurée sur la gestion des finances de l’entreprise publique. La gouvernance du secteur énergétique est marquée par des nominations politiques basées sur le clientélisme plutôt que sur la compétence, ce qui a conduit à une inefficacité chronique et une incapacité à mettre en place des solutions durables.

L’absence de planification stratégique est un autre élément clé de cette crise. Le Liban n’a jamais investi dans le développement des énergies renouvelables à grande échelle, alors que le pays dispose d’un fort potentiel en énergie solaire et éolienne. Contrairement à d’autres pays de la région qui ont progressivement diversifié leur mix énergétique, le Liban est resté dépendant des hydrocarbures, ce qui l’a rendu extrêmement vulnérable aux fluctuations des prix du pétrole et aux problèmes d’approvisionnement.

Enfin, les solutions de secours actuellement mises en place sont limitées et coûteuses. Les générateurs privés, qui sont devenus la principale source d’électricité pour une grande partie de la population, sont extrêmement onéreux à entretenir, en raison de l’augmentation du prix du carburant et des taxes imposées sur les importations. Les importations d’électricité depuis la Jordanie et l’Égypte, bien que présentées comme une alternative viable, sont trop faibles en volume pour combler le déficit de production nationale, et leur financement reste incertain.

Sans une restructuration en profondeur du secteur, aucune solution durable ne pourra être mise en place, et la situation continuera de se détériorer, avec des coupures de plus en plus fréquentes et un accès à l’électricité de plus en plus inégalitaire.

Un risque croissant de black-out total dans certaines régions

La crise énergétique que traverse le Liban ne se limite plus à des coupures temporaires ; elle menace désormais de plonger certaines régions du pays dans un black-out total. Alors que l’approvisionnement en électricité devient de plus en plus erratique, certaines zones sont déjà privées de courant pendant plusieurs jours consécutifs, et l’absence de solutions concrètes laisse présager un effondrement total du réseau si rien n’est fait rapidement.

Les régions rurales et les zones périphériques des grandes villes sont les plus exposées à cette catastrophe. Contrairement aux quartiers plus aisés des centres urbains, ces régions ne disposent pas d’un accès généralisé aux générateurs privés, qui restent la seule alternative à la défaillance du réseau public. Dans certaines localités, les habitants doivent se contenter de deux heures d’électricité par jour, une situation qui devient de plus en plus intenable, notamment avec l’arrivée de l’été et la hausse des températures.

Dans les quartiers les plus pauvres de Beyrouth et de Tripoli, le problème est encore plus complexe. Même lorsque les générateurs privés sont disponibles, les coûts prohibitifs de l’électricité produite par ces systèmes empêchent une grande partie de la population d’y avoir recours. La flambée des prix du carburant et l’instabilité économique aggravent encore la situation, laissant les ménages vulnérables sans solution viable.

Les infrastructures essentielles du pays sont également en situation critiqueLes hôpitaux, qui dépendent uniquement des générateurs pour maintenir leurs services vitaux, doivent désormais rationner leur utilisation de l’électricité. Dans certains établissements, les interventions chirurgicales non urgentes sont reportées, et les services secondaires sont réduits ou suspendus afin de préserver l’énergie disponible pour les soins intensifs et les urgences. Cette situation met directement en danger la vie de nombreux patients et pèse lourdement sur un système de santé déjà affaibli par la crise économique.

L’approvisionnement en eau potable est également gravement menacé, car les stations de pompage fonctionnent grâce à l’électricité. Sans courant, la distribution d’eau devient impossible, ce qui entraîne des pénuries dans plusieurs régions. Certaines municipalités tentent de compenser ces interruptions en mobilisant des citernes d’eau, mais cette solution est inefficace et coûteuse à long terme.

Le secteur commercial et industriel est tout aussi touché. De nombreuses entreprises ont été contraintes de réduire leurs horaires d’ouverture ou de suspendre temporairement leurs activités, faute d’une alimentation électrique fiable. Certains grands groupes industriels, qui nécessitent une consommation énergétique importante, ont déjà annoncé des pertes financières massives et la fermeture de plusieurs unités de production. Cette instabilité énergétique empêche tout projet d’investissement, car aucun acteur économique ne peut se projeter dans un pays où le réseau électrique est en faillite totale.

Les conséquences économiques d’un black-out prolongé pourraient être désastreuses. Si la situation continue de se détériorer, les investisseurs étrangers et les entreprises libanaises risquent de relocaliser leurs activités vers d’autres pays, accentuant encore le chômage et la fuite des capitaux. Les petites et moyennes entreprises, déjà fragilisées par la crise financière, pourraient ne pas survivre à une telle instabilité énergétique, provoquant des fermetures en masse et une accélération de l’effondrement économique.

Face à cette menace de plus en plus pressante, le gouvernement libanais semble incapable d’apporter des solutions viables. Aucune stratégie d’urgence n’a été mise en place pour éviter un effondrement complet du réseau, et les mesures prises jusqu’à présent ne sont que des solutions temporaires incapables de stabiliser la situation.

Le Liban est ainsi à un tournant critique : si une réponse efficace n’est pas trouvée rapidement, des régions entières du pays pourraient être plongées dans l’obscurité totale pendant une durée indéterminée, affectant des millions de personnes et aggravant encore davantage la crise économique et sociale.

Un gouvernement paralysé face à l’urgence de la situation

Alors que le Liban se dirige inexorablement vers un black-out total, le gouvernement semble incapable d’adopter une stratégie efficace pour sortir de cette impasse énergétiqueLes décisions politiques essentielles pour réformer le secteur de l’électricité sont bloquées par des luttes d’intérêts et des calculs partisans, empêchant toute solution durable d’être mise en place. Les rivalités entre les différentes factions politiques freinent les réformes nécessaires, rendant la crise encore plus difficile à surmonter.

L’une des solutions envisagées depuis plusieurs années est la privatisation du secteur électrique, qui permettrait d’attirer des investissements étrangers et d’améliorer la gestion du réseau. Toutefois, ce projet est loin de faire l’unanimitéCertains acteurs politiques y voient une opportunité de moderniser le secteur et de réduire le poids du déficit public, tandis que d’autres redoutent qu’une privatisation profite uniquement à une élite économique déjà privilégiée. La méfiance de la population envers ce type de réformes, alimentée par des décennies de corruption et d’abus dans la gestion des services publics, complique encore davantage les discussions.

Les aides internationales, qui auraient pu constituer une solution temporaire, sont elles aussi limitées par l’incapacité du gouvernement à mettre en place des réformes crédibles. Des organisations comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international ont proposé des solutions financières pour redresser le secteur de l’électricité, mais ces financements sont conditionnés à la mise en œuvre de réformes structurelles, notamment la lutte contre la corruption et la restructuration d’Électricité du Liban. Or, ces conditions restent inacceptables pour une grande partie de la classe politique libanaise, qui refuse toute réforme qui risquerait de réduire ses marges de manœuvre et son contrôle sur les ressources publiques.

Face à l’absence de plan stratégique, les solutions mises en place jusqu’à présent ne sont que des mesures temporaires, sans réelle vision à long terme. L’importation d’électricité depuis la Jordanie et l’Égypte, bien que bénéfique, ne constitue pas une alternative suffisante à la production nationale, en raison des contraintes techniques et des volumes limitésLes générateurs privés, qui assurent une partie de l’approvisionnement en électricité, sont de plus en plus inaccessibles pour une grande partie de la population, ce qui accentue les inégalités d’accès à l’énergie.

L’un des autres défis majeurs reste l’absence totale de développement des énergies renouvelables, alors que le Liban possède un potentiel important en énergie solaire et éolienne. Contrairement à d’autres pays de la région qui ont investi massivement dans ces technologies pour diversifier leur mix énergétique, le Liban est resté dépendant des hydrocarbures, ce qui l’a rendu extrêmement vulnérable aux fluctuations des prix du pétrole et aux problèmes d’approvisionnement. Aucune initiative sérieuse n’a été engagée pour favoriser une transition énergétique qui permettrait de réduire cette dépendance et de garantir une source d’énergie plus stable et moins coûteuse.

L’impasse politique et l’absence de décisions structurantes condamnent donc le pays à une crise énergétique prolongée, qui risque d’aggraver encore davantage la situation économique et sociale déjà désastreuse. Si le gouvernement ne prend pas des mesures urgentes pour stabiliser le réseau électrique et garantir un approvisionnement minimal, le Liban risque de s’enfoncer encore plus profondément dans l’obscurité, avec des conséquences dramatiques pour l’ensemble de la population.

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