Entre Emmanuel Macron et Israël, une tension au sommet

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Une escalade verbale qui fait trembler la diplomatie

Le 30 mai 2025, les relations franco-israéliennes ont basculé dans une crise ouverte. En visite officielle à Singapour, Emmanuel Macron a haussé le ton, qualifiant la reconnaissance d’un État palestinien d’« exigence politique incontournable » et pressant les Européens de « durcir leur position collective » si la situation humanitaire à Gaza ne s’améliore pas. Ces déclarations ont provoqué une onde de choc. La réponse israélienne fut immédiate et cinglante : depuis un avant-poste de colonisation en Cisjordanie, le ministre de la Défense a promis de « construire l’État juif israélien » sur le terrain, accusant Macron de mener une « croisade contre l’État juif ». Cette passe d’armes illustre une fracture profonde, alimentée par des visions irréconciliables sur la question palestinienne et la guerre à Gaza.

Un contexte explosif : la reconnaissance de la Palestine et le blocage du processus de paix

Une position française en évolution

La France a historiquement soutenu la solution à deux États, pierre angulaire des accords d’Oslo signés en 1993 entre Israël et l’Organisation de libération de la Palestine. Ces accords, qui prévoyaient la création progressive d’un État palestinien aux côtés d’Israël, ont marqué un espoir de paix, sous l’égide de médiateurs internationaux. Mais cet élan s’est brisé face à une série d’obstacles : assassinats politiques, montée des tensions avec le Hamas, et expansion continue des colonies israéliennes. Depuis, Paris a maintenu une ligne diplomatique constante, plaidant pour une reconnaissance mutuelle et des négociations bilatérales.

Emmanuel Macron a toutefois infléchi cette approche. Lors d’un déplacement en Égypte en avril 2025, il a annoncé que la France pourrait reconnaître officiellement l’État palestinien en juin, dans le cadre d’une conférence à l’ONU. Cette initiative, soutenue par 148 pays selon un vote symbolique de l’Assemblée générale de l’ONU, vise à contourner le veto américain au Conseil de sécurité et à redonner vie à un processus de paix à l’agonie.

Macron, s’il procède à cette reconnaissance, laissera probablement une empreinte forte dans le monde arabe, à l’image de Charles de Gaulle, dont la politique extérieure a durablement influencé les relations franco-arabes. Mais le président français a posé des conditions strictes : des réformes palestiniennes, notamment la démilitarisation du Hamas et la libération des otages israéliens retenus depuis octobre 2023, et des garanties de sécurité pour Israël. Cette prudence reflète une volonté de ménager Jérusalem tout en répondant aux pressions internationales pour une avancée concrète.

Le blocage : colonisation et absence de dialogue

Le processus de paix est aujourd’hui dans une impasse totale. Depuis l’échec des dernières négociations directes en 2014, sous l’égide de l’ancien secrétaire d’État américain, aucun progrès significatif n’a été enregistré. La cause principale réside dans la politique de colonisation israélienne.

En mai 2025, le gouvernement israélien a approuvé la construction de 22 nouvelles colonies en Cisjordanie, portant à plus de 700 000 le nombre de colons dans les territoires occupés. Ces implantations, jugées illégales par l’ONU, morcellent le territoire palestinien, rendant la création d’un État viable géographiquement et économiquement presque impossible. Côté palestinien, la division interne aggrave la paralysie.

L’Autorité palestinienne, en place depuis 2005, est affaiblie par sa perte de contrôle sur Gaza, aux mains du Hamas depuis 2007. Ce schisme, combiné à l’absence d’élections depuis près de deux décennies, prive les Palestiniens d’une voix unifiée dans les négociations. Israël, de son côté, conditionne tout dialogue à la reconnaissance de son caractère juif et à la fin des violences, des exigences rejetées par les factions palestiniennes. Pour le Premier ministre israélien, la reconnaissance unilatérale prônée par Macron équivaut à une « récompense au terrorisme », un argument qui durcit encore les positions.

Une initiative française sous tension

L’annonce de Macron a été accueillie avec méfiance à Jérusalem. Le gouvernement israélien y voit une ingérence dans ses affaires intérieures et une menace existentielle, arguant que seule une négociation directe peut légitimer un État palestinien. En riposte, Israël a intensifié ses projets de colonisation, un message clair adressé à Paris et à la communauté internationale. Cette surenchère illustre le fossé entre les deux capitales : là où la France cherche à relancer la diplomatie par un geste symbolique, Israël mise sur le fait accompli pour imposer sa vision.

Gaza, l’épine dans le pied : une crise humanitaire qui divise

La guerre à Gaza, relancée en mars 2025 après une trêve fragile, a transformé l’enclave en un champ de ruines. Selon l’ONU, 100 % des 2,2 millions d’habitants sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë, avec des cas de famine signalés dans le nord. Les chiffres sont vertigineux : 50 000 morts, dont 70 % de femmes et d’enfants, et plus de 80 % des infrastructures détruites. Les frappes israéliennes sur Rafah, en mai 2025, ont suscité une indignation mondiale, avec des images de civils carbonisés diffusées en boucle sur les réseaux sociaux. Macron a fustigé les restrictions israéliennes sur l’aide humanitaire, qualifiant le blocus de « violation manifeste du droit international ». À Singapour, il a enfoncé le clou : « Laisser Gaza sombrer, c’est renoncer à notre humanité et à notre influence ». Israël rétorque que le Hamas détourne l’aide et utilise les civils comme boucliers humains. Des ONG dénoncent une « punition collective » systématique, interdite par les Conventions de Genève.

La France en tête d’une offensive européenne ? Une UE divisée

Macron veut mobiliser l’Union européenne pour peser sur Israël, mais l’UE reste un colosse aux pieds d’argile. L’Espagne et l’Irlande, qui ont reconnu la Palestine en 2024, appuient Paris, tandis que l’Allemagne et l’Italie, attachées à leur alliance avec Israël et les États-Unis, freinent des quatre fers. Cette cacophonie limite l’impact européen, d’autant qu’Israël peut compter sur le soutien de pays comme la Hongrie, farouchement opposée à toute sanction.

Vers la rupture ou le dialogue ? Trois scénarios possibles

Trois issues se dessinent. Une reconnaissance unilatérale par la France pourrait provoquer une rupture diplomatique, avec des mesures de rétorsion israéliennes comme la suspension des échanges militaires ou le rappel d’ambassadeurs. Une médiation, via l’Égypte ou les États-Unis, pourrait apaiser les tensions si un cessez-le-feu est négocié. Enfin, une conférence internationale sous l’égide de l’ONU reste une piste, mais elle bute sur les veto croisés au Conseil de sécurité.

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Newsdesk Libnanews
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