Je parle de cette perle méditerranéenne, ce petit coin de ciel de 10452 km² où le politique se conjugue au pluriel. Tandis que les grandes nations comme les États-Unis se limitent à deux candidats sérieux pour une élection présidentielle – Donald Trump et Kamala Harris, pour ne citer qu’eux – , notre cher pays fait mieux , beaucoup mieux. Ici , dans notre miniscule République, nous avons déjà plus de 10 candidats pour le poste suprême. Oui, dix candidats pour une superficie où on peut presque entendre l’écho de Beyrouth à Baalbek.
Je parle d’un exemple savoureux où, dans notre casa bien-aimée de Keserwan, nous avons un duel digne d’un feuilleton télévisé. Imaginez un homme qui se présente contre…le mari de la sœur de sa femme. Oui, vous avez bien lu. Au Liban, même les candidatures présidentielles se jouent sur le terrain familial. Pourquoi se limiter aux débats idéologiques quand on peut ajouter une pincée de drame conjugal et de querelles autour du mezze dominical ? Pendant ce temps, les Américains débattent les sujets comme l’économie mondiale ou la crise climatique. Nous , nous avons des conversations bien plus riches et complexes : “ Est-ce que ce candidat est suffisamment maronite? Et sa tante, elle est de quel village?” Tout cela, bien sûr, l’arrière goût familier des partages confessionnels et des alliances tribales. Mais soyons justes. Notre pluralité politique est une forme d’art, une expression démocratique unique au monde. Pourquoi limiter le choix à deux options, comme ces pauvres Américains ? Deux candidats pour un pays de 9.8 millions de km²? Nous, nous préférons les chiffres à deux même si notre pays entier tiendrait dans un coin de la Californie .
Je parle d’une diversité qui pourrait donner l’impression d’un joyeux désordre. Mais c’est aussi cela l’âme libanaise : faire beaucoup avec peu, ajouter des étages à une maison déjà instable, inventer des titres, des alliances, des rivalités là où il n’y en avait pas besoin.
Alors, chers compatriotes, ne vous inquiétez pas. Pendant que les grandes puissances s’enferment dans des choix binaires ennuyeux, nous continuons à prouver que le Liban n’est pas qu’un pays : c’est un théâtre, un carnaval, une mosaïque humaine où chaque maronite peut rêver d’être président…même dans une boîte d’allumettes . Et si jamais cela vous semble ridicule, rappelez-vous : au Liban, tout est possible…sauf, bien-sûr, élire un président à temps.
GMM