Mercredi, le Liban a annoncé avoir officiellement déposé une plainte auprès de l’Organisation internationale du travail (OIT), dénonçant des attaques meurtrières contre des dispositifs de communication à travers le pays en septembre, attribuées à Israël. Selon le ministre libanais du Travail, Mustafa Bayram, ces attaques constituent « une guerre flagrante contre l’humanité, contre la technologie et contre le travail », et la plainte vise à attirer l’attention de la communauté internationale sur un précédent qu’il juge « très dangereux ». Cet acte intervient alors qu’Israël intensifie ses frappes sur les bastions du Hezbollah au Liban, une escalade qui a provoqué de nombreuses victimes et des destructions massives.
1. La plainte du Liban et ses motifs
Le ministre Bayram a pris la parole à Genève lors d’un événement organisé par l’association des correspondants de l’ONU (ACANU), expliquant les motivations derrière la plainte déposée auprès de l’OIT. Selon lui, l’attaque israélienne aurait ciblé les dispositifs de communication – notamment des bips et talkies-walkies – utilisés par les membres du Hezbollah, entraînant la mort de dizaines de personnes et blessant des milliers d’autres à travers le Liban. Bayram décrit cet incident comme une attaque non seulement contre les infrastructures techniques, mais aussi contre les travailleurs qui utilisaient ces outils dans le cadre de leurs missions quotidiennes.
« En quelques minutes, plus de 4 000 civils sont tombés, entre martyrs, blessés et mutilés », a déclaré le ministre. Il a également décrit les effets dévastateurs de ces explosions, où de nombreux survivants ont perdu des doigts, voire leur vue. Pour Bayram, laisser de telles attaques impunies reviendrait à normaliser un type de violence qui pourrait, à terme, être répliqué ailleurs.
2. L’OIT comme forum de plainte : un choix stratégique
La décision de porter plainte auprès de l’OIT s’explique par le rôle que cette organisation joue dans la protection des travailleurs et la promotion de la sécurité au travail. Mustafa Bayram a souligné que les travailleurs affectés utilisaient des outils de communication dans le cadre de leurs tâches, et que leur explosion soudaine a transformé ces objets ordinaires en armes mortelles.
Pour Bayram, cette attaque constitue une violation manifeste des normes de sécurité et de santé au travail défendues par l’OIT. En déposant cette plainte, le Liban cherche à obtenir une reconnaissance officielle de l’infraction aux principes du « travail décent » promus par l’organisation. Cette démarche vise également à faire pression sur la communauté internationale afin qu’elle prenne des mesures contre des pratiques qu’il considère comme contraires à l’éthique et dangereuses.
3. Une escalade des attaques israéliennes sur le territoire libanais
Les tensions entre Israël et le Hezbollah se sont intensifiées en septembre avec une série de frappes israéliennes ciblant les zones de contrôle du Hezbollah au sud du Liban, à Beyrouth et dans la vallée de la Bekaa orientale. Le 23 septembre, des attaques de sabotage visant les dispositifs de communication ont marqué un tournant dans ce conflit de longue date. Ces actions, bien qu’officiellement non revendiquées par Israël, sont largement attribuées à l’État hébreu. Selon Bayram, « il est largement admis à l’international… qu’Israël est derrière cet acte odieux ».
La gravité de la situation est illustrée par les statistiques fournies par le ministère libanais de la Santé, qui décompte plus de 3 000 morts depuis la reprise des affrontements entre le Hezbollah et Israël en octobre 2023, dont 1 964 victimes depuis le 23 septembre. Ces chiffres témoignent de l’intensité du conflit et de l’impact humain qu’il exerce sur la population libanaise.
4. Un précédent dangereux pour la sécurité internationale
Pour Mustafa Bayram, les attaques visant des dispositifs de communication ouvrent la voie à une normalisation de pratiques dangereuses, dans lesquelles des objets de la vie courante deviennent des menaces mortelles. « Nous sommes dans une situation où des objets ordinaires, des objets que vous utilisez dans la vie quotidienne, deviennent dangereux et létaux », a-t-il déclaré. En soulignant la nécessité d’une réponse forte de la part de la communauté internationale, Bayram espère que la plainte déposée à l’OIT contribuera à sensibiliser le public à ces pratiques et à prévenir de futurs incidents similaires.
Selon lui, cette démarche est également une « obligation morale » pour le Liban, visant à défendre les droits des travailleurs et la sécurité au travail, non seulement au Liban, mais également dans le monde entier.
5. Vers une série de plaintes internationales contre Israël
Bayram a également indiqué que le Liban envisageait de déposer d’autres plaintes auprès de différentes instances internationales, dont l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Pour le ministre libanais, l’intensification des opérations israéliennes en territoire libanais représente une violation manifeste du droit international, et les autorités libanaises souhaitent « présenter une myriade de plaintes » pour dénoncer la gravité des crimes commis. « La quantité de crimes est énorme », a-t-il précisé, en référence aux récentes frappes aériennes israéliennes.
6. L’impact humanitaire et social du conflit
Le conflit actuel a provoqué le déplacement de plus d’un million de personnes au Liban, ajoutant une pression supplémentaire sur les ressources déjà limitées du pays. Les organisations humanitaires ont exprimé leurs préoccupations quant à la situation des déplacés, soulignant les besoins croissants en matière de santé, d’alimentation et de logement.
Le déplacement de populations est particulièrement problématique dans un pays qui fait déjà face à une crise économique sévère. L’arrivée massive de réfugiés internes exacerbe les tensions au sein des communautés d’accueil, malgré les efforts des autorités et des ONG pour fournir une aide d’urgence. Cette situation souligne l’importance de trouver une solution durable à la crise afin de permettre aux populations affectées de retrouver une stabilité.
7. La position internationale et les appels à l’intervention
La communauté internationale observe avec inquiétude l’escalade de la violence au Liban, bien que peu de démarches concrètes aient été entreprises pour atténuer la situation. Plusieurs organisations internationales et gouvernements ont lancé des appels à la retenue, exhortant Israël et le Hezbollah à respecter le droit humanitaire et à minimiser les souffrances infligées aux civils. Cependant, les efforts diplomatiques se heurtent à la complexité du conflit et aux intérêts divergents des puissances régionales impliquées.
La plainte du Liban auprès de l’OIT est perçue comme un appel à une plus grande implication de la communauté internationale. Elle rappelle également la nécessité de tenir les parties prenantes responsables de leurs actes dans le cadre des lois internationales, en particulier en ce qui concerne la protection des civils et des travailleurs.
La plainte déposée par le Liban auprès de l’OIT marque une étape importante dans sa stratégie visant à dénoncer les attaques israéliennes et à attirer l’attention de la communauté internationale sur les conséquences dévastatrices de ce conflit pour les civils. En choisissant de s’adresser à l’Organisation internationale du travail, le ministre Mustafa Bayram souhaite mettre en lumière l’impact des violences sur les travailleurs et promouvoir le respect des normes de sécurité au travail.
L’issue de cette démarche reste incertaine, mais elle illustre la volonté du Liban de chercher des recours juridiques face à des pratiques qu’il juge inacceptables. La communauté internationale est désormais mise face à ses responsabilités, et la plainte du Liban pourrait ouvrir la voie à d’autres actions juridiques pour mettre fin aux souffrances des civils. Dans l’attente d’une solution, les habitants du Liban continuent de faire face aux conséquences d’un conflit qui pèse lourdement sur leur quotidien et menace la stabilité de la région.