Le 28 avril 2025, les Forces libanaises, par la voix d’un communiqué relayé par l’Agence nationale d’information (ANI), lancent une attaque cinglante contre le Hezbollah. Elles accusent l’arsenal du parti d’avoir « poussé le Liban dans l’abîme » et ses actions aux frontières est d’« attiser les divisions internes ». Ces déclarations, prononcées dans un contexte de crise économique et sécuritaire, exacerbent les tensions politiques autour du rôle du Hezbollah.
Ce communiqué répond aux propos du député Ali Fayyad, qui a défendu la force populaire du Hezbollah tout en rejetant son désarmement. Pour les Forces libanaises, cette position compromet la souveraineté de l’État et aggrave les souffrances des Libanais.
L’arsenal du Hezbollah : un fardeau pour le Liban
Les Forces libanaises affirment que l’arsenal du Hezbollah est la cause principale des malheurs du Liban. « Le sillage des armes du Hezbollah a plongé le pays dans une crise dont il est difficile de sortir », déclarent-elles. Elles reprochent au parti d’avoir entraîné des destructions massives, notamment au cours des deux dernières années.
Trente villages frontaliers ont été rasés, des dizaines de localités endommagées, des milliers de Libanais tués et des dizaines de milliers blessés. Les pertes économiques, estimées entre 10 et 15 milliards de dollars, ont aggravé une situation déjà catastrophique. Ces chiffres, bien que non sourcés directement dans le communiqué, illustrent l’ampleur des dégâts imputés au Hezbollah.
Des actions aux frontières qui divisent
Les Forces libanaises ciblent spécifiquement les actions du Hezbollah à la frontière est du Liban. « Ce sont ceux qui lancent des projectiles depuis l’arrière des positions de l’armée libanaise qui attisent les divisions », accusent-elles. Ces tirs, menés sans coordination avec l’État, embarrassent le président, le Premier ministre, le ministre de la Défense et l’armée.
Ces agissements violent les accords passés avec la Syrie pour sécuriser la frontière est. Ils compromettent également l’accord de cessez-le-feu du 27 novembre 2024, approuvé par un gouvernement où le Hezbollah détenait une majorité ministérielle. Pour les Forces libanaises, ces actions sapent l’autorité de l’État et exacerbent les tensions internes.
Le refus du désarmement : un défi à la souveraineté
Les Forces libanaises critiquent l’insistance du Hezbollah à conserver son arsenal, malgré l’opposition d’une « majorité écrasante » des Libanais. Ali Fayyad, dans ses déclarations, a réaffirmé la force populaire du parti et rejeté toute ingérence étrangère dans la question des armes au nord du fleuve Litani.
Cette position est jugée incompatible avec l’accord de Taëf, signé en 1989, qui stipule que l’État doit avoir le monopole des armes sur l’ensemble du territoire. « Le Hezbollah a orchestré un coup d’État contre cet accord », accusent les Forces libanaises, reprochant au parti de violer les principes de souveraineté et de respect de l’armistice avec Israël.
Une popularité qui ne justifie pas tout
Ali Fayyad a vanté la force populaire du Hezbollah, le qualifiant de « parti le plus influent à l’échelle populaire ». Les Forces libanaises ne contestent pas cette base électorale, mais estiment qu’elle ne légitime pas le maintien d’un arsenal militaire. « Le Hezbollah doit se limiter à la vie politique, en acceptant l’influence que lui accordent les urnes », déclarent-elles.
Cette critique souligne l’importance de respecter les règles du jeu démocratique. Pour les Forces libanaises, le Hezbollah devrait se soumettre aux élections et aux institutions, plutôt que de s’appuyer sur ses armes pour imposer son influence.
L’accord de Taëf : un pilier bafoué
L’accord de Taëf, au cœur des critiques des Forces libanaises, est présenté comme la base d’un Liban souverain. Ce texte, qui a mis fin à la guerre civile, insiste sur le monopole de l’État sur les armes et le respect des accords internationaux, comme l’armistice avec Israël.
Les Forces libanaises accusent le Hezbollah de violer ces principes en maintenant son arsenal et en menant des actions militaires unilatérales. Cette attitude, selon elles, empêche l’émergence d’un État fort et unifié, une aspiration partagée par une majorité de Libanais.
Les relations internationales : une nécessité ignorée
Les Forces libanaises reprochent à Ali Fayyad de minimiser l’importance des relations internationales. En qualifiant la question des armes de « affaire souveraine » sans lien avec les États-Unis, Israël ou les pays arabes, le député semble rejeter le rôle des partenariats étrangers.
Pour les Forces libanaises, ces relations sont vitales pour financer la reconstruction du Liban et relancer son économie. « Même les États-Unis ne peuvent se passer de relations internationales », notent-elles, soulignant que le Liban doit renforcer ses liens avec l’Occident et les pays arabes pour surmonter la crise.
Une déconnexion des souffrances libanaises
Les Forces libanaises accusent le Hezbollah, à travers les propos d’Ali Fayyad, d’ignorer les souffrances du peuple libanais. « Certains semblent vivre sur une autre planète, insensibles aux douleurs du peuple, notamment au sud », déplorent-elles. Les habitants du sud, particulièrement touchés par les destructions récentes, attendent des solutions concrètes plutôt que des discours idéologiques.
Cette critique reflète l’exaspération d’une population épuisée par des années de crise économique, de conflits et de mauvaise gouvernance. Les Forces libanaises appellent à un État capable de répondre aux besoins des citoyens, en commençant par le désarmement des groupes non étatiques.
L’unité avec l’armée : un faux débat
Ali Fayyad a accusé certains acteurs internes de chercher à diviser le Hezbollah et l’armée libanaise. Les Forces libanaises rejettent cette accusation, affirmant que « ceux qui refusent le monopole de l’État sur les armes sont les véritables responsables des divisions ».
Les actions du Hezbollah, comme les tirs de projectiles depuis les zones contrôlées par l’armée, compromettent la crédibilité des institutions. Elles placent l’État dans une position délicate face à ses partenaires internationaux et régionaux, notamment la Syrie, avec laquelle des accords de sécurité ont été conclus.