On apprend ce matin que le Charles De Gaulle sera déployé au large du Liban et de la Syrie au lieu du Golfe Persique et cette nouvelle préfigure peut être un changement radical de la politique étrangère française concernant la Syrie et la mise en place une alliance globale contre le groupe terroriste Daech, comme le demandent nombreux en France, tant au niveau de la classe politique aussi bien de droite ou de gauche que parmi la population, cette grande coalition qu’appelait à  former hier le Président Français François Hollande devant le Congrès exceptionnellement réuni à  Versailles. La France a été frappée au coeur de sa capitale, Paris, la Russie a également été blessée dans sa chair et vient de confirmer aujourd’hui que l’avion du Sinaï a été victime d’un attentat à  la bombe, la Syrie subit ces terroristes depuis de nombreuses années, l’Irak également.

Cela amène à  plusieurs scénarios possibles dans l’optique des opérations de représailles contre Daech suite aux attentats ayant visés Paris ce vendredi 13 novembre et qui ont fait 129 morts, alors que du coté russe, Poutine annonce une intensification des frappes par les bombardiers basés à  Latakieh contre cette même organisation.

  •  un possible passage par la Turquie des avions de combats, chose improbable, il s’agit du chemin le plus long, hors le déploiement en zone méditerranéenne intervient justement pour raccourcir les distances;
  • une possible confrontation avec les Russes déployés à  Latakieh ou avec les Syriens. Ce scénario est aujourd’hui également improbable;
  • un possible retournement d’alliance et une coopération avec les russes et les syriens contre Daech comme le réclame de nombreux hommes politiques français de droite comme Francois Fillon et de gauche comme Mélanchon. Ce scénario semble être le plus probable à  l’heure actuelle et la venue du vaisseau amiral de la Royale semble confirmer ce retournement d’alliance qui devient globale contre ce terrorisme. 

Le Liban connait le régime syrien et en a souffert, certes, mais il connait également ce que peuvent endurer les minorités dont il a toujours été le refuge dans la région. Il y a pire que le régime syrien, il s’agit du fondamentalisme religieux, déjà  coupable des différents massacres qui ont jalonné l’Histoire du Moyen-Orient. On se souviendra des massacres de 1861, de la 1ère guerre mondiale ou le tiers de la population libanaise est morte, alors que les arméniens et les minorités religieuses chrétiennes disparaissaient dans les déserts syriens, etc… Oui pire que le régime syrien existe et les libanais le savent bien. Non le régime syrien n’a pas favorisé Daech, ce monstre appelé “Daech” trouve ses racines dans une perspective historique plus ancienne que le régime syrien dont l’affaiblissement mais également les guerres occidentales contre l’Irak ou l’échec de la paix entre Palestinien et Israélien ont favorisé l’essor comme un cancer.

Ces pseudo-spécialistes qui réfutent cette vision de la région ne sont donc pas sans savoir que de nombreuses erreurs ont été commises, aussi bien en Syrie qu’en Occident dans la manière de gérer le dossier du Moyen-Orient. Ils démontrent cette mauvaise foi et dévoilent les intérêts dont ils faisaient écho, celui de l’instabilité et de la guerre.

Il fallait favoriser une transition démocratique et non la guerre et cette transition ne pouvait être qu’à  long terme en coopération avec le régime actuel pour ne pas recommencer cette même erreur commise en Irak, cette erreur qui a favorisé l’essor de Daech. Ce qui n’admettent pas cette perspective historique n’ont rien compris même quand ils s’intitulent en Europe ou ailleurs, spécialistes de la région. Ce n’est pas en étant de passage qu’on s’imprègne de la complexité du Moyen-Orient.

Toujours est-il que le Liban également endeuillé par l’attaque ce jeudi 12 novembre de sa banlieue Sud par cette même organisation terroriste devrait proposer la mise à  disposition de ses bases militaires dont ses bases aériennes. Cette proposition, en cas de coopération avec les russes et les syriens ne devrait pas engendrée un veto de partis libanais, puisque le Hezbollah est également une cible des terroristes de Daech. La preuve en est d’autant plus forte que l’attentat de Bourj Barajneh a été un rare témoignage d’une quasi-unanimité de la population qui n’était  plus chiite, sunnite ou chrétienne mais libanaise, dénonçant à  l’unisson l’acte terroriste. C’est cette union nationale qui nous a tant de fois fait défaut que nous nous devons de cultiver aujourd’hui pour bâtir une Nation.

Déjà  avant les 2 attentats terroristes, on évoquait la mode à  disposition de la base de Hamat située à  proximité de Batroun et ou devait être basée une partie des équipements militaires de fabrication française destinés à  l’Armée Libanaise. On pourrait aussi en profiter pour remettre à  niveau avec l’aide française, les installations de Riyak et de Kleyat. Un autre avantage par rapport à  cette coopération, les unités de l’armée française pourraient mener avec l’accord du gouvernement libanais des opérations pour libérer nos militaires enlevés par ces sauvages et leurs alliés et sécuriser nos frontières. Ils en ont les moyens et nous cette volonté.

C’est l’heure de l’union sacrée qui doit prévaloir contre ces barbares, ces Attila des temps modernes qui pratiquent la destruction de la civilisation et la politique de la terre brûlée et tous les moyens sont bons pour s’en débarrasser. Le reste, les polémiques inutiles à  l’heure actuelle, peuvent attendre. 

François el Bacha

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