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Réformes bancaires au Liban : une avancée symbolique jugée insuffisante par le FMI

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Le Parlement adopte deux lois clés, mais les critiques internationales persistent

Le jeudi 24 avril 2025, le Parlement libanais a approuvé deux textes majeurs dans le cadre de la réforme attendue de son système financier : une nouvelle loi sur le secret bancaire et un code révisé de la monnaie et du crédit. Présentées comme des jalons importants vers une meilleure transparence, ces réformes sont néanmoins jugées insuffisantes par plusieurs partenaires internationaux, au premier rang desquels figure le Fonds monétaire international (FMI).

Une réforme du secret bancaire en demi-teinte

Un cadre élargi… mais des limites persistantes

La nouvelle loi sur le secret bancaire étend les pouvoirs d’accès à certaines autorités judiciaires et administratives, mais selon plusieurs experts et observateurs internationaux, elle reste insuffisante pour garantir une levée efficace du secret bancaire dans les cas de corruption systémique ou de fraude massive. Le FMI, dans ses précédentes évaluations, avait appelé à une suppression quasi totale du secret bancaire dans les affaires publiques, afin de permettre aux enquêteurs un accès direct et rapide à l’information. Or, la version votée maintient plusieurs filtres bureaucratiques et n’offre pas de garanties quant à la coopération institutionnelle.

« La loi va dans la bonne direction mais manque de mordant. Sans mécanisme automatique de levée du secret bancaire pour les infractions financières majeures, elle reste largement symbolique », explique un analyste du Carnegie Middle East Center.

Des institutions de contrôle affaiblies

Autre limite majeure : la capacité des institutions appelées à appliquer la loi, comme la Commission d’enquête spéciale ou la Haute autorité anticorruption. Faiblement dotées, souvent sous influence politique, elles risquent de se heurter à des obstacles structurels dans la mise en œuvre des dispositions.

Révision du code monétaire : des ajustements techniques, peu de réponses structurelles

Une modernisation du texte sans plan de transformation bancaire

Adopté parallèlement à la loi sur le secret bancaire, le nouveau code de la monnaie et du crédit introduit des améliorations techniques : définition du rôle de la Banque du Liban, supervision accrue, clarification des mécanismes de faillite bancaire. Mais il ne présente pas de stratégie claire de restructuration du secteur bancaire, pourtant sinistré depuis la crise de 2019. Le FMI a rappelé à plusieurs reprises que le Liban devait impérativement : identifier les pertes du secteur bancaire, répartir équitablement les pertes entre l’État, les banques et les grands déposants, assurer la protection des petits épargnants. Rien dans la version actuelle du code monétaire ne garantit une mise en œuvre de ces piliers. Le texte reste dépourvu de calendrier, de mécanismes d’application et de règles d’arbitrage claires entre créanciers et débiteurs.

Une session sous pression, entre affichage réformiste et réalité politique

Le rôle stratégique de Nabih Berri

Le président du Parlement, Nabih Berri, a profité de cette session à dominante économique pour réaffirmer son engagement à réexaminer la loi électorale municipale, notamment la question sensible de la parité confessionnelle à Beyrouth. Bien que cela n’ait pas donné lieu à un vote, sa déclaration a été perçue comme une manœuvre pour équilibrer le discours réformateur sur le plan économique avec des gages à la base politique. Cette stratégie illustre le double langage récurrent de la classe dirigeante libanaise : adopter des lois pour satisfaire les bailleurs internationaux tout en limitant leur portée réelle afin de ne pas remettre en cause les équilibres de pouvoir internes.

Un FMI sceptique, un pays toujours dans l’impasse

Des réformes jugées cosmétiques

Dans ses communiqués récents, le FMI a exprimé sa frustration face à la lenteur et au manque de profondeur des réformes engagées par Beyrouth. Les mesures adoptées, bien que symboliques, sont perçues comme des gestes de façade, sans véritable volonté d’engager le pays sur la voie d’une restructuration profonde.

« Les lois votées ne s’attaquent pas au cœur du problème : la faillite d’un modèle économique basé sur la rente, la dette et l’opacité financière », analyse un expert basé à Washington.

Les conséquences d’une stagnation

Faute de réforme crédible, l’économie libanaise reste en chute libre. La livre continue de perdre de sa valeur, les capitaux restent bloqués, et les banques refusent toujours de restituer les dépôts dans leur intégralité. La pauvreté touche désormais plus de 80 % de la population selon les dernières données de l’UNESCWA.

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Newsdesk Libnanews
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