Réformes

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L’appel du patriarche maronite Béchara Boutros Rahi et du secrétaire général du Hezbollah ainsi que  la crise actuelle dans la formation du prochain gouvernement démontre une nouvelle fois, l’instabilité chronique dont doit souffrir le Liban en raison d’un fonctionnement constitutionnel délicat, capable d’être asphyxié par toute et quelconque crise politique.

La Troika Historique des Accords de Taëf

La remise en cause des accords de Taëf n’est pas nouvelle, on peut se souvenir que non seulement des déclarations et de l’absolution du parlement libanais par le Premier Ministre Michel Aoun en 1989 suite à sa signature, mais également des déclarations de Nabih Berri estimant cet accord scandaleux et ne pouvant l’engager ou encore de Walid Joumblatt – contrastant avec son refus actuel -, estimant alors que ses signataires ne représentent plus rien, puisqu’élus en 1972 et donc leur mandat a expiré depuis un temps certain. Ces 2 dernières personnalités accepteront l’accord suite aux pressions syriennes de l’époque.

Cependant, les accords de Taëf n’ont pas terminé la guerre civile de 1975 à 1990 comme le considèrent beaucoup de Libanais, la poursuite des occupations israéliennes jusqu’en 2000 et syriennes jusqu’en 2005 ainsi que les différents conflits internes avec l’existence de milices libanaises (Amal et du Hezbollah) mais également palestiniennes avec les camps d’Ein Helwé ou de Nahr Bared, ce qui constitute la poursuite de la guerre sous une forme plus larvée et avec le constat de la défaite des courants nationalistes historiques libanais, essentiellement chrétiens.

Rencontre Bachar el Assad et Rafic Hariri en Aout 2004

A l’instabilité chronique d’une constitution largement inspirée par celle de la 3ème république française, le Liban a innové dans le pire, avec une instabilité chronique d’autre confessionnel. Il s’agissait donc de maintenir le Liban sous un état de tutelle via des puissances régionales – Syrie et Arabie Saoudite – et internationales, les USA, afin de régler les différents conflits entre autorités libanaises, à savoir la fameuse troïka, présidence, premier ministre et président du Parlement. Nous avons eu, faute d’arbitrage local, vu les différents conflits entre les Présidents Hraoui et Lahoud et le Premier ministre Rafic Hariri, être réglés à Damas. C’est faute d’arbitrage qu’actuellement, la crise politique se poursuit d’ailleurs.

Cependant, la crise actuelle devrait définir de nouvelles normes constitutionnelles, vers un renforcement de l’exécutif, c’est à dire des prérogatives présidentielles qui ne pourrait plus être « un présent-absent » du Conseil des Ministres en raison de l’absence de droit de vote, une diminution des prérogatives du Premier Ministre et du Conseil des Ministres via un renforcement des pouvoirs des ministres eux-mêmes qui ont moins de droits et de devoir que de hauts fonctionnaires comme a démontré la démission de Ziad Baroud suite au refus du commandant des FSI Ashraf Rifi de lui obéir dans l’affaire du réseau 3G d’Ogero ou encore le cas du directeur général de cette dernière organisation face au ministre des télécoms Charbel Nahhas.

Ce genre de réformes se heurtera donc obligatoirement à cette mafia qui s’auto-entretient depuis de nombreuses années sous le couvert d’institutions telles qu’Ogero ou le CDR, protégées par la mise en tutelle des services de sécurité par des hommes de lige.

L’autre versant de la réforme ne devra oublier la déconfessionnalisation du système politique qui a été renforcée par les accords de Taëf, « au maronitisme » politique mais constitutionnellement inexistant, y a été substitué le sunnitisme tout puissant du Hariristan, via l’appui de la communauté sunnite. Ce fonctionnement féodal a été renforcé au niveau de la communauté chiite également, tandis que la communauté chrétienne historiquement opposée à ses accords, restait divisée. Il fallait diviser pour régner et ces divisions demeures aujourd’hui. Il ne s’agit non pas d’appeler à un renforcement des divisions inter-communautaires au détriment des divisions intra-communautaires, mais à un renforcement de la démocratie, non pas au sein de la communauté chrétienne, qui par ses divisions est démocratique, mais au sein des communautés sunnites et chiites en particulier ou l’alternative politique n’existe pas vraiment.

A ces vœux pieux, les zaims de ses communautés feront bien entendus preuves de résistance.

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