1. Les mouvements de protestation et la crise budgétaire au Liban :
Les manifestations des militaires retraités à Beyrouth contre le projet de budget 2025 reflètent une colère généralisée dans le pays face aux conditions économiques et sociales. Ces derniers ont réussi à bloquer la session du gouvernement prévue pour discuter de la nouvelle loi de finances. Le Premier ministre intérimaire, Najib Mikati, s’est vu contraint de reporter la session, soulignant l’ampleur de la contestation.
Cette crise budgétaire survient dans un contexte d’effondrement économique qui a déjà vu la monnaie nationale, la livre libanaise, perdre près de 90 % de sa valeur depuis 2019. Alors que le budget de 2025 s’inscrit dans la continuité des politiques d’austérité mises en place en 2024, sans réformes structurelles, le mécontentement social s’amplifie. Anis Abou Diab, membre du Conseil économique et social, a mis en avant le manque de réformes fiscales et sociales dans ce projet de budget, tout en soulignant qu’il n’imposait pas de nouvelles taxes aux couches les plus vulnérables.
Le problème des salaires des fonctionnaires et des militaires retraités reste au cœur des revendications. Bien que certains mois, des primes supplémentaires soient prévues, les retraités dénoncent la perte de pouvoir d’achat qui continue de peser lourdement sur leur quotidien. Pour l’heure, le gouvernement a annoncé vouloir financer les augmentations par une amélioration des recettes fiscales et une lutte renforcée contre l’évasion douanière, mais ces mesures semblent insuffisantes face aux attentes de la population. Le bras de fer entre l’État et les militaires retraités pourrait se poursuivre, avec des actions de plus en plus radicales dans les semaines à venir.
2. Conflit à Gaza et tensions avec Israël :
Le conflit entre Israël et Gaza, qui a commencé en octobre 2023, ne montre aucun signe d’apaisement. L’armée israélienne poursuit ses opérations militaires intensives à Gaza, visant non seulement les infrastructures militaires du Hamas, mais également les populations civiles. Le refus catégorique d’Israël de toute trêve accentue le désespoir dans l’enclave palestinienne, où les conditions de vie deviennent de plus en plus dramatiques.
Les attaques récentes, notamment la destruction de camps de réfugiés à Khan Younès, ont été dénoncées comme des crimes de guerre par plusieurs ONG et institutions internationales. L’utilisation de bombes américaines pour ces frappes a ajouté à l’indignation mondiale, notamment dans les pays arabes et musulmans. Walid Joumblatt, leader druze libanais, a mis en garde contre les ambitions israéliennes de déplacer le conflit à la Cisjordanie, affirmant que le projet sioniste vise à annexer progressivement ces territoires.
Parallèlement, Israël semble préparer le terrain pour une offensive au Liban contre le Hezbollah. Le ministre de la Défense israélien, Yoav Gallant, a récemment déclaré que le front nord devenait la priorité, avec la mobilisation de troupes et de matériels militaires près de la frontière libanaise. Cette menace d’une nouvelle guerre au Liban est prise très au sérieux par les responsables libanais et internationaux, qui craignent une extension du conflit. Dans ce contexte, la communauté internationale intensifie ses efforts pour contenir les tensions, bien que la situation sur le terrain reste instable.
Le Hezbollah a, quant à lui, perdu l’un de ses dirigeants militaires, Mohammed Qassem Al-Shaar, lors d’une frappe israélienne dans la région de la Békaa, un événement qui pourrait intensifier les ripostes de la résistance libanaise. La possibilité d’une escalade militaire avec Israël plane sur le Liban, alors que des efforts diplomatiques sont en cours pour éviter un embrasement général de la région.
3. Les efforts diplomatiques et la situation internationale :
Face à l’escalade du conflit à Gaza et aux menaces sur le front nord du Liban, des initiatives diplomatiques sont en cours pour tenter de rétablir une forme de stabilité dans la région. Le diplomate européen Josep Borrell est en visite au Liban pour deux jours afin de rencontrer les principaux dirigeants du pays, notamment le président du Parlement, Nabih Berri, et le Premier ministre intérimaire, Najib Mikati. L’objectif de cette visite est de discuter des répercussions régionales du conflit à Gaza, de la situation politique au Liban, ainsi que des tensions à la frontière sud du pays avec Israël.
En parallèle, les négociations pour un cessez-le-feu à Gaza semblent être dans l’impasse. Les États-Unis, qui soutiennent fermement Israël, ont tenté de présenter une nouvelle proposition de paix, mais cette initiative a été retardée en raison de l’intransigeance israélienne. Le Premier ministre Benjamin Netanyahu continue de poser des conditions jugées inacceptables par les Palestiniens et leurs soutiens internationaux. La Cour pénale internationale est également sollicitée pour enquêter sur les crimes de guerre présumés commis par l’armée israélienne, mais les avancées sur ce front sont lentes et semées d’embûches.
Dans ce contexte de tension, les pays européens et arabes cherchent à maintenir un dialogue avec Israël et le Hezbollah, tout en essayant d’éviter une nouvelle guerre ouverte au Liban. Cependant, la situation est rendue encore plus complexe par l’absence de perspectives politiques claires au Liban, un pays toujours sans président, et dont le gouvernement est paralysé par les luttes internes.
4. Le dossier présidentiel libanais :
Le Liban est sans président depuis près de deux ans, plongeant le pays dans une impasse politique qui paralyse toutes les réformes nécessaires à sa survie économique. Les récents efforts diplomatiques, notamment la formation d’une commission des cinq (composée de la France, des États-Unis, de l’Arabie saoudite, de l’Égypte et du Qatar), n’ont pas permis de débloquer la situation. Selon des sources citées par Al Joumhouria, la prochaine réunion de cette commission, prévue le 14 septembre, pourrait déboucher sur des propositions concrètes, bien que le pessimisme règne.
Le président du Parlement libanais, Nabih Berri, a relancé ses appels au dialogue entre les différentes factions libanaises afin de trouver un consensus sur la question présidentielle. Mais jusqu’à présent, les principales forces politiques restent divisées sur le choix d’un candidat acceptable par toutes les parties. Certains espèrent que la pression internationale pourrait pousser les leaders libanais à prendre des décisions, d’autant plus que la situation économique et sécuritaire devient de plus en plus critique.



