Une loi (électorale) pas très orthodoxe

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Une nouvelle proposition de loi électorale ferait actuellement son (triste) chemin parmi les dirigeants de la communauté chrétienne. Il s’agirait d’une proposition faite par la communauté orthodoxe et la proposition « phare » de cette loi serait l’élection des députés des communautés par les membres de la communauté elle-même. Peu de détails circulent en réalité, on ne sait pas si cette proposition tout d’abord considère les chrétiens d’un coté et les musulmans de l’autre ou si chaque communauté elle-même élit ses représentants, à savoir si les maronites voteront pour les maronites, etc…
La deuxième interrogation est de savoir si « ce vote » serait sur une échelle locale ou sur une échelle nationale.

Cette proposition serait en fait, le résultat malheureux de l’ouverture de la boite à Pandore lors des élections législatives de 2009 ou des députés chrétiens n’ont pas été élus par leur électeurs mais des personnes ayant changé la localisation de leur état-civil et appartenant à d’autres communautés. On se souvient ainsi du résultat du vote dans la circonscription de Zahlé ou l’on s’attendait à une victoire écrasante de l’opposition d’alors et ou des électeurs sunnites transférés du Akkar ont changé la donne. Cela fut également le cas au Koura, ce qui avait provoqué un certain étonnement de la communauté orthodoxe qui a du, malheureusement arriver à cette proposition. Cette boite de Pandore ayant été ouverte, toutes les responsabilités devraient être dirigés vers celles et ceux qui en ont été responsables et qui essayent de faire diversion aujourd’hui.

Bien entendu, d’autres font d’autres calculs comme la perte d’influence qu’ils pourraient ainsi subir, ces victimes étant les principaux dirigeants sunnites et druzes notamment pour diverses raisons, la communauté sunnite pouvant alors exprimer, suffrage proportionnel oblige une plus grande diversité électorale, notamment sur les extrêmes malheureusement qui semblent aujourd’hui beaucoup plus s’exprimer à Saïda dernièrement, les druzes perdant le levier qu’ils possédaient dans le Chouf ou à Aley sur l’élection des députés chrétiens entre autre. C’est ainsi qu’il faudra également comprendre leur refus qu’une telle proposition puisse voir le jour.

Cependant, on ne corrige pas une erreur par une autre erreur. Cette loi électorale a plus d’inconvénients et de désavantages que d’avantages. Elle renforce évidemment un système sectaire, elle pose des questions logiques sur différents scénarios. Si l’échelle électorale est locale, est-ce que cela voudrait dire que les membres des communautés n’ayant pas de candidats à la députation sont exclus du processus électoral? Cela n’est pas très démocratique.
Tant bien même que ces élections aient lieu sur une échelle nationale, cette proposition rompt la nécessaire proximité du candidat en contact avec ses électeurs.
La dernière question est celle de la diversité, est-ce que l’éclatement ou la diversité des blocs devenus communautaires pourraient amener à une plus grande instabilité de l’exécutif libanais?
Personnellement, il faudrait plutôt revenir sur une loi électorale avec une circonscription uninominale sans mention communautaire et avoir des votants-résidents et non des manipulations des listes électorales comme ce fut le cas précédemment via des déménagements des états-civils.

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