Une dégradation continue du cadre de vie urbain
Dans l’édition 2024 du classement mondial de la qualité de vie publié par le cabinet Mercer, la ville de Beyrouth a été classée 211e sur 241 villes évaluées. Elle occupe également la 16e place sur 22 dans la région MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord). Ce classement, basé sur une méthodologie comparative stricte, mesure des critères tels que l’environnement sociopolitique, les services publics, la santé, l’éducation, le logement, ou encore l’accès aux infrastructures.
Avec cette position, la capitale libanaise se situe parmi les dix dernières villes du classement mondial, entre Djibouti (198e) et Nouakchott (226e), loin derrière les principales capitales de la région.
Ville MENA sélectionnée | Rang mondial 2024 |
---|---|
Dubaï | 83 |
Abou Dabi | 85 |
Doha | 109 |
Tunis | 129 |
Amman | 137 |
Le Caire | 190 |
Djibouti | 198 |
Beyrouth | 211 |
Nouakchott | 226 |
Tripoli | 232 |
Damas | 235 |
Bagdad | 240 |
Khartoum | 241 |
Une méthodologie exhaustive qui reflète les réalités quotidiennes
Le classement Mercer est basé sur une analyse approfondie des conditions de vie des expatriés, dans le cadre des politiques de mobilité internationale des entreprises. Il évalue plus de 40 critères objectifs répartis en dix catégories, incluant :
- Stabilité politique
- Santé publique
- Éducation
- Logement
- Environnement naturel
- Infrastructures de transport et de télécommunications
- Services bancaires et administratifs
- Loisirs et culture
- Pollution et climat
À travers ces critères, la performance de Beyrouth reflète la détérioration progressive du cadre urbain, fortement impacté par la crise financière, l’absence de réformes municipales, la faiblesse des investissements dans les services de base et la dégradation des infrastructures.
Comparaisons internationales : l’écart se creuse
Le top du classement est dominé par les villes européennes, avec en tête Zurich, suivie de Vienne et Genève. Ces métropoles sont saluées pour leur sécurité, leurs services publics performants, leur accessibilité et leur durabilité environnementale. En comparaison, les villes comme Beyrouth souffrent de services de base défaillants, d’inégalités sociales élevées, d’infrastructures vétustes et d’une pollution croissante.
En Asie, Singapour est la seule ville du continent à figurer dans le top 50 (30e), tandis que Vancouver est la première ville d’Amérique du Nord (7e).
Poids des crises cumulées sur la ville
Beyrouth subit les conséquences d’une triple crise politique, économique et institutionnelle. Les coupures d’électricité, les difficultés d’accès à l’eau potable, les problèmes de collecte des déchets, l’explosion du port en 2020 et les séquelles de la guerre de 2024 ont dégradé le cadre de vie. Le manque de régulation urbaine, les embouteillages chroniques et l’érosion de l’offre scolaire et médicale privée accentuent encore les disparités entre quartiers.
La ville, historiquement perçue comme un centre culturel et financier régional, peine aujourd’hui à répondre aux standards internationaux minimaux en matière de services urbains.
Conséquences économiques et diplomatiques
Ce classement est un indicateur important pour les multinationales, les ambassades, les organisations internationales et les fonds d’investissement, qui l’utilisent pour décider des affectations de personnel, des conditions d’expatriation et des plans d’investissement urbain. La faible position de Beyrouth risque de limiter l’attractivité de la ville pour les cadres étrangers, les ONG et les sociétés internationales.
Des leviers d’amélioration à mobiliser
Pour espérer remonter dans ce classement, plusieurs pistes peuvent être envisagées :
- Régénération des infrastructures de base
- Réforme du transport public
- Développement des services de santé accessibles
- Mise en place d’une gouvernance locale transparente
- Partenariats publics-privés pour la modernisation urbaine
Une politique urbaine cohérente et soutenue pourrait transformer ces indicateurs en opportunités de relance territoriale, à condition de bénéficier de financements multilatéraux et d’un climat politique stabilisé.