Cinémascope d’une inconscience?

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Au spectacle, on cherche une escapade du quotidien vers un espace inhabituel. L’aventure, le suspens, le drame, la compassion et tant d’autres scènes retiennent l’attention pour sourire au plaisir. Elles permettent au spectateur d’exprimer un libre choix au delà des contraintes quotidiennes. Cependant, chez nous, un effrayant constat balaie le bon sens ainsi que celui des priorités récréatives des gens. Il traduit étrangement la place “habituelle” accordée à un chaos climatisé faute de pouvoir concilier un ordre nécessaire à l’ordinaire. Il est devenu si souhaitable qu’on irait jusqu’à rêver de ne plus se soucier des choses élémentaires rien que pour un jour !

La considération “suprême” des circonstances politiques “exceptionnelles” mènera à suspendre le rythme courant de la citoyenneté. Elle va sensiblement freiner la reconnaissance et la gérance des responsabilités communes: Celles qui sont inhérentes au rôle, à la position, aux priorités et aux devoirs inhérents à chacun. Chez nous, comme nulle part au monde, des gestes les plus simples, aux comportements les plus évidents jusqu’aux décisions mineures, l’absence d’initiatives sérieuses domine avec le pourrissement des commodités. Ainsi, le cycle évident de la lumière face à l’obscurité, la fonction d’un robinet ouvert, la platitude d’une route éclairée, les rapports entre des individus qui admettent et corrigent leurs erreurs semblent n’appartenir qu’à un horizon  d’objectifs fictifs.

Cependant, malgré au moins 40 années anormalement vécues au Liban, transpercées d’obstinations, de blocages, de conflits meurtriers et de guerres destructrices, de nombreux responsables continuent à regarder autre part! Cela voudrait-il dire que l’influence permanente des impacts géopolitiques des voisins et de la région rythmerait désormais nos rituels au présent et à l’avenir? N’aurait-on droit sur notre sol qu’au déroulement de leurs débordements où  on participerait en acteurs locaux déjà choisis par des décideurs étrangers? Nos salles deviendraient-elles le passage obligé de leurs projections pour rester en dehors de notre propre identité et jouer de nos vies pour l’histoire des autres? Silence, on projette un cri rarissime. Cette fois il émane de notre population sur le grand écran: Cinémascope d’une fatale inconscience!?

Joe Acoury.

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