Une balance commerciale encore déficitaire malgré un recul des importations
En 2024, le Liban a enregistré un déficit commercial de 14,2 milliards de dollars, selon les données du Haut Conseil des Douanes. Ce niveau représente 50 % du produit intérieur brut (PIB), un des ratios les plus élevés de la région MENA et des économies émergentes, illustrant une vulnérabilité persistante sur le plan du commerce extérieur.
Le déficit est le résultat d’une chute simultanée des importations et des exportations, respectivement en baisse de 3,5 % et 9,6 % sur un an. Cette dynamique négative reflète les effets prolongés de la guerre, la contraction du pouvoir d’achat domestique, ainsi que les perturbations logistiques affectant la chaîne d’approvisionnement nationale.
Année | Importations (M USD) | Exportations (M USD) | Déficit commercial (M USD) |
---|---|---|---|
2023 | 17 506 | 2 986 | 14 520 |
2024 | 16 900 | 2 700 | 14 200 |
Variation % | -3,5 % | -9,6 % | -2,2 % |
Structure du commerce : voitures et produits électriques en fort recul
Les importations ont été tirées vers le bas par une forte baisse des achats de voitures (-30 %), suivis des produits électriques (-20 %) et des produits en papier (-10 %). Ces segments, fortement dépendants de la consommation des ménages et de l’investissement des entreprises, ont souffert de l’instabilité politique, de la hausse des coûts et du resserrement de la demande.
En parallèle, les exportations libanaises ont également fléchi, avec un recul marqué des ventes de bijoux (-4,3 %, soit 21,1 % des exportations totales), des équipements électriques (-1,6 %) et des produits végétaux (-0,1 %). En revanche, certains segments ont enregistré des hausses : produits alimentaires (+2,7 %), produits chimiques (+2,3 %) et métaux (+0,7 %).
Produits exportés | Part du total | Variation annuelle |
---|---|---|
Bijoux | 21,1 % | -4,3 % |
Produits alimentaires | 15,3 % | +2,7 % |
Produits chimiques | 12,2 % | +2,3 % |
Produits métalliques | 15,0 % | +0,7 % |
Produits électriques | 11,3 % | -1,6 % |
Produits végétaux | 6,8 % | -0,1 % |
Partenaires commerciaux : reculs généralisés, sauf pour les États-Unis et l’Irak
Les importations en provenance de Chine, Turquie, Grèce et Suisse ont toutes diminué. La Chine, premier fournisseur du Liban avec 11,6 % de parts, a vu ses exportations vers le pays reculer de 0,2 %. La Turquie a perdu 1,7 %, la Grèce 0,9 %, et la Suisse 3,4 %.
En parallèle, les exportations libanaises vers la majorité des partenaires ont baissé. Notamment vers la Turquie (-4,1 %), les Émirats arabes unis (-0,7 %), l’Égypte (-0,5 %) et la Suisse (-0,5 %). En revanche, les États-Unis et l’Irakont affiché des hausses modérées des importations depuis le Liban, respectivement de +1,6 % et +0,7 %.
Une performance commerciale freinée par les vulnérabilités structurelles
Les difficultés logistiques, la dégradation des infrastructures portuaires et industrielles, ainsi que le faible soutien à l’export, contribuent à l’érosion de la performance commerciale libanaise. La fermeture partielle de certains postes douaniers et les effets résiduels des sanctions internationales pèsent également sur les flux de marchandises.
Le poste frontalier d’Abboudiyeh est la seule exception : les exportations y ont progressé de 70,8 % en un an, signalant des poches de résilience locale.
Quelles perspectives pour 2025 ?
Le redressement du commerce extérieur dépendra fortement de l’évolution sécuritaire régionale, des avancées dans les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), et de la modernisation des infrastructures douanières. Une politique d’incitation à la production locale, conjuguée à une diplomatie économique active, pourrait réduire la dépendance aux importations et améliorer la balance commerciale.