Co-organisée par la France et l’ONU, cette conférence est également la première du genre à permettre la participation de représentants de la société civile libanaise aux côtés des représentants officiels. En effet, la communauté internationale a signifié aux autorités libanaises à plusieurs reprises qu’aucune aide financière ou économique sera accordée au Liban via les canaux officieux sans que soient menées les réformes jugées indispensables ainsi que l’audit des comptes de la Banque du Liban.

Cette conférence vise donc à accorder au Liban une aide humanitaire indirecte via des organisations non-gouvernementales et non via les autorités libanaises, déconsidérées par la communauté internationale en raison de l’absence de progrès sur le plan des réformes par crainte de voir ces aides être détournées. Ce matin, la France a notamment jugé indispensable l’audit juricomptable des comptes de la Banque du Liban afin de chiffrer les pertes de celle-ci alors qu’Emmanuel Macron avait estimé, lors sa précédente visite, que le secteur financier avait mis en place un véritable schéma de fraude de type Ponzi au Liban et que l’effondrement actuel était inévitable.

Cet effondrement conduit actuellement à l’épuisement des réserves monétaires disponibles qui permettaient jusqu’à présent de subventionner les produits de première nécessité d’une part mais également de réduire les tensions sur la livre libanaise qui a tout de même perdu largement du terrain face au dollar. Pour l’heure, 55% de la population vivrait officiellement en-dessous du seuil de pauvreté alors que des sources non officielles annoncent des chiffres encore plus dramatiques avec 65% de la population et plus de 29% de la population active aurait perdu son emploi depuis le mois de mars.

S’exprimant dans le cadre de la conférence d’aide au Liban, le Président de la République française, Emmanuel Macron a annoncé la création d’un fonds géré par la Banque mondiale pour aider à fournir une aide humanitaire au Liban

Emmanuel Macron a indiqué que la France contribue à soutenir le peuple libanais. Il a également souligné la nécessité de former un nouveau gouvernement pour mener les réformes nécessaires face à la crise économique ou encore l’enquête en cours concernant l’explosion du port de Beyrouth.

Il a également annoncé son prochain retour au Liban. Certaines sources indiquent que ce retour devrait être effectué avant la fin de l’année.

Son homologue, le président de la république libanaise, le général Michel Aoun, a remercié Emmanuel Macron et souligné la nécessité de la réussite de la feuille de route française, “car les crises que traverse le pays ont atteint leur maximum, et nous savons que l’impossible n’est pas français”.

Le Général Aoun a rappelé son soutien à l’audit juricomptable des comptes de la Banque du Liban réclamé par la communauté internationale et recommandé désormais par le Parlement depuis vendredi. “L’audit financier pénal indiquera qui est responsable de l’effondrement de notre système économique et ouvrira la voie aux réformes nécessaires pour reconstruire l’Etat libanais”, souligne-t-il.

Il s’agit aujourd’hui, rappelle-t-il d’accorder une aide humanitaire de base via l’ONU et l’Union Européenne, pour lutter contre le vol de fonds publics et traquer les transferts illégaux de capitaux à l’étranger, notamment à partir du 17 octobre 2019, tout en facilitant la formation d’un gouvernement avec “des normes uniques qui s’appliquent à toutes les forces politiques”. Il faisait ainsi allusion au refus du premier ministre désigné à ce que les ministres chrétiens de son prochain cabinet puissent être nommés par les partis chrétiens contrairement aux futurs ministres chiites, druzes et sunnites qui seraient nommés par les leurs.

Le prochain gouvernement doit lancer, à temps, l’atelier d’urgence sur les réformes structurelles, reconstruire Beyrouth, élaborer un plan de relance financière et économique et définir ses cadres de mise en œuvre, conclut le chef de l’état.

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