Le discours du Premier Ministre libanais a été un discours décevant, même s’il a reconnu la gravité de la situation et annoncé le défaut de paiement induit par le refus de pays les Eurobonds arrivant à échéance. Hassan Diab a indiqué que 50% du budget sert à payer le service de la dette et la dette elle-même, un niveau qu’on sait intenable depuis fort longtemps. Il a également reconnu ce qu’on pouvait dire depuis plusieurs mois, les fonds restant de la Banque du Liban doivent servir à nourrir et à soigner la population, à lui permettre de survivre.

Cependant, son programme de réformes économiques et financières paraissait être une sorte de copier/coller des programmes déjà présentées par son prédécesseur alors qu’aujourd’hui la situation financière du Liban s’est considérablement dégradée, le déficit public, par exemple étant passé de 150% à 166% en quelques mois seulement et cela pourrait se poursuivre en raison de la récession prévue cette année qui est estimée atteindre entre 7% et 10%.

Du déjà-vu, avec la réforme du secteur de production d’électricité, du déjà-vu avec CEDRE, du déjà-vu avec la lutte contre la corruption, beaucoup de mots mais pas d’action en réalité faute d’avoir mis les choses en place dès le début, alors que les conditions sociales et économiques de la population se sont également détériorées. Ce ne sont plus 20% ou 30% de la population qui vit sous le seuil de pauvreté, il s’agit de la moitié. Il aurait été certain qu’il fallait déjà leurs adresser des réponses concernant la dévaluation de la livre et la dégradation de leurs pouvoirs d’achat.

Nous n’avons plus le luxe ou le temps d’attendre.

On en attendait beaucoup, beaucoup plus, un programme plus ambitieux pour relancer notre économie mais cela fait autant défaut que notre dette est importante.

Les autorités semblent souhaiter protéger les dépôts bancaires sans même s’en donner les moyens. Une restructuration du système financier, avec des fusions, des liquidations, des faillites qui sont inévitables pour les plus faibles d’entre elles ne sont pas pas exclure. L’aide du FMI est nécessaire, pour mitiger ces effets et pour constituer des pôles capables de supporter la crise financière et ainsi pérenniser les fonds, est nécessaire. Sans l’aide du FMI, tout le système bancaire libanais, BDL comprise menace de s’effondrer puisque la BDL nécessiterait à elle-seul près de 70 milliards de recapitalisation pour faire face, non pas aux certificats de dépôts qui arriveront à échéance les prochaines années. Ne pas évoquer justement cela est une autre erreur.

Annoncer un défaut de paiement sans annoncer par exemple un plan pour recapitaliser les banques libanaises de haircut met à mal les dépôts des clients qui sont encore dans l’inconnu, confrontés à un contrôle des capitaux qu’on sait illégal. Il s’agit là d’un vide dans le discours du discours du Premier Ministre nuisible. Une économie tellement affaiblie qu’est l’économie libanaise ne peut survivre longtemps à l’inconnu.

En parlant d’inconnu, beaucoup de questions n’ont pas été pour l’heure abordées et nécessitent des éclaircissements. Quelle peut être la différence aujourd’hui de ces réformes qui doivent formulées avec celles déjà formulées par le passé, durant Paris I, II, III, encore promises lors de CEDRE et qui sont laissées au final, d’autant de lettres d’engagement mortes.

La raison de ces échecs est simple à trouver au final, une classe politique qui refuse de laisser sa place à des personnes plus compétentes, une classe politique qui a usé jusqu’à la corde les finances de l’état par le clientélisme ou les détournements de fonds et qui souhaite, semble-t-il continuer. Comment voir autrement ce refus d’un monitoring international? Pensent-ils que les contribuables des pays qui offrent de nous aider, accepteront de financer leurs propres poches? Evidemment que non.

Il faut passer des paroles aux actes, aujourd’hui. C’était cela qui était attendu.

Il s’agit maintenant de rectifier ce tir, le plus vite possible et d’annoncer les mesures nécessaires en détail. Nous n’avons plus le temps pour les palabres.

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