Un excédent budgétaire, mais à quel prix ?
Wassim Mansouri, gouverneur intérimaire de la Banque du Liban, a annoncé un excédent budgétaire de 800 millions de dollars, une première depuis 50 ans. Bien que ce résultat soit salué par certains experts comme une avancée significative, il suscite également des interrogations. Selon « Ad Diyar » du 20 janvier 2025, cet excédent a été obtenu grâce à une réduction drastique des subventions publiques, notamment dans des secteurs essentiels tels que l’électricité et les carburants. Cette politique, bien qu’efficace à court terme, a exacerbé les inégalités sociales, laissant de nombreuses familles sans accès aux services de base.
Stabilisation monétaire : des mesures insuffisantes
La stabilisation de la livre libanaise, au cœur des priorités de Mansouri, reste un défi majeur. Bien que des mesures aient été prises pour réduire la volatilité sur le marché des changes, leur impact demeure limité. Selon « Al Joumhouriyat », le gouverneur a misé sur des contrôles stricts des capitaux et une gestion rigoureuse des réserves de devises, mais ces efforts sont insuffisants face à une économie largement dollarisée et un secteur bancaire en crise. Certains critiques estiment que ces politiques ne s’attaquent pas aux causes profondes de l’effondrement, notamment la corruption systémique et le manque de réformes structurelles.
Fonds des déposants : une question épineuse
La question des fonds des déposants, gelés dans les banques depuis 2019, demeure l’un des principaux points de tension entre la Banque du Liban et le public. Mansouri a promis de protéger ces fonds et de garantir leur utilisation équitable, mais ces déclarations sont perçues par beaucoup comme insuffisantes. Comme le rapporte « Al Liwa' », aucune feuille de route concrète n’a été proposée pour restaurer l’accès des déposants à leur épargne. Cette incertitude alimente une méfiance généralisée envers les institutions financières, qui continue de freiner la relance économique.
Réformes bancaires : des promesses à concrétiser
Wassim Mansouri a plaidé pour une restructuration du secteur bancaire, incluant la fusion de banques en difficulté et la recapitalisation d’établissements clés. Cependant, selon « Al Akhbar », ces initiatives se heurtent à une forte résistance de la part des élites politiques et économiques, qui détiennent des parts significatives dans les principales banques libanaises. La lenteur des réformes compromet également les négociations avec le FMI, qui exige des mesures claires et rapides pour débloquer des financements indispensables.
Une dépendance persistante envers les partenaires internationaux
Le gouverneur a également mis en avant l’importance de la coopération avec les bailleurs de fonds internationaux pour surmonter la crise. Toutefois, cette dépendance soulève des critiques, certains analystes estimant que le Liban risque de perdre sa souveraineté économique en cédant aux exigences des institutions financières internationales. « Ad Diyar » a rapporté que les négociations avec le FMI restent au point mort, en raison de désaccords sur la manière de partager les pertes financières entre les banques, l’État et les déposants.
Un écart croissant entre promesses et réalité
Alors que Mansouri appelle à une confiance renouvelée entre les citoyens et les institutions financières, les actions entreprises par la Banque centrale peinent à convaincre. Les critiques pointent un manque de transparence dans la gestion des réserves et une incapacité à répondre aux besoins immédiats de la population. Par ailleurs, la polarisation politique entrave la mise en œuvre des réformes proposées, laissant planer le doute sur la capacité de Mansouri à traduire ses promesses en actions concrètes.