Le dernier rapport de la Banque mondiale, publié en 2024, offre une évaluation exhaustive de la pauvreté et des inégalités au Liban, un pays en proie à une crise économique prolongée. Ce document met en lumière les effets dévastateurs de cette crise sur les ménages libanais, en examinant comment les dynamiques du marché du travail ont été affectées et en proposant des solutions pour atténuer ces défis.
Une Pauvreté en Hausse Alarmante
Le rapport révèle une augmentation spectaculaire de la pauvreté monétaire au Liban. Entre 2012 et 2022, la pauvreté basée sur la consommation a quadruplé dans les régions couvertes par l’étude, passant de 12 % à 44 %. Parmi les Libanais, un individu sur trois était en situation de pauvreté en 2022, contre un sur dix en 2012. Cette augmentation significative est aggravée par une profondeur croissante de la pauvreté, avec un écart de pauvreté passant de 3 % à 9,4 % sur la même période.
Une Inégalité Croissante
Le Liban affiche l’un des niveaux d’inégalité de revenus les plus élevés au monde, se classant 129e sur 141 pays en 2014. Les 1 % les plus riches recevaient 25 % du revenu national, tandis que les 10 % les plus riches en recevaient 55 %. En 2022, l’inégalité de revenu parmi les ménages libanais a encore augmenté, avec un indice de Gini passant de 0,4 en 2012 à 0,6.
Impact sur la Consommation et la Sécurité Alimentaire
L’inflation galopante, alimentée par la dépréciation de la livre libanaise, a drastiquement réduit le pouvoir d’achat des ménages. Le coût des aliments a particulièrement grimpé, augmentant l’insécurité alimentaire. En 2022/2023, 32 % des ménages pauvres avaient des scores de consommation alimentaire inférieurs aux normes acceptables, indiquant une alimentation inadéquate. Les ménages ont réduit leurs achats de viande et de produits frais, se tournant vers des aliments moins coûteux comme le pain et les céréales.
Répercussions sur les Ménages et Stratégies d’Adaptation
La crise a forcé les ménages à adopter diverses stratégies de survie. Environ 87 % des ménages ont dû puiser dans leurs économies, 58 % ont sollicité l’aide de leurs proches, et 65 % ont demandé de l’aide à d’autres sources ou à des entités non gouvernementales. De plus, 40 % ont contracté des prêts formels et 68 % ont emprunté de manière informelle. La majorité des ménages ont également réduit leurs dépenses alimentaires et essentielles non alimentaires, telles que le carburant et les services publics.
Effets sur les Réfugiés Syriens
Les réfugiés syriens au Liban, qui représentent environ un quart de la population totale, sont particulièrement touchés. En 2022, près de 90 % des Syriens vivaient en dessous du seuil de pauvreté, avec 45 % des familles syriennes pauvres ayant des scores de consommation alimentaire inacceptables. Les Syriens en âge de travailler ont un faible niveau d’éducation et occupent des emplois précaires et mal payés, exacerbant leur état de pauvreté et d’insécurité alimentaire.
Propositions pour l’Avenir
Pour améliorer la situation, le rapport de la Banque mondiale recommande des réformes macro-fiscales urgentes pour stopper la détérioration des conditions de vie. Il insiste sur le renforcement des filets de sécurité sociale, l’investissement dans le capital humain, et l’amélioration des opportunités d’emploi formelles et de l’accès à ces opportunités par des transports publics économiques. Des données plus complètes et régulières sont nécessaires pour suivre l’évolution du bien-être des ménages et évaluer l’impact des politiques de mitigation.
En conclusion, le rapport de la Banque mondiale offre une vue d’ensemble sombre mais nécessaire sur la situation actuelle au Liban, tout en soulignant l’importance d’une action rapide et coordonnée pour améliorer les conditions de vie et réduire les inégalités croissantes.
Source : Banque mondiale, Rapport sur la Pauvreté et l’Équité au Liban, 2024.
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