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Dans la presse: Nawaf Salam, l’homme du renouveau face aux blocages politiques libanais?

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Nommé Premier ministre désigné en 2025, Nawaf Salam fait face à des défis colossaux pour former un gouvernement inclusif capable de répondre aux aspirations d’une population épuisée par des années de crise économique, politique et sociale. Diplômate et juge respecté, Salam est perçu par certains comme un acteur capable de rompre avec les pratiques confessionnelles traditionnelles qui paralysent le pays. Cependant, son discours sur la nécessité de réformes structurelles et de gouvernance inclusive soulève autant d’espoirs que d’oppositions.

Le poids de la structure confessionnelle

Le Liban repose sur un système confessionnel profondément ancré, qui distribue le pouvoir politique entre les principales communautés religieuses. Ce modèle, bien qu’ayant assuré une certaine stabilité après la guerre civile (1975-1990), est aujourd’hui critiqué pour son inefficacité et son rôle dans la perpétuation de la corruption. Selon Al Joumhouriyat (25 janvier 2025), Nawaf Salam a déclaré lors de sa nomination que « le système confessionnel ne doit plus être une excuse pour bloquer les réformes nécessaires ».

Pourtant, toute tentative de modifier ce système risque de se heurter à une résistance acharnée de la part des élites politiques, qui y voient un moyen de préserver leur pouvoir. Salam a explicitement évoqué la nécessité de former un gouvernement d’experts indépendants, mais cette approche se heurte aux intérêts partisans des blocs traditionnels, notamment ceux dirigés par Amal, le Courant patriotique libre et le Hezbollah, désormais sous la direction de Naim Kassem après la mort de Hassan Nasrallah.

L’opposition des partis traditionnels

Les partis politiques libanais, profondément enracinés dans des alliances confessionnelles, ont exprimé des réserves sur les propositions de Salam. Al 3arabi Al Jadid (25 janvier 2025) souligne que plusieurs leaders politiques ont qualifié son projet de « non réaliste » dans un contexte où chaque groupe cherche à préserver son influence au sein du gouvernement.

Naim Kassem, leader actuel du Hezbollah, a déclaré dans un récent discours que « toute tentative d’imposer un gouvernement technocratique sans consensus national sera considérée comme une atteinte à la souveraineté libanaise ». Ce type de rhétorique reflète l’opposition des partis aux changements radicaux, même si une large part de la population demande une rupture avec le passé.

Les attentes populaires : réformes et justice sociale

La nomination de Salam intervient dans un contexte de colère populaire. Depuis le soulèvement d’octobre 2019, les Libanais réclament des réformes structurelles, la fin de la corruption et une amélioration des conditions de vie. Selon Al Liwa’ (25 janvier 2025), Salam a affirmé que son gouvernement viserait « une transparence totale » et « la priorisation des besoins sociaux et économiques ». Cependant, ces promesses risquent de se heurter à des obstacles majeurs.

Le système bancaire libanais, paralysé depuis 2019, est au cœur des préoccupations économiques. Salam devra naviguer entre les exigences des institutions internationales comme le Fonds monétaire international (FMI), qui conditionne son aide à la mise en œuvre de réformes, et les intérêts des élites locales, qui résistent à toute transparence sur l’utilisation des fonds publics.

Le rôle de la communauté internationale

La communauté internationale suit de près les efforts de Salam pour former un gouvernement. Lors d’un discours récent à Paris, Emmanuel Macron a rappelé que « le Liban doit prouver qu’il est capable de se réformer pour bénéficier du soutien des donateurs ». Cependant, cette aide reste suspendue à la mise en œuvre de réformes, notamment dans les secteurs de l’électricité, de la fiscalité et de la gestion des déchets.

Selon Al Sharq (25 janvier 2025), Salam espère utiliser son expérience diplomatique pour rétablir la confiance avec les partenaires étrangers. Cependant, le manque de consensus interne risque de limiter l’efficacité de son approche.

Les défis économiques et sociaux

Outre les enjeux politiques, Salam doit affronter une crise économique sans précédent. Le taux de change de la livre libanaise continue de chuter, atteignant plus de 100 000 livres pour un dollar sur le marché noir, selon Ad Diyar (25 janvier 2025). Cette dévaluation a entraîné une inflation galopante, rendant les biens essentiels inaccessibles pour une grande partie de la population.

Par ailleurs, la société libanaise est confrontée à une fuite massive des cerveaux. Nida’ Al Watan (25 janvier 2025) rapporte que plus de 300 000 Libanais qualifiés ont quitté le pays ces cinq dernières années, privant le Liban de compétences essentielles pour sa reconstruction.

L’importance de la transparence dans la gouvernance

Nawaf Salam a insisté sur la nécessité de rétablir la transparence et la responsabilité dans la gestion des affaires publiques. Dans son discours d’investiture, il a déclaré : « La confiance entre les citoyens et leurs institutions est brisée. La reconstruire est une priorité absolue. » Cette déclaration s’aligne avec les attentes populaires, mais sa mise en œuvre reste incertaine dans un contexte où les institutions sont dominées par des intérêts partisans.

Le rôle des jeunes et de la société civile

Un élément clé du discours de Salam est son appel à impliquer la jeunesse et la société civile dans le processus de décision. Selon Al Quds (25 janvier 2025), Salam a mentionné que « les jeunes sont la force vive du Liban et doivent jouer un rôle central dans la renaissance du pays ». Cependant, cette intégration pourrait être perçue comme une menace par les élites politiques traditionnelles, qui craignent de perdre leur contrôle.

Perspectives pour l’avenir

Le chemin vers un gouvernement inclusif et efficace reste semé d’embûches. Nawaf Salam devra concilier les attentes de la communauté internationale, les revendications populaires et les intérêts des blocs politiques. Al Akhbar (25 janvier 2025) souligne que « le succès de Salam dépendra de sa capacité à établir des alliances stratégiques tout en restant fidèle à son engagement pour le changement ».

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Newsdesk Libnanews
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