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La réforme bancaire libanaise face aux attentes du FMI : où en est-on vraiment ?

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Le Liban aborde une étape cruciale pour son avenir économique. La réforme bancaire, au cœur des négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), cristallise les espoirs et les tensions d’un pays en crise depuis 2019. Sous la pression croissante des créanciers internationaux, les autorités tentent de répondre aux exigences pour débloquer une aide vitale. Mais entre divisions internes, résistances politiques et attentes externes, où en est-on réellement à dix jours des discussions prévues avec le FMI, le 21 avril 2025 ?

Une réforme bancaire au Conseil des ministres

La presse rapporte une progression significative : le gouvernement inscrit la restructuration bancaire à l’ordre du jour du Conseil des ministres. Ce projet de loi, réclamé depuis des années par les partenaires internationaux, vise à redresser un secteur en chute libre. L’effondrement de la livre libanaise et la faillite virtuelle de nombreuses banques locales ont ébranlé la confiance des déposants et des investisseurs étrangers depuis 2019. Aujourd’hui, ce texte ambitionne de stabiliser le système financier pour relancer une économie exsangue.

Le projet propose des mesures concrètes. Il inclut une révision du cadre légal du secret bancaire, en place depuis 1956, pour aligner le Liban sur les normes internationales. Il prévoit aussi des règles renforcées en matière de transparence financière. Ces changements, jugés essentiels par le FMI, doivent restaurer la crédibilité d’un secteur marqué par des pertes colossales. L’objectif immédiat est clair : rassurer les déposants, dont les économies restent bloquées, et attirer à nouveau les capitaux étrangers. Mais la mise en œuvre s’annonce complexe face à un passif financier estimé à plus de 70 milliards de dollars en 2022 par les experts internationaux.

Les exigences internationales en ligne de mire

Un journal met en avant les pressions externes qui s’intensifient. La Banque mondiale, soutenue par plusieurs capitales occidentales, formule trois priorités pour Beyrouth. Parmi elles, la nomination d’une nouvelle direction à la Banque du Liban (BDL) avant le 21 avril 2025 se détache. Le gouverneur actuel défend une position nuancée. « Nous ne suivons pas des ordres américains, mais une politique dans l’intérêt du Liban pour relancer la croissance », déclare-t-il. Cette prise de position reflète une volonté d’autonomie face aux exigences externes, tout en reconnaissant l’urgence d’une réforme institutionnelle.

Le FMI, pilier de l’aide internationale, conditionne son soutien à des avancées tangibles. Un accord préliminaire de 2022, promettant 3 milliards de dollars, reste suspendu faute de réformes. La presse indique que les discussions du 21 avril viseront à débloquer des fonds pour soutenir la balance des paiements et stabiliser la devise. Cependant, les partenaires internationaux exigent des preuves concrètes de bonne gouvernance. Sans ces garanties, le Liban risque de voir cette aide lui échapper une fois encore, prolongeant une crise qui a déjà laminé son économie.

Les travaux parlementaires : un équilibre fragile

Au Parlement, les efforts se poursuivent, mais les progrès sont laborieux. La presse note que les commissions mixtes examinent les volets clés de la réforme : secret bancaire, crédits et avances. Ces travaux visent à adapter la législation aux standards mondiaux, une condition sine qua non pour conclure un accord avec le FMI. Pourtant, les débats révèlent des fractures profondes. Les parlementaires divergent sur la gestion des pertes bancaires, un sujet politiquement sensible.

Certains prônent une approche graduelle. Ils craignent qu’une restructuration brutale n’aggrave la détresse sociale dans un pays où la majorité vit sous le seuil de pauvreté, selon les estimations de l’ONU en mars 2025. D’autres, plus audacieux, défendent une solution radicale pour envoyer un signal fort aux investisseurs étrangers. Ces divisions ne datent pas d’aujourd’hui. En 2022, un plan de relance proposait de protéger les petits déposants tout en imposant des pertes aux banques, mais il s’est heurté à l’opposition des banquiers et de certains politiciens. Aujourd’hui, le Parlement doit trancher, sous le regard attentif des créanciers internationaux.

L’ombre d’un lobby politico-financier

Un journal dévoile une force influente dans ce dossier : un lobby politico-financier puissant. Ce groupe, actif entre Beyrouth et Washington, pousse le gouvernement à avancer sur deux fronts. D’abord, la restructuration bancaire, pour protéger les intérêts des grandes banques. Ensuite, la privatisation de secteurs stratégiques comme l’électricité ou les télécommunications, pour attirer des capitaux étrangers. Cette pression, selon les observateurs, alimente des tensions au sein de l’exécutif.

Ce lobby cherche à limiter les pertes des institutions financières, au risque de diluer les réformes exigées par le FMI. Cette stratégie rappelle les résistances de 2020, lorsque les banquiers refusaient d’assumer leurs responsabilités dans la crise. Aujourd’hui, leur influence divise le gouvernement. Certains y voient une opportunité pour moderniser l’économie, d’autres une menace pour la souveraineté nationale. Ces luttes internes compliquent la mise en œuvre d’une réforme cohérente, alors que le temps presse.

Divisions au sein de l’exécutif

Les dissensions au sein du cabinet sont évidentes. Un journal rapporte que le ministre des Finances milite pour une approche prudente. Il redoute les répercussions sociales d’une restructuration brutale, dans un contexte où les services publics s’effondrent et les salaires stagnent. À l’opposé, d’autres membres du gouvernement plaident pour une accélération. Ils estiment que tout retard compromet la crédibilité du Liban auprès de ses partenaires internationaux.

Le président Joseph Aoun, en poste depuis le 9 janvier 2025, tente de concilier ces visions. Il insiste sur la nécessité de préserver la stabilité intérieure tout en répondant aux attentes mondiales. Cette position d’équilibriste reflète les défis d’un exécutif sous pression. Le Premier ministre Nawaf Salam, nommé le 8 février 2025, soutient également ces efforts, mais les divergences internes ralentissent les décisions. La presse note que cette fragmentation risque de fragiliser les négociations avec le FMI.

Une échéance cruciale avec le FMI

Un journal insiste sur l’importance des semaines à venir. Les discussions avec le FMI, prévues le 21 avril 2025, pourraient débloquer des financements essentiels. Ces fonds soutiendraient la balance des paiements et stabiliseraient la livre, dont la valeur a chuté dramatiquement depuis 2019. Pourtant, l’issue reste incertaine. Les partenaires internationaux attendent des preuves tangibles de transparence et de gouvernance. Sans ces engagements, le Liban pourrait voir ses espoirs d’aide s’évanouir une fois de plus.

La réforme bancaire apparaît comme la clé de voûte de cette relance. Elle doit rompre avec les pratiques du passé, marquées par une gestion opaque et des privilèges indus. La presse souligne que les créanciers scrutent chaque pas. Les retards accumulés depuis 2022, lorsque le Liban échoue à appliquer l’accord préliminaire avec le FMI, ont épuisé la patience internationale. Aujourd’hui, Beyrouth doit prouver sa détermination.

Un secteur bancaire en ruines

Le système bancaire libanais est à l’agonie. Depuis 2019, les déposants n’ont plus accès à leurs fonds, bloqués par des restrictions informelles. Les pertes, estimées à des dizaines de milliards de dollars, reflètent des années de prêts risqués au secteur public et de mauvaise gestion. La presse rappelle que cette crise a érodé la confiance, tant au niveau local qu’international. Les banques, jadis piliers de l’économie, sont aujourd’hui perçues comme un fardeau.

La révision du secret bancaire vise à changer cette image. En alignant le Liban sur les normes de l’OCDE et du GAFI, elle doit faciliter la traçabilité des flux financiers. Cette mesure, combinée à une nouvelle gouvernance à la BDL, pourrait restaurer une crédibilité perdue. Mais les résistances internes, notamment de la part des banquiers, compliquent ce virage. Leur influence, relayée par le lobby politico-financier, freine les réformes radicales nécessaires.

Les attentes d’une population exaspérée

La population libanaise, épuisée par des années de crise, attend des résultats concrets. Le 24 mars 2025, des employés municipaux manifestent à Tripoli pour des salaires impayés, selon des rapports locaux. Ces tensions sociales soulignent l’urgence d’une relance économique. La réforme bancaire, perçue comme un levier pour débloquer l’aide internationale, cristallise ces espoirs. Mais elle suscite aussi des craintes : une restructuration mal gérée pourrait aggraver la précarité.

La presse note que les citoyens exigent des comptes. Les scandales financiers, impliquant des élites politiques et bancaires, alimentent la défiance. La transparence promise par le gouvernement doit répondre à cette colère. Sans cela, les réformes risquent de perdre tout soutien populaire, compromettant leur mise en œuvre.

Un calendrier sous pression

Les semaines à venir seront décisives. Les discussions du 21 avril avec le FMI marqueront un tournant. La presse insiste sur le calendrier serré : chaque retard rapproche le Liban d’un défaut total. Les partenaires internationaux, lassés par des promesses non tenues, exigent des actes. La nomination d’une nouvelle direction à la BDL, la révision du secret bancaire et la gestion des pertes bancaires seront scrutées.

Le gouvernement de Nawaf Salam, soutenu par Joseph Aoun, doit relever ce défi. Les divisions internes, entre prudence sociale et urgence réformatrice, compliquent cette tâche. La presse s’accorde sur un point : la réforme bancaire est la clé d’une sortie de crise. Mais sa réussite dépendra de la capacité du Liban à surmonter ses fractures et à concrétiser ses engagements.

Une réforme à la croisée des chemins

La réforme bancaire libanaise oscille entre espoir et incertitude. Elle incarne la promesse d’une relance, mais aussi les défis d’un pays divisé. Les attentes du FMI, les pressions du lobby financier et les besoins d’une population à bout façonnent ce processus. À dix jours d’une échéance cruciale, le Liban doit choisir : céder aux résistances ou s’engager résolument vers le changement.

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Newsdesk Libnanews
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