Face à la montée des tensions et des rumeurs concernant l’absence de plan pour corriger les salaires des fonctionnaires, y compris des militaires actifs et retraités, le bureau de presse du Premier ministre Najib Mikati a publié un communiqué afin de clarifier la situation.
Un projet en cours de discussion
Le Premier ministre a réitéré son engagement à améliorer les salaires du secteur public, conformément à ses promesses antérieures. Le 5 août dernier, un projet complet, élaboré par le Conseil de la fonction publique, a été soumis à l’examen du gouvernement. Ce projet propose d’ajuster les salaires, les pensions et certaines dispositions du régime de retraite, tout en prévoyant des compensations pour les employés du secteur public et les militaires.
Le projet fait actuellement l’objet de discussions intensives, sous la présidence de Mikati, afin de s’assurer qu’il soit exhaustif et réponde aux besoins d’une réforme structurelle du secteur public. Des modifications ont déjà été apportées à certains aspects du texte pour garantir une réforme durable et non partielle.
En parallèle, le Premier ministre a demandé la préparation d’un décret visant à offrir des compensations temporaires à l’ensemble des travailleurs du secteur public. Ce projet a été transmis au Conseil d’État pour avis avant d’être soumis au Conseil des ministres pour approbation.
Un contexte de crise et de revendications croissantes
Cette clarification intervient dans un contexte particulièrement tendu. La crise économique au Liban a durement affecté les fonctionnaires et les militaires, notamment les retraités, dont les pensions se sont effondrées face à l’hyperinflation et à la dévaluation de la livre libanaise. Les manifestations se multiplient depuis plusieurs jours, avec les retraités militaires bloquant les accès à des bâtiments gouvernementaux clés, notamment le Grand Sérail, pour exiger des augmentations salariales et une amélioration de leurs conditions de vie.
Les retraités militaires dénoncent notamment le fait que le projet de budget 2025 ne prévoit aucune augmentation réelle des salaires, tout en imposant des taxes supplémentaires qui pèsent lourdement sur les classes moyennes et défavorisées. Ces manifestations ont conduit au report de plusieurs réunions du Conseil des ministres, les manifestants ayant réussi à bloquer l’accès à la séance prévue pour discuter du budget. Ils réclament une prise en compte plus sérieuse de leurs revendications dans le cadre des discussions budgétaires en cours.
Tensions sociales et économiques
La crise économique au Liban, qui dure depuis 2019, a plongé une grande partie de la population dans la pauvreté, exacerbant les tensions sociales. Les anciens militaires, parmi les plus touchés par la dévaluation de leurs pensions, demandent depuis plusieurs mois une révision complète des salaires et une prise en compte de l’inflation galopante. Le budget 2025, actuellement en discussion, fait l’objet de vives critiques, notamment pour son manque de réformes structurelles et pour les solutions temporaires qu’il propose, jugées insuffisantes par de nombreux observateurs.
Mikati appelle à la patience
Malgré les critiques et les tensions sociales croissantes, Mikati a appelé à la patience, soulignant que le gouvernement travaille activement à la résolution des problèmes. Il a également dénoncé toute tentative d’exploitation des revendications des fonctionnaires et militaires à des fins politiques, rappelant que le gouvernement agit dans le cadre de ses obligations constitutionnelles et qu’il est déterminé à garantir les droits des employés du secteur public et des forces de sécurité.
Cette situation reste toutefois explosive, les retraités militaires promettant de poursuivre leurs actions jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites. Le gouvernement est désormais sous pression pour apporter des solutions concrètes à cette crise, alors que le Liban continue de faire face à l’une des pires crises économiques de son histoire.