samedi, novembre 15, 2025

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Le Liban, entre souveraineté et influences étrangères : décryptage des négociations

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La formation du nouveau gouvernement libanais, après l’élection de Joseph Aoun à la présidence, ne se limite pas à des enjeux internes. Les relations internationales jouent un rôle crucial dans ce processus, amplifiant les pressions exercées sur les acteurs locaux pour parvenir à des nominations stratégiques et à la mise en œuvre de réformes. Le Liban, historiquement influencé par des puissances étrangères, est aujourd’hui à la croisée des chemins, entre exigences internationales et calculs politiques internes.

Une influence constante des puissances étrangères

Le Liban, en tant que carrefour géopolitique du Moyen-Orient, a toujours été le théâtre d’influences étrangères. Les grandes puissances régionales, comme l’Iran et l’Arabie saoudite, ainsi que des acteurs internationaux, tels que les États-Unis, la France et l’Union européenne, exercent une pression considérable sur le pays. Cette influence s’exprime notamment dans la formation des gouvernements, où chaque puissance cherche à protéger ses intérêts stratégiques.

L’Iran, à travers son soutien au Hezbollah, joue un rôle central dans les décisions politiques du camp chiite. De son côté, l’Arabie saoudite soutient traditionnellement les forces sunnites, notamment celles opposées au Hezbollah. Ce clivage se reflète dans les consultations parlementaires actuelles, où les nominations aux ministères stratégiques sont au centre des discussions. Les États-Unis et la France, quant à eux, mettent l’accent sur la nécessité de réformes économiques et politiques, conditionnant leur soutien financier et diplomatique à la mise en œuvre de changements structurels.

Les attentes des partenaires internationaux

Les partenaires internationaux du Liban, notamment le FMI et la Banque mondiale, exigent des réformes concrètes en échange de leur soutien. Ces institutions financières ont identifié plusieurs priorités, dont la restructuration du secteur bancaire, la réduction du déficit budgétaire et la relance des infrastructures énergétiques. Ces exigences s’accompagnent de pressions pour la nomination de technocrates compétents dans les ministères clés, afin de garantir une gestion efficace et transparente.

Le ministère des Finances, en particulier, occupe une place centrale dans ces discussions. Ce portefeuille, traditionnellement confié à un chiite, doit être attribué à une personnalité capable de garantir la transparence et de collaborer avec les partenaires internationaux. La nomination au poste de ministre des Finances nécessite une acceptation tacite des États-Unis, en raison de son rôle stratégique dans les négociations avec le FMI et dans la gestion des fonds publics. Cette dynamique est également visible pour d’autres postes clés, comme celui de gouverneur de la Banque du Liban (BDL) et de commandant de l’armée libanaise. Ces fonctions, cruciales pour la stabilité du pays, font l’objet d’un contrôle indirect par les grandes puissances internationales.

La France, par son rôle historique au Liban, continue d’insister sur la formation d’un gouvernement capable de restaurer la confiance des citoyens et des bailleurs de fonds. Les États-Unis, pour leur part, surveillent de près l’influence du Hezbollah dans le futur gouvernement, estimant que celle-ci pourrait compliquer l’accès à des financements internationaux et nuire aux relations bilatérales.

Les rivalités régionales exacerbées

La formation du gouvernement libanais est également influencée par les rivalités régionales. L’Iran, principal soutien du Hezbollah, considère le Liban comme un élément clé de sa stratégie régionale. Cette influence se heurte aux efforts de l’Arabie saoudite et de ses alliés, qui cherchent à réduire le rôle du Hezbollah dans la gouvernance libanaise. Ces tensions se traduisent par des désaccords sur la répartition des portefeuilles ministériels, en particulier ceux des Finances et de l’Intérieur.

L’Arabie saoudite, qui avait réduit son soutien au Liban ces dernières années, semble adopter une position plus active depuis l’élection de Joseph Aoun. Riyad cherche à renforcer son influence en soutenant des figures sunnites comme Ashraf Rifi, perçues comme opposées au Hezbollah. Cependant, cette dynamique complique les négociations, car elle accentue les divisions internes et rend plus difficile la formation d’un gouvernement consensuel.

Une souveraineté nationale en question

Le débat sur la souveraineté nationale est omniprésent dans les discussions sur la formation du gouvernement. L’élection de Joseph Aoun a ravivé les attentes de certains citoyens concernant le renforcement de l’État face aux influences étrangères. Cependant, le Liban reste fortement dépendant de l’aide internationale pour surmonter sa crise économique. Cette dépendance limite la marge de manœuvre des dirigeants, contraints de satisfaire à la fois les exigences des partenaires internationaux et les intérêts des acteurs locaux.

La question de la souveraineté se pose également dans le contexte de la gestion des frontières et des relations avec les pays voisins. Les tensions avec Israël, les relations complexes avec la Syrie et l’influence des pays du Golfe compliquent davantage la situation. Ces dynamiques régionales influencent non seulement les négociations sur la répartition des ministères, mais aussi les priorités du futur gouvernement.

La difficile quête d’un consensus

La recherche d’un consensus entre les différents blocs parlementaires est rendue plus complexe par les pressions internationales. Les acteurs locaux doivent naviguer entre les attentes des citoyens, qui réclament des réformes immédiates, et les exigences des partenaires étrangers, qui conditionnent leur soutien à des changements structurels. Cette dynamique crée un équilibre précaire, où chaque décision est scrutée tant au niveau interne qu’international.

La formation du gouvernement est donc bien plus qu’un simple exercice de négociations politiques. Elle reflète les rapports de force régionaux et internationaux, tout en testant la capacité du Liban à préserver son indépendance dans un contexte de crise multiple.

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Newsdesk Libnanews
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