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Liban : le gouvernement accélère sur la réforme bancaire avant le 11 avril 2025

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Le Conseil des ministres libanais a franchi une étape décisive ce mardi en approuvant les motifs justificatifs d’un projet de loi visant à réorganiser le secteur bancaire. Une nouvelle session est prévue vendredi pour finaliser son étude, signe d’une volonté d’avancer rapidement sur ce dossier brûlant. Après des années de crise économique, cette réforme, couplée à une modification de la loi sur le secret bancaire, est perçue comme un préalable incontournable pour combler le gouffre financier et répondre aux pressions internes et internationales.

Une première avancée législative

À l’issue de la réunion, le ministre de l’Information, Me Paul Morcos, a pris la parole pour détailler les décisions. « Le gouvernement a adopté, en première étape, un projet de loi modifiant la législation sur le secret bancaire », a-t-il annoncé. Cette mesure, attendue depuis longtemps, vise à lever partiellement l’opacité qui protège les transactions financières, un obstacle majeur à la transparence depuis le début de la crise en 2019.

Le projet de réorganisation des banques, quant à lui, est encore en cours d’examen. Morcos a précisé que la session de vendredi – voire samedi si nécessaire – permettra de boucler son adoption. « Nous voulons poser les bases d’un sauvetage économique », a-t-il ajouté, soulignant l’urgence de traiter une « fosse financière » estimée à 70 milliards de dollars par la Banque mondiale en avril 2025.

Un secteur bancaire à l’agonie

La crise bancaire libanaise, déclenchée en 2019, a laissé des cicatrices profondes. Les dépôts, gelés par des restrictions informelles, représentent environ 100 milliards de dollars, selon des chiffres de l’INSEE, tandis que la livre a perdu 98 % de sa valeur. Les banques, jadis fleuron de l’économie, sont aujourd’hui incapables de fonctionner normalement, minées par des pertes abyssales et une défiance généralisée.

La réforme en discussion prévoit une restructuration drastique : fusion des établissements viables, liquidation des autres, et reconnaissance officielle des pertes. Ces mesures, si adoptées, marqueraient une rupture avec des décennies de gestion opaque, incarnée par l’ancien gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salameh, actuellement sous enquête pour détournement de fonds.

Lever le secret bancaire : une exigence partagée

Paul Morcos n’a pas mâché ses mots : ce projet de loi répond à « une demande pressante, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur ». À l’échelle nationale, les déposants, spoliés depuis six ans, exigent la transparence pour identifier les responsables des malversations. À l’international, le Fonds monétaire international (FMI), dont une délégation a rencontré le ministre des Finances Yassine Jaber ce matin même, conditionne son aide à cette réforme.

Lors de cette réunion, Ernesto Ramirez Rigo, chef de la mission FMI, a insisté sur l’adoption des lois bancaires avant le congrès de Washington, prévu du 21 au 26 avril. « C’est un signal de sérieux », a-t-il déclaré, selon des sources proches du dossier relayées par L’Orient-Le Jour. La France et les États-Unis, partenaires historiques du Liban, partagent cette position, voyant dans la fin du secret bancaire une clé pour débloquer des fonds internationaux.

Un calendrier sous pression

Le gouvernement de Nawaf Salam, en place depuis février 2025, joue une carte cruciale. Morcos a exprimé son « espoir » que le Parlement entérine rapidement ces deux textes – réforme bancaire et modification du secret bancaire – pour « nous remettre sur les rails du redressement ». Mais le défi est de taille : les divisions politiques, notamment entre Hezbollah, le Courant patriotique libre et les Forces libanaises, ont souvent paralysé les réformes par le passé.

La session de vendredi s’annonce intense. « Nous irons jusqu’au bout, quitte à prolonger les débats samedi », a assuré Morcos. Cette détermination contraste avec les atermoiements des gouvernements précédents, mais elle devra surmonter les résistances des lobbies bancaires et des élites politiques, souvent impliquées dans les scandales financiers.

Une lueur d’espoir pour le Liban ?

Si ces lois passent, elles pourraient changer la donne. La levée partielle du secret bancaire, même temporaire (10 ans, selon une proposition en débat), permettrait un audit approfondi des banques, réclamé par le FMI depuis 2022. Cela ouvrirait la voie à un accord de 3 milliards de dollars avec le Fonds, assorti de 2 milliards supplémentaires de donateurs, selon des projections publiées par Reuters le 5 avril 2025.

Mais le chemin reste semé d’embûches. La crise économique, avec une inflation à 150 % en mars 2025 (Statista) et un chômage touchant 40 % de la population active, laisse peu de marge de manœuvre. Les Libanais, épuisés par des années de privations, attendent des résultats concrets, pas seulement des promesses. Le gouvernement Salam, soutenu par un président Joseph Aoun élu après deux ans de vacance, doit transformer cet élan en action tangible avant que la confiance ne s’effrite davantage.

Vendredi prochain, le Conseil des ministres jouera une partition décisive. En cas de succès, le Liban pourrait enfin poser les fondations d’un redressement long et douloureux. Sinon, le spectre d’un effondrement total restera plus proche que jamais.

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Newsdesk Libnanews
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