Le British Museum a annoncé avoir confié la rénovation d’un tiers de ses galeries à l’architecte franco-libanaise Lina Ghotmeh. Ce projet inclut la refonte des espaces accueillant certaines des collections les plus prestigieuses du musée, notamment la salle abritant les marbres du Parthénon. La nomination de Ghotmeh, reconnue pour son approche mêlant modernité et mémoire, marque une nouvelle étape dans la transformation de l’un des plus célèbres musées du monde.
Lina Ghotmeh, une architecte entre mémoire et modernité
Née à Beyrouth en 1980, Lina Ghotmeh a grandi dans un pays marqué par la guerre civile. Cette expérience a influencé sa vision de l’architecture, qu’elle considère comme un moyen de dialogue entre le passé et le présent. Diplômée de l’Université Américaine de Beyrouth et ayant obtenu une équivalence et HMO à l’Ecole spéciale d’architecture, où elle a enseigné, elle a acquis une renommée internationale grâce à des projets qui interrogent le lien entre l’histoire, l’environnement et l’innovation.
Elle a réalisé plusieurs projets majeurs qui illustrent sa philosophie architecturale. Le Musée national d’Estonie à Tartu, construit sur une ancienne base militaire soviétique, symbolise la transition entre un passé colonial et une nouvelle identité nationale. Le Stone Garden Housing à Beyrouth est un immeuble dont la façade sculpturale évoque les traces laissées par le conflit libanais. À Louviers, en France, elle a conçu un atelier de maroquinerie pour Hermès, un bâtiment exemplaire en matière d’intégration écologique et de respect des savoir-faire artisanaux.
Une transformation majeure pour le British Museum
Le projet confié à Lina Ghotmeh concerne la refonte des galeries occidentales du British Museum. Ces espaces rassemblent des trésors archéologiques issus de l’Égypte antique, de la Rome impériale, du Moyen-Orient et de la Grèce antique. Les premières maquettes suggèrent un design épuré, avec de grandes ouvertures et une mise en valeur des œuvres dans un cadre fluide et lumineux. Cette rénovation vise à améliorer l’expérience des visiteurs, en favorisant une circulation plus naturelle et une meilleure interaction avec les collections.
Un espace didactique inspiré du mausolée de Halicarnasse
L’atelier de Lina Ghotmeh a présenté des images mettant en scène un espace didactique inspiré du mausolée de Halicarnasse. Contrairement à certaines affirmations, ces visuels ne contiennent pas les frises du Parthénon, ce qui était à l’origine d’une controverse à ce sujet. . L’objectif de cette mise en scène est de proposer une approche pédagogique permettant aux visiteurs de mieux comprendre l’histoire et l’importance des collections du British Museum.
Un projet suivi de près par la communauté internationale
Le débat sur les marbres du Parthénon s’inscrit dans une dynamique plus large de restitution des œuvres conservées dans les musées occidentaux. Plusieurs institutions européennes ont récemment accepté de restituer des pièces à leurs pays d’origine. La France a rendu au Bénin plusieurs trésors royaux, tandis que l’Allemagne a restitué des bronzes du Bénin au Nigeria. Cette tendance pourrait influencer les négociations autour des marbres du Parthénon, alors que la pression internationale pour la restitution du patrimoine s’intensifie.
Le choix de Lina Ghotmeh pour mener ce projet souligne l’importance croissante de l’architecture dans la mise en valeur du patrimoine et dans les enjeux diplomatiques qui l’entourent. Son approche, à la fois respectueuse de l’histoire et tournée vers l’avenir, sera scrutée par les défenseurs de la restitution des œuvres spoliées, ainsi que par ceux qui plaident pour le maintien des collections dans les grandes institutions muséales.