Pression diplomatique et exigences américaines pour un retrait israélien complet
La sous-émissaire américaine pour le Moyen-Orient, Morgan Ortagus, attendue à Beyrouth en juin, apportera une série de conditions strictes de la part de Washington. Selon des sources diplomatiques confirmées, les États-Unis exigent que le Liban intensifie ses efforts pour désarmer le Hezbollah, en échange d’un retrait israélien complet du sud du pays et de la cessation des frappes transfrontalières.
Le journal Al-Akhbar, proche du Hezbollah, révèle que l’administration américaine propose une équation directe : retrait israélien contre neutralisation armée du Hezbollah. L’accord de cessez-le-feu signé en novembre 2024 n’a pas été pleinement respecté par Israël, qui continue d’occuper cinq positions stratégiques au sud du Liban et de mener des frappes quasi quotidiennes.
Des frappes malgré le cessez-le-feu
Le 14 mai 2025, deux nouvelles frappes israéliennes ont tué deux personnes dans les localités de Ain Baal et Yater, au Liban-Sud. Malgré la présence de la FINUL et du déploiement renforcé de l’armée libanaise — désormais présente sur 85 % de la zone frontalière selon le président Joseph Aoun — Israël refuse de se retirer des dernières hauteurs qu’il qualifie de « stratégiques ».
Dans ce contexte, la visite de Morgan Ortagus vise à relancer l’application intégrale du cessez-le-feu. Mais Washington conditionne cette avancée à une nouvelle feuille de route, incluant un engagement formel de Beyrouth à désarmer le Hezbollah au-delà du fleuve Litani.
Désarmement du Hezbollah : un objectif élargi
Morgan Ortagus a déclaré mardi, lors du Forum économique du Qatar, que le Liban avait fait « plus en six mois qu’en quinze ans » pour démanteler les infrastructures du Hezbollah dans le sud. Elle a toutefois souligné que le travail était loin d’être achevé.
« Nous avons toujours demandé le désarmement total du Hezbollah, pas seulement au sud du Litani », a affirmé l’émissaire américaine. Elle a appelé les responsables libanais à « prendre une décision historique », estimant que la paix régionale ne saurait être atteinte sans ce préalable.
Un chantage à l’intégration économique ?
Ortagus a également évoqué un plan économique alternatif aux aides du Fonds monétaire international (FMI). À Doha, elle a présenté une vision d’un Liban « transformé en pays d’investissement » grâce à des réformes internes et à l’appui d’investisseurs privés.
« Le FMI n’est pas la seule option », a-t-elle déclaré, précisant qu’avec de bonnes réformes, le Liban pourrait « se passer d’un endettement supplémentaire ». Toutefois, des diplomates ont confié que cette proposition resterait conditionnée à la résolution du dossier sécuritaire, et surtout à la non-intégration durable des réfugiés palestiniens, ligne rouge historique pour les autorités libanaises.
Le spectre d’un accord de paix avec Israël
Selon les sources du quotidien Al-Akhbar, les États-Unis pousseront également le Liban à envisager une normalisation progressive avec Israël. Morgan Ortagus aurait pour mandat d’explorer cette piste lors de ses discussions à Beyrouth, en la présentant comme une « pré-condition implicite » au retrait israélien.
Jusqu’à présent, le président Joseph Aoun a écarté toute hypothèse de négociations directes avec Tel-Aviv. Lors de sa récente visite au Caire, il a réaffirmé que le Liban œuvrait à la paix, mais « sans dialogue officiel avec Israël ». Il a toutefois reconnu que le Hezbollah devait abandonner ses armes tout en restant acteur politique au sein des institutions libanaises.
L’ONU et l’armée libanaise : des efforts salués, mais insuffisants
Depuis l’accord de cessez-le-feu, l’armée libanaise a été massivement déployée au sud, en coordination avec la FINUL. Plusieurs installations du Hezbollah y ont été démantelées. Les États-Unis reconnaissent ces avancées mais demandent l’élargissement de ces mesures à l’ensemble du territoire.
Morgan Ortagus a insisté à Doha sur « la nécessité d’une extension nationale du démantèlement » pour éviter une résurgence des tensions. Cette ligne ferme reflète un changement de ton à Washington, qui considère désormais la question sécuritaire au Liban comme une priorité dans le cadre d’une stratégie régionale incluant l’Iran, la Syrie et Gaza.
Une économie en crise sous pression étrangère
Depuis 2019, le Liban connaît une crise économique sans précédent. Plus de 80 % de la population vit aujourd’hui sous le seuil de pauvreté. La corruption systémique et l’inaction politique ont bloqué la mise en œuvre de réformes exigées par la communauté internationale.
En février 2025, le FMI a accepté de rouvrir les discussions avec le nouveau ministre des Finances libanais, dans l’objectif de relancer le prêt de 3 milliards de dollars négocié en avril 2022. Mais sans réformes structurelles, notamment dans le secteur bancaire, cette aide reste gelée.
La stratégie d’Ortagus, bien qu’alternative, repose sur les mêmes exigences : stabilité politique, désarmement des groupes armés, et garanties constitutionnelles sur la souveraineté de l’État libanais.
Une équation à plusieurs inconnues
Le Liban se retrouve face à une équation complexe : répondre aux injonctions sécuritaires américaines sans briser son équilibre interne, ni trahir ses lignes diplomatiques historiques. Le désarmement du Hezbollah, exigé par Washington et condition à l’aide économique, soulève une profonde interrogation politique.
Les prochaines semaines s’annoncent décisives. Morgan Ortagus sera reçue par les plus hauts responsables libanais, dans une séquence diplomatique cruciale. Les regards sont tournés vers Beyrouth, mais aussi vers Tel-Aviv, où toute avancée est conditionnée au respect du cessez-le-feu par Israël.
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Méta-description : Washington exige le désarmement du Hezbollah pour débloquer l’aide au Liban. Morgan Ortagus portera ces conditions lors de sa visite à Beyrouth en juin.
Extrait :
Morgan Ortagus, émissaire américaine, intensifie la pression sur le Liban en liant désarmement du Hezbollah et retrait israélien. Lors du Forum économique du Qatar, elle a présenté une alternative au FMI sous condition de réformes. Son déplacement à Beyrouth en juin sera crucial. Elle devrait proposer une équation politique : désarmement contre investissement, tout en évoquant des perspectives de normalisation avec Israël. Le Liban est sommé de faire des choix stratégiques majeurs dans un contexte régional sous tension.