Hausse du volume total au début de l’année
Au cours des deux premiers mois de 2025, le port de Beyrouth a traité un volume cumulé de 881 000 tonnes de marchandises, en hausse de 9,2 % par rapport à la même période en 2024 (807 000 tonnes). Cette progression est essentiellement tirée par les importations, qui représentent 85,7 % du volume total, soit 755 000 tonnes contre 684 000 tonnes l’année précédente, soit une augmentation de 10,4 %. Les exportations s’établissent à 126 000 tonnes, en progression modeste de 2,4 % par rapport aux 123 000 tonnes enregistrées en 2024.
Retrait mensuel en février
Le mois de février 2025 a marqué un recul par rapport à janvier, avec 412 000 tonnes traitées contre 469 000 tonnes, soit une baisse mensuelle de 12,2 %. Ce repli reflète une saisonnalité habituelle, mais souligne également la forte dépendance du port aux flux d’importations alimentaires et industrielles ponctuelles. Le nombre de navires ayant accosté a également chuté de 120 à 105 entre janvier et février, traduisant une activité irrégulière malgré une tendance annuelle légèrement positive.
Comparaison avec le port de Tripoli
Le port de Tripoli a, pour sa part, enregistré un volume total de 362 000 tonnes sur la même période, en baisse de 0,8 % par rapport à 2024. Toutefois, la structure du trafic diffère nettement. À Tripoli, les importations ont représenté 288 000 tonnes (+25,8 %), tandis que les exportations ont chuté de 45,6 %, passant de 136 000 à 74 000 tonnes. Ce déséquilibre souligne un problème structurel de compétitivité des produits libanais à l’export et la concentration croissante du commerce sur Beyrouth.
Encadré – Données comparées du fret maritime (janvier-février 2025)
Port | Volume total | Importations | Exportations | Variation annuelle |
---|---|---|---|---|
Beyrouth | 881 000 t | 755 000 t | 126 000 t | +9,2 % |
Tripoli | 362 000 t | 288 000 t | 74 000 t | -0,8 % |
Source : Direction des ports, Byblos Research
Baisse du trafic de navires
En termes de mouvements maritimes, Beyrouth a accueilli 225 navires en janvier et février 2025, contre 241 à la même période de 2024, soit une baisse de 6,6 %. À Tripoli, 127 navires ont été enregistrés, en hausse de 5 % par rapport à 121 navires l’année précédente. La baisse d’activité à Beyrouth pourrait refléter une rationalisation des escales, avec des navires plus grands et plus chargés, mais aussi une perte relative d’attractivité logistique sur certains segments, notamment les transbordements.
Dépendance aux importations et fragilité structurelle
L’augmentation des importations via le port de Beyrouth ne traduit pas nécessairement un rebond économique. Elle est principalement liée à la hausse de la demande en carburants, céréales et matériaux de construction dans le cadre des besoins de reconstruction ponctuels dans certaines régions. Les exportations restent faibles, structurellement limitées par une base industrielle contractée, un coût logistique élevé et des barrières non tarifaires sur les marchés régionaux. La logistique nationale reste pénalisée par la vétusté des infrastructures portuaires, l’absence de systèmes douaniers numérisés efficaces, et un réseau routier dégradé.
Port stratégique en sous-performance
Le port de Beyrouth reste le principal point d’entrée maritime du pays. Situé à proximité immédiate du centre économique, il bénéficie d’un avantage géographique décisif. Pourtant, il opère à un niveau bien inférieur à ses capacités antérieures. Avant l’explosion de 2020, le port traitait jusqu’à 1,1 million de tonnes mensuellement. La reconstruction partielle des quais et des installations n’a pas permis un retour complet à la performance pré-crise. Les équipements de manutention ont été réhabilités à seulement 60 % selon les dernières estimations de l’autorité portuaire.
Gouvernance et attractivité en question
Le cadre institutionnel du port reste incertain. La réforme de la gestion portuaire, attendue depuis 2021, n’a pas été adoptée. L’absence d’autorité portuaire unifiée, la coexistence de multiples agences de contrôle, et la faible transparence dans l’attribution des contrats entravent l’optimisation des flux logistiques. Le Liban n’a pas encore rejoint le programme de guichet unique portuaire automatisé recommandé par l’ONU, ni signé d’accords de connectivité régionale avec les hubs voisins tels que Port Saïd ou Mersin. Cette inertie limite l’attractivité de Beyrouth comme plateforme de transbordement pour le Levant.
Données essentielles sur le port de Beyrouth
Le port de Beyrouth est le premier port du Liban en volume de marchandises. En 2022, il avait traité environ 5,5 millions de tonnes de fret. Sa capacité nominale dépasse les 8 millions de tonnes annuelles, avec 16 quais et une zone logistique interne de 1,2 million de m². Depuis 2021, il est opéré sans plan directeur officiel ni société concessionnaire unique. Les droits portuaires sont fixés par décret, et les recettes brutes portuaires se sont établies à environ 180 millions USD en 2024.