Pardon de ne pas avoir été à tes côtés depuis le début, et aux côtés de la courageuse sœur de Georges Khoury, et du magnanime papa de Mohamed Youssef, et de tous les autres parents respectables des soldats libanais kidnappés par les terroristes. Pardon parce que nous sommes restés dans nos voitures vendredi dernier alors que les “super-héros” des FSI s’étaient mobilisés pour vous tabasser, par peur de vous, une trentaine de mamans et de papas, craints par un Etat inepte.
Pardon parce qu’on n’a pas bloqué toutes les routes dès les premières heures de l’enlèvement de Ali et de ses compagnons. Pardon parce qu’on n’a pas été nombreux à crier notre rage ni au martyr de Ali Sayyed, ni Mohammad Hammié ni Abbas Medlej… et qu’on regardait les fondamentalistes progresser et fleurir du Nord au Sud et tuer nos soldats sans mot dire … attitude à maudire …
Pardon parce qu’on n’a pas été des milliers à faire un sit-in devant la sale prison de Roumieh pour demander l’exécution des criminels condamnés à morts pour qui nos soldats ont été enlevés. Pardon parce que personne n’ose ni même se sent concerné pour dire que nous ne voulons pas nous immiscer à la guerre en Syrie ni par le Hezbollah ni par des jihadistes du Nord, et que nos frontières auraient dues être fermées depuis très longtemps.
D’ailleurs, à qui s’adresser ? A un chef d’état fantôme, à un parlement illégal formé de guignols qui geignent parce que 16 millions de salaire leurs sont insuffisants ? A un gouvernement illégitime de pantins articulés par leurs partis qui ne savent même pas ce qu’ils veulent ? A un chef d’Armée ne lorgnant que la magistrature suprême ? Au directeur de la sûreté générale qui ne sait plus où donner de la tête entre Beyrouth et Qatar ? A des religieux qui, après avoir fini leur déjeuner, attendent le dîner ? A une communauté internationale obsédée par la sécurité de l’état hébreu, par les fesses de Kim Kardashian ou par le sempiternel débat sur le sexe des anges ?
Pardon Zeinab Bazzal, parce que la société civile se limite à une dizaine de zélés partout les mêmes, lançant des tomates ici, tenant des bougies par là ou brandissant des drapeaux un peu plus loin ; à des joyeux lurons organisant des dîners bling-bling pour promouvoir leurs éventuelles prochaines candidatures aux législatives qui n’auraient jamais lieu, sous-couvert de lutte pour les droits des moustiques castrés ou pour la promotion de projets à buts caritatifs ; à 38 mille qui pavanent en tenue de sport le temps d’un marathon puis se clouent devant leurs pc pour changer le monde virtuel via Facebook ou Twitter. Sous prétexte que notre amour pour la vie dépasse nos malheurs et se traduit à nous affairer à poster nos selfies insipides, nos photos et nos blagues à quatre sous, à festoyer un peu partout et à se foutre de tout à coups de feux d’artifices ou de vulgaires narguilés… plutôt que d’être à vos côtés, pour tenter de récupérer les reliques de notre honneur de peuple libanais qui n’existe pratiquement plus …
Aujourd’hui, la seule manière de prouver que nous sommes un peuple capable d’être au moins du même niveau des rats – ces répugnants rongeurs que l’on méprise mais qui ont le mérite d’évoluer en communauté, mode de vie primordial et vital pour leur bien-être – est de bloquer demain toutes les routes, non seulement pour condamner l’exécution de Ali Bazzal, mais pour dire NON à tous ces presqu’hommes qui ont fait de nous au propre comme au figuré, des mange-merdes apathiques depuis des années, et de recouvrer l’honneur, le sacrifice et la loyauté des vrais soldats qui se battent sur le terrain et non derrière leurs bureaux, à nous sauver notre pays … Tousbihoun Aala Watan …