Ashraf Rifi, ancien ministre de la Justice et ancien commandant des Forces de Sécurité Intérieure (FSI), incarne une voix critique contre le Hezbollah et son influence dans les institutions publiques. Dans le contexte des consultations parlementaires pour former un gouvernement après l’élection présidentielle de Joseph Aoun, ses déclarations ont mis en lumière les tensions persistantes autour de la souveraineté nationale et de la gouvernance. Cependant, Rifi lui-même fait face à des accusations et des rumeurs qui compliquent son positionnement politique, ajoutant une couche de complexité à son rôle dans le paysage libanais.
Une critique constante de l’emprise du Hezbollah
Depuis plusieurs années, Ashraf Rifi dénonce ce qu’il considère comme une mainmise croissante du Hezbollah sur les institutions publiques libanaises. Il accuse cette organisation, soutenue par l’Iran, de détourner des ressources publiques, de bloquer des réformes cruciales et de compromettre la crédibilité internationale du Liban. Il critique également le rôle du Hezbollah dans des dossiers sensibles, comme la gestion des frontières et la contrebande, estimant que ces activités renforcent l’isolement du pays et aggravent la crise économique.
Ces critiques lui ont valu le soutien d’une partie de l’opposition et de certains partenaires internationaux. Cependant, ses prises de position sont perçues par ses adversaires comme polarisantes, alimentant les divisions confessionnelles et compliquant les efforts pour construire un consensus national.
Les accusations portées contre Ashraf Rifi
Ashraf Rifi n’échappe pas aux critiques, qui remettent en question sa crédibilité et son indépendance politique. En plus des accusations de servir des intérêts saoudiens et occidentaux, des rumeurs persistantes évoquent son implication dans des détournements de fonds lorsqu’il occupait le poste de commandant des Forces de Sécurité Intérieure (FSI). Ces allégations, bien que non prouvées, alimentent un discours critique contre lui, surtout dans les milieux proches du Hezbollah et de ses alliés.
Par ailleurs, Rifi est accusé d’avoir facilité des transferts d’armes à destination de rebelles syriens, dans le cadre du conflit en Syrie. Ces opérations auraient été réalisées avec le soutien tacite de services secrets occidentaux, dans le but de contrecarrer l’influence du régime syrien et de ses alliés, notamment l’Iran et le Hezbollah. Ces accusations, bien qu’elles restent non vérifiées, affaiblissent son discours de défense de la souveraineté nationale, ses adversaires l’accusant de privilégier des agendas étrangers aux dépens de l’intérêt libanais.
La place du Hezbollah dans les consultations parlementaires
Dans le cadre des négociations actuelles, Rifi a réaffirmé sa position ferme contre toute consolidation de l’influence du Hezbollah dans les institutions. Il appelle à une répartition des portefeuilles ministériels excluant cette organisation et ses alliés. Il soutient également l’idée d’un monopole de l’État sur la gestion des décisions publiques, afin de renforcer les institutions nationales et d’assurer une gouvernance transparente.
Cette posture se heurte toutefois à la réalité des rapports de force au Liban. Le Hezbollah et ses alliés disposent d’un poids parlementaire significatif, leur permettant d’influencer la répartition des ministères stratégiques. Rifi, bien que soutenu par des forces de l’opposition et des partenaires régionaux comme l’Arabie saoudite, reste limité par son poids politique et les réalités institutionnelles.
Le soutien des partenaires régionaux et internationaux
La position de Rifi bénéficie du soutien tacite de partenaires internationaux, notamment l’Arabie saoudite, qui cherche à contrer l’influence de l’Iran au Liban. Ces puissances voient en Rifi une figure capable de représenter les intérêts sunnites et de rééquilibrer le paysage politique en limitant l’influence du Hezbollah. Ce soutien, bien que discret, renforce sa position dans les cercles d’opposition et auprès d’une partie de la population.
Les États-Unis et la France partagent également des préoccupations similaires concernant le rôle du Hezbollah dans la gouvernance libanaise. Ces puissances, qui conditionnent leur aide économique et diplomatique à la mise en œuvre de réformes, surveillent de près les consultations parlementaires et les nominations ministérielles. Rifi s’inscrit dans cette dynamique en appelant à un renouveau institutionnel et à une rupture avec les pratiques passées.
Un discours sous le feu des critiques dans un contexte fragile
Malgré son rôle clé dans l’opposition, les accusations visant Ashraf Rifi pèsent sur sa crédibilité et sur sa capacité à rassembler. Ses adversaires, notamment les blocs proches du Hezbollah, utilisent ces accusations pour affaiblir son discours. Les allégations de détournements de fonds et de trafics d’armes, même non prouvées, sont régulièrement évoquées pour remettre en question son intégrité et son indépendance.
Par ailleurs, ses prises de position fermes contre le Hezbollah sont perçues par certains comme exacerbant les tensions confessionnelles. Dans un contexte politique déjà instable, ce type de discours risque de compliquer davantage les efforts pour parvenir à un consensus, essentiel pour stabiliser le pays.
Un rôle central dans l’opposition libanaise
Malgré ces défis, Ashraf Rifi reste une figure influente de l’opposition libanaise. Son discours sur la souveraineté nationale, la transparence et la lutte contre la corruption trouve un écho auprès d’une partie des citoyens, fatigués par des années de crise. Il incarne une vision d’un Liban recentré sur l’État et libéré des influences extérieures non étatiques.
Cependant, son rôle dans les consultations parlementaires actuelles sera déterminant pour son avenir politique. Sa capacité à mobiliser les forces de l’opposition et à influencer les négociations gouvernementales pourrait définir son impact sur le futur paysage politique libanais.