Les deux fautes stratégiques majeures du Mouvement National Palestinien

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«Ceux qui peuvent vous faire croire à des absurdités peuvent vous faire commettre des atrocités». Voltaire

Le Mouvement National Palestinien est l’unique Mouvement de LibĂ©ration Nationale au Monde Ă  avoir commis deux fautes stratĂ©giques Ă  l’effet de le projeter dans une impasse tragique, au point de dĂ©naturer son combat, en dĂ©pit d’un lourd tribut payĂ© Ă  la reconnaissance de la lĂ©gitimitĂ© de sa cause, en dĂ©pit du bien fondĂ© de sa revendication.

1ÈRE FAUTE: LA RENONCIATION À LA LUTTE ARMÉE DE L’OLP

En partenariat avec Madaniya.info – La renonciation Ă  la lutte armĂ©e avant la satisfaction de ses objectifs nationaux, autrement dit la rĂ©pudiation guĂ©rilla, la marque de fabrique des guerres de LibĂ©ration, un des fondements du combat national, a constituĂ© la premiĂšre faute majeure, rendant le mouvement palestinien captif de l’agenda des parrains d’Oslo, les États Unis. Cette dĂ©cision a Ă©tĂ© prise par le chef de l’OLP, Yasser Arafat, en personne, dans la foulĂ©e des accords israĂ©lo-palestiniens d’Oslo en Octobre 1993, sans que cet arrangement, circonstance aggravante, ne soit assorti de mesures coercitives quant Ă  la mise en Ɠuvre d’un calendrier d’application de l’accord devant dĂ©boucher sur l’édification d’un État Palestinien indĂ©pendant.

2ÈME FAUTE: LA DÉRIVE STRATÉGIQUE DU HAMAS LORS DE LA GUERRE DE SYRIE (2011-2017).

La dĂ©cision du Hamas de privilĂ©gier une alliance avec les pĂ©tromonarchies, sur une base sectaire, en reniant ses anciens frĂšres d’armes, -la Syrie, l’Iran et le Hezbollah libanais, pourtant artisans de sa propulsion militaire-, a constituĂ© une dĂ©rive rarissime dans les annales des guerres de libĂ©ration nationale, en mĂȘme temps qu’un acte d’ingratitude absolu mettant en question la crĂ©dibilitĂ© politique du mouvement et la pertinence de son apprĂ©ciation des rapports de force rĂ©gionaux. Cette aberration idĂ©ologique explique la suspicion et la perplexitĂ© que le Hamas projette parmi les nombreux sympathisants de la cause palestinienne Ă  travers le Monde.

Si l’Iran et le Hezbollah Libanais on dĂ©cidĂ© de rĂ©cupĂ©rer la «brebis galeuse» pour les nĂ©cessitĂ©s du combat, la Syrie, qui avait offert l’hospitalitĂ© au chef du Hamas Khaled Mecha’al pendant quinze ans et armĂ© ses combattants notamment le camp palestinien du Yarmouk, banlieue de Damas, s’est refusĂ©e Ă  passer l’éponge sur ce qu’elle a qualifiĂ© de «trahison». L’AlgĂ©rie, elle, paraĂźt rĂ©ticente Ă  offrir l’hospitalitĂ© aux dirigeants d’un mouvement hybride, au comportement alĂ©atoire, jouant de sa double sensibilitĂ© de mouvement de libĂ©ration palestinien et de branche palestinienne de la ConfrĂ©rie des FrĂšres Musulmans. Alger craindrait le zĂšle prosĂ©lyte de ces islamistes palestiniens et leur osmose avec les islamistes algĂ©riens dont l’AlgĂ©rie en a lourdement pĂąti au cours de la «noire dĂ©cennie» (1990-2000).

1- LE PIÈGE DU PROCESSUS DE PAIX.

La stratĂ©gie israĂ©lo-amĂ©ricaine a visĂ©, d’une part, Ă  rompre le « Front Arabe Â» dans une nĂ©gociation globale sur la totalitĂ© du contentieux israĂ©lo-arabe, en dĂ©coupant le processus par tranches, en fonction des besoins spĂ©cifiques des IsraĂ©liens et des AmĂ©ricains Ă  l’égard de l’état arabe concernĂ©; A donner, d’autre part, une caution juridique Ă  un rapport de force favorable Ă  l’État HĂ©breu, en modulant les exigences israĂ©liennes en fonction du momentum stratĂ©gique de la conjoncture rĂ©gionale.

Ainsi le refus israĂ©lien de nĂ©gocier a Ă©tĂ© imputĂ©, dans un premier temps, Ă  l’absence d’interlocuteurs arabes ou palestiniens; dans un deuxiĂšme temps, les pourparlers ont Ă©tĂ© subordonnĂ©s Ă  la prĂ©sence de nĂ©gociateurs palestiniens agrĂ©es par IsraĂ«l, seul cas diplomatique oĂč l’ennemi choisit les nĂ©gociateurs adverses. Dans un troisiĂšme temps, au refus de faire de la Palestine une base soviĂ©tique; dans un quatriĂšme temps, au refus de faire de Gaza, une base islamiste; dans un cinquiĂšme temps, au refus de faire de Gaza une base iranienne. Des prĂ©alables assortis de conditions maximalistes, notamment la mise en confiance d’IsraĂ«l par la normalisation avec les pĂ©tromonarchies du Golfe, des États sous la coupe militaire de l’Otan, dĂ©criĂ©s et fragilisĂ©s par leur guerre fratricide.

2- L’ANALYSE D’ASSAAD ABOU KHALIL (JOURNAL LIBANAIS AL-AKHBAR): UNE REFONDATION DU MOUVEMENT NATIONAL PALESTINIEN AU DELÀ DU FATAH ET DU HAMAS.

RĂ©agissant Ă  l’analyse des deux experts palestiniens parus dans The New Yorker, l’universitaire amĂ©ricain d’origine libanaise, Assaad Abou Khalil, animateur du blog http://angryarab.blogspot.fr/ par ailleurs contributeur du journal Libanais «Al Akhbar», leur reproche leur engouement incompressible envers le processus de paix.

Ci joint les principaux passages de son analyse, dont la version intégrale en arabe pour le locuteur arabophone se trouve sur ce lien:
http://www.al-akhbar.com/node/281665

«L’ennemi ne veut pas de Mahmoud Abbas car il n’est pas en mesure de satisfaire ses desiderata. Que vaut un traitĂ© de paix conclu par un dirigeant dĂ©monĂ©tisĂ© ?, Ă©crit le politologue libano-amĂ©ricain se rĂ©fĂ©rant aux confidences de Jared Kuschner, gendre du prĂ©sident amĂ©ricain Donald Trump, mettant en doute l’utilitĂ© du processus de paix, confirmant par lĂ -mĂȘme le fait que « l’administration Trump est la plus sioniste de l’histoire amĂ©ricaine Â».

«Du plan Rogers, en 1970, (du nom de William Rogers, secrĂ©taire d’état de Richard Nixon), au processus de paix d’Oslo (1993), soit 23 ans, l’objectif apparent des États Unis a Ă©tĂ© de donner aux États arabes l’impression que les AmĂ©ricains Ă©taient soucieux d’instaurer la paix au Moyen Orient. Mais ce stratagĂšme visait en fait par effet d’usure Ă  entraĂźner les Arabes Ă  souscrire Ă  un traitĂ© de paix Ă  des conditions avantageuses pour l’État HĂ©breu.

«Sous couvert d’une recherche de la paix, les États Unis font du zĂšle lors des dĂ©faites arabes, comme ce fut le cas lors de la signature du TraitĂ© de Paix israĂ©lo-libanais, mort-nĂ©, en 1983, Ă  la suite de la destruction du sanctuaire libanais de l’OLP). Ou pour obtenir la caution arabe Ă  des Ă©quipĂ©s impĂ©riales contre les pays arabes, comme ce fut le cas lors de la confĂ©rence de Madrid en 1990, dans la foulĂ©e de la premiĂšre invasion amĂ©ricaine de l’Irak, ou la confĂ©rence d’Annapolis, en 2007, dans le prolongement de la deuxiĂšme invasion amĂ©ricaine de l’Irak. Le show diplomatique et mĂ©diatique offert aux arabes en cette occasion paraĂźt destinĂ© Ă  les amadouer, en flattant la vanitĂ© des dirigeants. Mais Washington se dĂ©sintĂ©resse du processus aussitĂŽt ses objectifs atteints.

3- LE VIRAGE SIONISTE DE BILL CLINTON (1993-2001).

«Il Ă©tait de tradition au sein de l’administration amĂ©ricaine, qu’elle soit rĂ©publicaine ou dĂ©mocrate, que la gestion des affaires du Moyen-orient soit confiĂ©e Ă  des arabisants, dont la politique Ă©tait naturellement prĂ©alablement dictĂ©e par le CongrĂšs amĂ©ricain sous l’influence du lobby juif amĂ©ricain.

«Bill Clinton a mis fin Ă  cette tradition en vigueur aussi bien au DĂ©partement d’État, qu’au dĂ©partement de la DĂ©fense qu’au sein des services de renseignements amĂ©ricains (CIA), confiant la totalitĂ© du dossier au lobby sioniste dans ses deux versions, rĂ©publicaine et dĂ©mocrate, notamment Denis Ross, Aaron Miller et Martin Indyk.

NDLR (((Denis Ross, chef nĂ©gociateur des pourparlers de paix Ă  Camp David, est Directeur de l’Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient (WINEP – Washington Institute for Near East Policy), un groupe d’experts pro-israĂ©lien crĂ©Ă© par le ComitĂ© des Affaires Publiques AmĂ©ricano-israĂ©liennes (AIPAC– American IsraĂ«l Public Affairs Committee).

Aaron Miller, adjoint de Denis Ross aux nĂ©gociations, a publiquement critiquĂ© son supĂ©rieur, l’accusant de se faire l’avocat des IsraĂ©liens» plutĂŽt que de faciliter un compromis, dans le meilleur intĂ©rĂȘt de l’AmĂ©rique.

Martin Indyk, citoyen juif australien, a Ă©tĂ© naturalisĂ© amĂ©ricain en 1993 et immĂ©diatement nommĂ© ambassadeur des États Unis en IsraĂ«l. Fondateur du WINEP, une branche du lobby juif amĂ©ricain, il a cumulĂ© les fonctions d’Ambassadeur des États-Unis en IsraĂ«l avec le poste d’adjoint au SecrĂ©taire d’État pour les Affaires proche-orientales. Il est rĂ©putĂ© pour son soutien inconditionnel Ă  la politique gouvernementale israĂ©lienne))).

«Oslo a transformĂ© le Fatah en instrument docile de la stratĂ©gie amĂ©ricaine. Denis Ross poussait l’outrecuidance jusqu’à exiger de la dĂ©lĂ©gation palestinienne de dĂ©gager les nĂ©gociateurs qui n’avaient pas l’heur de lui plaire. Yasser Arafat s’est rendu compte un peu tard de son erreur et a cherchĂ©, via les Brigades d’Al Aqsa, Ă  maintenir viable l’option de la lutte armĂ©e. Mahmoud Abbas, lui, a Ă©tĂ© plus loin que Yasser Arafat, jugulant toute forme de lutte armĂ©e non seulement dans les rangs du Fatah mais Ă©galement au sein des autres formations palestiniennes.

«Toute une gĂ©nĂ©ration de Palestiniens ignore la lutte armĂ©e. Elle n’en a connaissance qu’à travers le rĂ©cit des anciens.

«Lorsque Mahmoud Abbas menace de suspendre la coordination sĂ©curitaire entre Palestiniens et IsraĂ©liens, IsraĂ«l se moque de lui sachant pertinemment que la menace est inopĂ©rante car la coordination sĂ©curitaire israĂ©lo-palestinienne, soutient l’auteur, se fait, au premier chef dans l’intĂ©rĂȘt du dirigeant palestinien qui le protĂšge de la colĂšre de son peuple et des actes de violence dont il pourrait ĂȘtre la cible, d’autant plus que la totalitĂ© des points de passage de l’État palestinien sont sous contrĂŽle israĂ©lien.

Les attaques au couteau et Ă  la voiture bĂ©lier, dont la scĂšne israĂ©lienne en est le thĂ©Ăątre ne relĂšve pas d’une stratĂ©gie frontale contre l’ennemi en vue de modifier les rapports de force. Elle s’apparente Ă  des coups de canifs dans le corps d’un colosse. Si elle saigne l’adversaire, elle sont loin de lui infliger une hĂ©morragie fatale. Elles traduisent, en tout Ă©tat de cause, une forme de rĂ©sistance du dĂ©sespoir.

4 – HAMAS, UNE IMPASSE ENCORE PLUS GRANDE.

Les contradictions du Hamas

«Hamas vit une impasse plus grande que le Fatah. Yasser Arafat savait se jouait des contradictions des rĂ©gimes arabes et en tirer profit Ă  son avantage jusqu’à sa tentative de mĂ©diation dans le conflit Irak-KoweĂŻt, qui l’a projetĂ© dans l’isolement le plus complet.

«1Ăšre contradiction: «TrĂšs proche de la Syrie et l’Iran, la branche palestinienne de la ConfrĂ©rie des FrĂšres Musulmans s’est brusquement rangĂ©e du cĂŽtĂ© du Qatar, qui abrite la plus importante base amĂ©ricaine du tiers monde, pour des raisons exclusivement sectaires.

Un mouvement de libĂ©ration nationale qui rĂ©pudie ses frĂšres d’armes pour procĂ©der Ă  un alignement sectaire, sur la base de la religion, cesse ipso facto d’ĂȘtre un mouvement de libĂ©ration nationale.

«2me contradiction: «Hamas a refusĂ© Oslo, mais a nĂ©anmoins participĂ© Ă  des Ă©lections lĂ©gislatives rĂ©gies par les accords d’Oslo. Quelle valeur revĂȘt une Ă©lection Ă  l’ombre des baĂŻonnettes de la puissance occupante? Les Ă©lections lĂ©gislatives doivent elle se dĂ©rouler Ă  l’ombre d’une puissance occupante ou intervenir aprĂšs la libĂ©ration du territoire de la puissance occupante?

«3me contradiction: «Le nouveau programme politique adoptĂ© par le Hamas en juin 2017 maintient la revendication sur la totalitĂ© du territoire de la Palestine sous mandat britannique, mais accepte nĂ©anmoins d’édifier un Ă©tat sur les frontiĂšres de 1967.

«4me contradiction: Hamas enfin clarifie ses rapports avec les Juifs, alors que la prĂ©cĂ©dente mouture de son programme se rĂ©fĂ©rait explicitement au «Protocole des Sages de Sion», -«un faux document avĂ©ré». Mais alors pourquoi le mouvement islamiste palestinien n’a-t-il pas clarifiĂ© ses rapports avec ses proches, les Chiites, les Alaouites et les ChrĂ©tiens.? Une clarification d’autant plus nĂ©cessaire que le Hamas a sombrĂ© dans un discours sectaire lors de la sĂ©quence dite du «printemps arabe».

Il en rĂ©sulte que le nouveau programme politique du Hamas constitue «un blanc seing accordĂ© au Qatar dans son approche vis Ă  vis de son environnement rĂ©gional et Ă  l’égard des pays occidentaux».

5 – UNE RÉFORME DE L’OLP DE L’INTÉRIEUR EST IMPOSSIBLE.

«Plus aucune formation palestinienne ne se consacre pleinement et effectivement au combat pour la libĂ©ration de la Palestine, sĂ©quence unique dans les annales des guerres de libĂ©ration. Certes le Hamas a livrĂ© de courageuses batailles pour la dĂ©fense de Gaza, mais son emprise sur l’enclave l’a contrainte, paradoxalement, Ă  respecter les frontiĂšres internationales de son ennemi.

«Le Fatah jugule la lutte armĂ©e en Cisjordanie et Hamas Ă  Gaza, alors que les camps de rĂ©fugiĂ©s palestiniens du Liban Ă  EĂŻn el HĂ©louĂ©, banlieue de Saida (Sud-Liban), et Nahr El Bared, banlieue de Tripoli (Nord-Liban) ainsi que le camp de Yarmouk, banlieue de Damas (Syrie), sont gangrenĂ©s par des guerres confessionnelles et par la guerre inter factionnelle de Syrie. Il est donc impossible de rĂ©former l’OLP de l’intĂ©rieur.

6 – VERS LA CONVOCATION D’UNE NOUVELLE CONSTITUANTE RÉVOLUTIONNAIRE.

«Il importe donc de convoquer une nouvelle constituante en vue d’élire une nouvelle instance rĂ©volutionnaire avec pour mandat de relancer la guerre de libĂ©ration nationale et pour mission de constituer de nouvelles unitĂ©s combattantes tirant profit des expĂ©riences du passĂ©.

«Ce nouveau mouvement rĂ©volutionnaire constituera un antidote au sentiment de dĂ©sespoir et de rĂ©signation qui s’est emparĂ© du peuple palestinien et Ă  l’abandon de la cause palestinienne par les rĂ©gimes arabes.

Tous les états arabes ont souscrit à la capitulation aux conditions dictées par le lobby israélo-américain.

7 – LES CONDITIONS D’UNE REFONDATION.

«La refondation doit s’inspirer de la prĂ©cĂ©dente expĂ©rience de Georges Habbache et de Waddih Haddad, les deux co-fondateurs du Mouvement Nationaliste Arabe (MNA), de tendance nassĂ©rienne, puis du Front Populaire pour la LibĂ©ration de la Palestine (FPLP), d’obĂ©dience marxiste, qui ont vouĂ© leur vie Ă  la libĂ©ration de la Palestine.

«Georges Habbache et son adjoint Waddih Haddad ont tout de suite pris la mesure de l’incapacitĂ© des Ă©lites Ă  mener une rĂ©volution, s’employant Ă  constituer de petites cellules combattantes au sein des camps de rĂ©fugiĂ©s palestiniens de Jordanie et du Liban, le terreau de la rĂ©volution.

«Le nouveau mouvement de LibĂ©ration National Palestinien, Ă  tonalitĂ© rĂ©volutionnaire, devra se dĂ©gager du passif lĂ©guĂ© par les prĂ©cĂ©dents dirigeants palestiniens depuis Hajj Amine Al Husseini, Mufti de JĂ©rusalem, dans la dĂ©cennie 190-1950,Ă  nos jours, en passant par le passif lĂ©guĂ© par le bureaucrate Ahmad Choukeiry, premier prĂ©sident de l’OLP et ses successeurs Yasser Arafat et Mahmoud Abbas. Il se devra de se dĂ©gager des contraintes d’Oslo, qui fut un processus de paix sans fin et sans objet, et, veiller Ă  crĂ©er les conditions d’une nouvelle conduite rĂ©volutionnaire.

ÉPILOGUE

Le Hezbollah libanais, le parfait contre exemple du Hamas et du Fatah.

Vainqueur face Ă  IsraĂ«l au Liban et en Syrie dans la dĂ©fense de l’intĂ©gritĂ© de ce pays qui constitue son hinterland stratĂ©gique, le Hezbollah libanais apparaĂźt comme le parfait contre exemple du Hamas et du Fatah.

Sa dissuasion asymĂ©trique, fondĂ©e sur une riposte balistique, a constituĂ© une novation dans la stratĂ©gie militaire contemporaine. Le Hezbollah a ainsi modifiĂ© les rĂšgles du combat dans sa confrontation avec IsraĂ«l, une puissance nuclĂ©aire crĂ©ditĂ©e parmi les plus grandes armĂ©es de l’HĂ©misphĂšre Sud.

En obtenant le dĂ©gagement militaire israĂ©lien du Liban sans nĂ©gociation ni traitĂ© de paix, en 2000, la formation chiite a propulsĂ© le Liban Ă  la fonction de curseur diplomatique rĂ©gional, et, dans l’histoire du conflit israĂ©lo-arabe, le standard libanais au rang de valeur d’exemple, tant cet exploit a revĂȘtu dans la mĂ©moire collective arabe un impact psychologique d’une importance comparable Ă  la destruction de la ligne Bar Lev, lors du franchissement du Canal de Suez, lors de la guerre d’octobre 1973.

RĂ©cidiviste huit ans plus tard, le Hezbollah initiera, face Ă  la puissance de feu de son ennemi et Ă  l’hostilitĂ© quasi gĂ©nĂ©rale des monarchies arabes, une nouvelle mĂ©thode de combat, concevant un conflit mobile dans un champ clos, une novation dans la stratĂ©gie militaire contemporaine, doublĂ©e d’une audacieuse riposte balistique, Ă  la grande consternation des pays occidentaux et de leurs alliĂ©s arabe.

Vainqueur face Ă  IsraĂ«l et en Syrie, le Hezbollah libanais apparaĂźt comme le parfait contre exemple du Hamas et du Fatah, l’un des plus prestigieux mouvements de libĂ©ration du tiers monde Ă  l’exemple des Barbudos cubains, des Vietcongs et du FNL algĂ©rien, l’ultime digue de retenue face Ă  une capitulation gĂ©nĂ©ralisĂ©e du Monde arabe.

L’histoire du Monde arabe abonde de ces exemples de «fusibles» magnifiĂ©s dans le «martyr», victimes sacrificielles d’une politique de puissance dont ils auront Ă©tĂ©, les partenaires jamais, les exĂ©cutants fidĂšles, toujours. Dans les pĂ©riodes de bouleversement gĂ©ostratĂ©gique, les dĂ©passements de seuil ne sauraient se franchir dans le monde arabe sans dĂ©clencher des rĂ©pliques punitives.

Le Roi Abdallah 1er de Jordanie, assassinĂ© en 1948, le premier ministre irakien Noury SaĂŻd, lynchĂ© par la population 10 ans aprĂšs Ă  Bagdad, en 1958, ainsi que son compĂšre jordanien Wasfi Tall, tuĂ© en 1971, le prĂ©sident Ă©gyptien Sadate en 1981, le prĂ©sident libanais Bachir Gemayel, dynamitĂ© Ă  la veille de sa prise du pouvoir en 1982, l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri en 2005, les deux vecteurs d’accompagnement mĂ©diatique de la stratĂ©gie atlantiste au Moyen orient, –les journalistes du quotidien libanais An Nahar GĂ©brane TuĂ©ni et Samir Kassir–, enfin l’ancien premier ministre du Pakistan Benazir Bhutto en 2007, constituent Ă  cet Ă©gard les plus illustres tĂ©moins posthumes de cette rĂšgle non Ă©crite des lois de la polĂ©mologie si particuliĂšre du Moyen-Orient.

Au mĂ©pris des usages internationaux les plus Ă©lĂ©mentaires, Yasser Arafat, pourtant titulaire du Prix Nobel de la Paix pour Oslo, sera confinĂ© dans son rĂ©duit de Ramallah, placĂ© en rĂ©sidence surveillĂ©e, mais le tandem malĂ©fique responsable de cette infamie, Ariel Sharon-George Bush jr, connaĂźtra une sortie d’histoire peu glorieuse. L’IsraĂ©lien sombrera dans un coma, symbolique de sa politique agressive et terminera sa vie en «lĂ©gume», alors que l’AmĂ©ricain sera gratifiĂ© du titre accablant de «pire prĂ©sident de l’histoire des États Unis».

Tels pourraient ĂȘtre les enseignements majeurs de cette sĂ©quence dont la principale victime aura Ă©tĂ© la juste cause du peuple palestinien; la derniĂšre entreprise coloniale occidentale du XX me siĂšcle. Un point noir indĂ©lĂ©bile sur la conscience occidentale.

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ReneNaba
RenĂ© Naba | Journaliste, Ecrivain, En partenariat avec https;//www.Madaniya.info Français d’origine libanaise, jouissant d’une double culture franco arabe, natif d’Afrique, juriste de formation et journaliste de profession ayant opĂ©rĂ© pendant 40 ans au Moyen Orient, en Afrique du Nord et en Europe, l’auteur dont l’expĂ©rience internationale s’articule sur trois continents (Afrique Europe Asie) a Ă©tĂ© la premiĂšre personne d’origine arabe Ă  exercer, bien avant la diversitĂ©, des responsabilitĂ©s journalistiques sur le Monde arabo-musulman au sein d’une grande entreprise de presse française de dimension mondiale.

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