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Explosion des prix au Liban : les produits de base deviennent inaccessibles

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En juin 2025, l’explosion des prix des produits de base plonge la majorité des ménages libanais dans une précarité extrême. La flambée de l’inflation, conjuguée à l’effondrement de la livre libanaise, transforme l’accès à la nourriture, aux soins et à l’énergie en véritable défi quotidien. Les supermarchés sont devenus le théâtre d’une crise sociale où se cristallisent les frustrations accumulées contre un système économique à bout de souffle.

Des prix qui s’envolent, un pouvoir d’achat pulvérisé

Selon les chiffres compilés dans les rapports économiques de la presse du 5 juin 2025, le prix du pain a augmenté de plus de 300 % par rapport à l’an dernier. Un paquet de pain libanais se vend désormais à 90 000 livres, alors qu’il coûtait à peine 20 000 livres un an auparavant. Le riz, l’huile, le sucre et le lait ont connu des hausses similaires, atteignant des niveaux inédits depuis 2019.

Dans les rayons des grandes surfaces de Beyrouth, les consommateurs doivent arbitrer entre l’achat de lait pour les enfants et celui de médicaments essentiels. La viande rouge, le poisson, et même certains légumes sont devenus inaccessibles pour les familles à revenu modeste. Les œufs, pourtant un substitut courant, ont vu leur prix tripler.

Cette envolée des prix est aggravée par la volatilité du taux de change : le dollar se négocie à plus de 89 500 livres sur le marché parallèle. Les importateurs répercutent immédiatement les fluctuations sur les produits de consommation, amplifiant l’effet de l’inflation.

Ruée sur les subventions et tensions dans la distribution

Face à cette situation, les mécanismes de subvention étatique sont quasiment à l’arrêt. Les anciennes listes de produits subventionnés ont été abandonnées ou vidées de leur substance. Les cartes de rationnement promises n’ont jamais été déployées à l’échelle nationale. Résultat : l’achat au prix fort est devenu la norme, accentuant les inégalités.

Dans certains quartiers, comme à Bourj Hammoud ou Hay el-Sellom, des files d’attente se forment dès l’aube devant les petits commerces pour acheter quelques produits encore abordables. Des scènes de tension sont signalées régulièrement. À Tripoli, un homme a été hospitalisé après une altercation liée à une livraison de lait subventionné.

Les chaînes de supermarchés réduisent les quantités de certains produits vendus par personne pour éviter la revente au marché noir. Cette pénurie organisée renforce le sentiment d’abandon. Une caissière à Hamra confie : « On nous insulte, on nous accuse de voler, mais nous subissons nous aussi les hausses. »

Les familles sous pression : témoignages de la crise

De nombreux foyers doivent supprimer un ou plusieurs repas quotidiens. À Saïda, une mère de quatre enfants explique qu’elle ne prépare plus que du riz nature, sans accompagnement. Les enfants souffrent de carences nutritionnelles évidentes. Le nombre de consultations pédiatriques liées à la malnutrition est en nette hausse, notamment dans les dispensaires des ONG.

Dans la Békaa, des agriculteurs réduisent leur propre consommation pour maintenir leurs activités agricoles. Ils dénoncent l’augmentation du prix des semences, des engrais et du carburant, qui rend la production de plus en plus difficile. « Ce n’est plus rentable de cultiver », déplore un producteur de pommes de Zahlé.

Les plus pauvres ne sont pas les seuls à souffrir. Même les anciens cadres ou les familles de classe moyenne ne parviennent plus à joindre les deux bouts. Les pensions de retraite, souvent versées en livres, ont perdu l’essentiel de leur valeur réelle. La fonction publique, en l’absence de toute indexation, voit ses agents basculer dans la pauvreté.

Une crise enracinée dans les déséquilibres structurels

La crise actuelle ne résulte pas uniquement de facteurs conjoncturels. Elle est le fruit d’un modèle économique basé sur l’importation massive et le crédit bancaire, devenu obsolète. Le Liban importe plus de 80 % de ses besoins alimentaires, sans politique agricole ou industrielle cohérente. En période de crise de change, cette dépendance devient létale.

Les experts s’accordent à dire que la politique monétaire reste inadaptée. La Banque du Liban continue d’injecter des liquidités pour stabiliser la livre, sans résultats tangibles. Le gouvernement de Nawaf Salam, contraint par l’absence de budget voté et la paralysie parlementaire, agit par décrets épars sans vision d’ensemble.

Les discussions avec le FMI stagnent. Le plan de réforme soumis n’inclut aucune mesure immédiate pour protéger le pouvoir d’achat. Pire : certaines propositions, comme l’augmentation de la TVA ou la levée des dernières subventions, pourraient aggraver la situation. Ce blocage rend tout plan d’urgence alimentaire irréaliste.

Les alternatives s’organisent : entraide et systèmes parallèles

Face à la carence de l’État, les initiatives locales se multiplient. Des associations religieuses, laïques ou communautaires organisent des distributions de nourriture, souvent financées par des dons de la diaspora. Des cuisines populaires voient le jour dans les quartiers les plus défavorisés.

Des réseaux d’échange de produits, en dehors du circuit monétaire classique, commencent à apparaître. Dans la montagne, certains pratiquent le troc : un litre d’huile contre des œufs, du sucre contre du pain. Ces mécanismes rappellent les années de guerre, mais ils montrent la résilience d’une société livrée à elle-même.

Dans certains quartiers de Beyrouth, des collectifs citoyens lancent des applications pour localiser les produits au meilleur prix, ou signaler les arnaques. Des commerçants acceptent d’écouler à prix réduit les invendus, en fin de journée. Mais ces efforts restent marginaux face à la gravité de la crise.

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Newsdesk Libnanews
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